Signes convictionnels à Anderlecht: Ecolo réagit suite à la divulgation du rapport controversé

Anderlecht: le rapport sur la base duquel Écolo a réclamé l’autorisation de signes convictionnels… ne préconisait nulle part leur autorisation

Les réactions politiques n’ont pas traîné. le MR a appelé à la démission de l’échevine anderlechtoise de l’Égalité des chances, Nadia Kammachi. « Ecolo s’est donc assis sur le rapport de l’administration qui ne lui convenait pas et a voulu passer en force sa motion en utilisant manifestement l’intimidation et le mensonge », a commenté Gaëtan Van Goidsenhoven, chef de file du MR et ancien bourgmestre d’Anderlecht.

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La présidente d’Ecolo en Région Bruxelles-Capitale a réagi ce samedi après-midi, parlant de « pseudo-mensonge ».

”Le processus de consultation interne à la commune a bien mis en évidence un risque de discrimination lié à l’interdiction du port des signes convictionnels”, écrit Marie Lecocq dans un communiqué. “Ce risque a été présenté au Collège communal, tenu informé du processus. C’est sur base de ce constat partagé que l’échevine en charge de l’égalité des chances Nadia Kammachi, saisie de la question, a proposé une évolution des règles en la matière. Comme l’ensemble du Collège, le partenaire de majorité socialiste a conclu au même risque puisqu’il a lui même déposé une motion visant l’approbation (Ndlr : l’amendement à la motion d’Ecolo, qui a finalement été voté) du principe d’autorisation du port des signes convictionnels, sauf dans des conditions à déterminer. Le PS a été rejoint en cela par d’autres groupes.”

Les agents de l’administration qui ont participé aux groupes de travail au sein de l’administration anderlechtoise ont effet souligné, dans le plan diversité envoyé au Collège communal anderlechtois en mai 2023, “le risque de discrimination à long terme” lié à la “non-représentation des femmes avec signes convictionnels” et le fait que le “port du foulard n’est pas autorisé”.

La recommandation d’autoriser l’ensemble des signes convictionnels dans l’administration ne figure toutefois à aucun moment dans les conclusion du rapport de ce “plan diversité.”

Le seul passage qui fait explicitement référence aux signes convictionnels se contente de fixer comme objectif la “poursuite d’une réflexion globale sur le port des signes convictionnels au sein de notre administration”. On est donc très loin d’une recommandation d’autorisation des signes convictionnels…

C’est pourtant bel et bien sur base de ce rapport que l’échevine de l’Égalité des chances, Nadia Kammachi (Ecolo), a justifié le contenu de la motion.

”Oui, on sort de la ligne régionale d’Écolo, mais nous innovons avec une proposition co-construite au niveau de l’administration. La méthodologie a été approuvée par un large groupe de travail composé de 37 travailleurs. Dans le rapport qu’ils ont remis figure l’autorisation des signes convictionnels”, avait-elle assuré le 28 novembre dans la Libre.

Rajae Maouane a tenu des propos similaires ce lundi dans la Dernière Heure, assurant que le dépôt de la motion anderlechtoise “n’est que la transposition des conclusions du rapport qu’ils (Ndlr : une quarantaine de personnes dans l’administration) ont produit.”

Précisons toutefois que l’interview s’est déroulée avant le vote par le conseil communal d’Anderlecht de la motion. Et que rien ne permet d’indiquer que la co-présidente d’Ecolo ait eu connaissance du contenu réel de ce rapport sur le plan diversité.

« Ils ne se retrouvaient pas dans le résultat »

Reste qu’il est erroné de prétendre que le dépôt de la motion se base sur les conclusions d’un rapport, dont les conclusions ont a d’ailleurs beaucoup frustré certaines des personnes qui avaient été invitées à participer à sa co-construction.

”Avant l’été 2023, lorsque le rapport diversité a été présenté à la haute hiérarchie de l’administration anderlechtoise, les agents qui ont participé aux groupes de travail ont exprimé le fait que ce rapport ne reflétait pas du tout les avis qu’ils avaient exprimés. Certains étaient vraiment choqués car l’idée était de co-construire une position, mais ils ne se retrouvaient pas dans le résultat”, indiquait une source bien informée, dans la Libre de samedi.

C’est en fait sur base de ces témoignages d’agents, et non du rapport de l’administration, que s’est construite la motion voulue par Nadia Kammachi, et Shahin Mohammad, chef de groupe Ecolo au conseil communal.

Un rapport qui, à l’heure d’écrire ces lignes n’avait toujours pas été remis aux conseillers communaux anderlechtois. La cheffe de groupe Les Engagés, Sofia Bennani, l’avait d’ailleurs regretté avec vigueur ce jeudi lors du dernier conseil communal.

Les élus de la commune ont donc voté une motion, rédigée sur base d’un rapport, sans avoir pu le consulter.

Au vu de la discordance indiscutable entre les propos de l’échevine anderlechtoise et le contenu réel du rapport, le refus persistant de Nadia Kammachi et du Collège anderlechtois de communiquer ce rapport aux conseillers communaux a de quoi interpeller…

Au PS, on voit la réaction écologiste comme une manière un peu désespérée de « mouiller » le PS.

« Ecolo s’est mis dans une très profonde ornière sur ce sujet« , nous glisse un socialiste. « Je me demande vraiment comment ils vont s’en sortir. »