France

Le cinéaste Ruben Östlund ne veut pas d’« un palmarès consensuel »

Ruben Östlund ne sera pas un président mollasson pour cette 76e édition du Festival de Cannes. « Je veux que tous les membres du jury s’expriment et je ne tolérerai pas que quelqu’un reste à ne rien dire dans son coin », a-t-il clamé ce mardi après-midi en conférence de presse. Les huit artistes qui l’entourent dans le jury savent à quoi s’en tenir. Maryam Touzani, Denis Ménochet, Rungano Nyoni, Brie Larson, Paul Dano, Atiq Rahimi, Damián Szifron et Julia Ducournau seront invités à exprimer leur avis en toute liberté, selon leur cœur, pour un vote final qui s’annonce a priori démocratique.

Pas de palmarès consensuel

« Je ne demande pas aux jurés de rivaliser en déclarations intellectuelles, je les invite même à dire des bêtises s’ils en ont envie. La seule chose que je ne veux absolument pas, c’est un palmarès consensuel », dit-il. Le réalisateur, doublement palmé pour les provocateurs The Square et Sans filtre, à l’intention de faire entendre une voix forte même s’il doit pour cela bousculer les règles du festival. « On arrivera peut-être à des combinaisons inédites pour le palmarès, tout dépendra des films Je veux que nos débats soient chaleureux et bruyants », a-t-il affirmé.

Julia Ducournau, lauréate de la Palme pour Titane en 2021, ne sera pas du genre à s’en laisser conter. « Donner la Palme est une responsabilité, dit-elle. Pas seulement du point de vue honorifique mais aussi parce que cela offre un tremplin colossal à un cinéaste qui va pouvoir continuer son œuvre dans de meilleures conditions. Cette récompense a du poids et du sens. » Ce n’est pas Ruben Östlund qui dira le contraire. « Ces trophées créent une relation unique entre un réalisateur et le public et un réalisateur et les médias, reconnaît-il. A titre personnel, je préférerais recevoir une troisième Palme d’or plutôt qu’un Oscar. »

Une chose semble établie. Le président sera intraitable au sujet des fuites et autres bruits de couloirs. « Nous serons le premier jury à rester discret, martèle-t-il il. Il n’est pas question que les publicistes puissent connaître le palmarès à l’avance. Nous garderons nos bouches fermées. » Le jury a d’ailleurs décidé de ne plus rien révéler. Pas même une impression quand un journaliste a risqué une question sur la présence de Johnny Depp à Cannes, pour Jeanne du Barry de Maïwenn, projeté en ouverture, mais hors compétition. « No comment » pouvait-on lire sur leurs lèvres fermées. Ces neuf-là ont l’air d’avoir du caractère. Il faudra attendre le 27 mai pour savoir ce qui les aura séduits.