France

L’espérance de vie en ville reste plus forte qu’à la campagne, selon une étude

Pour vivre vieux, vivons urbains. Cette adaptation du dicton pourrait être la conclusion d’une étude de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), confiée au géographe Emmanuel Vigneron. « Mise à jour » d’une étude précédente parue en 2020, et qui avait révélé un écart d’espérance de vie allant jusqu’à 2,2 ans en faveur des hommes habitant les zones très rurales par rapport à ceux du centre des grandes villes, elle montre une aggravation de cet écart depuis 30 ans, malgré une amélioration « conjoncturelle » liée à la forte létalité du Covid-19 en zone plus dense.

Alors que ruraux et urbains « étaient égaux en 1990, la situation observée dans les départements ruraux en 2022 est comparable à celle mesurée avant 2010 en milieu urbain : soit un retard de 15 ans ». Ce qui signifie qu’au cours des 30 dernières années, l’espérance de vie « s’est améliorée deux fois plus vite en ville qu’à la campagne ». L’accès au soin, facilité dans les villes par rapport aux déserts médicaux, est l’une des pistes pour expliquer cet écart.

Fortes disparités régionales

Ainsi dans le Puy-de-Dôme, l’indice comparatif de mortalité (ICM), de 91 à Clermont-Ferrand, ne cesse d’augmenter à mesure qu’on s’éloigne de la ville. L’étude souligne aussi des écarts « marqués entre départements ruraux et départements urbains ». A l’échelle des 1.666 bassins de vie, le facteur principal de risque de mortalité en France reste la géographie régionale, le nord enregistrant un ICM et un risque très supérieur à la moyenne nationale.

L’étude révèle aussi des « effets de bordure » avec des zones de surmortalité situées « aux limites des départements et très souvent aux marges des régions à cheval sur deux ou trois départements », zones qualifiées de « délaissées ». L’AMRF, qui alerte régulièrement sur les déserts médicaux, formule plusieurs propositions, comme faciliter l’installation des professionnels de santé en vue de leur meilleure répartition géographique. Au total, l’étude compte « 14.216 décès par an en plus dans les zones rurales que ce qui serait attendu si l’espérance de vie y était identique à celle des villes ».