Belgique

Le supplément de pension des députés “n’a rien d’illégitime”, estime l’ancien président de la Chambre, André Flahaut (PS)

La pension des députés, normalement plafonnée 7 813 euros brut par mois, peut donc atteindre 9 375 euros, soit une marge complémentaire de 1 562 euros, si leur situation personnelle permet d’atteindre ce niveau (par l’addition de la pension de député et de celle acquise dans d’autres fonctions ou métiers).

guillement

Je ne vois pas pourquoi quelque chose qui s’appliquait aux hauts fonctionnaires ne pouvait pas s’appliquer aux députés

”À l’époque, la décision qui a été prise par la Caisse de pension, où tous les partis sont représentés, était d’aligner la situation des députés sur celle des hauts managers des services publics fédéraux”, lesquels avaient droit à ce dépassement de 20 %, rappelle M. Flahaut.

Une décision légitime, selon lui ? “Mais oui, pourquoi pas ? Il n’y a rien d’illégitime à cela. Il y a des entreprises qui ont des caisses de pension aussi. La question est de savoir si c’est légal ou pas. La vérification est en cours et on constatera sans doute qu’il n’y a rien d’illégal.”

S’aligner plutôt que corriger

Les députés ont donc préféré s’aligner sur les top managers plutôt que corriger le système de ces derniers. “Mais les dispositions pour les hauts fonctionnaires avaient été prises dans une loi. Je ne vois pas pourquoi quelque chose qui s’appliquait aux hauts fonctionnaires ne pouvait pas s’appliquer aux députés, justifie l’ancien président de la Chambre. On constatera peut-être dans les PV de la Caisse de pension que des gens, qui disent aujourd’hui que c’est un scandale, étaient autour de la table à l’époque et n’ont rien dit.”

guillement

Certains instillent une espèce de doute, d’obscurantisme… On va bientôt nous prendre pour une secte.

Le bureau de la Chambre (son organe décisionnel) a décidé mercredi de supprimer le dépassement de 20 %. Par ailleurs, plusieurs partis, dont Écolo, demandent de revoir tout le statut du parlementaire, c’est-à-dire son système de rémunération.

”On doit réformer en profondeur le système de rémunération des parlementaires”

”On peut toujours réformer, réagit le socialiste, qui est encore député fédéral, mais à condition d’avoir une connaissance de ce qui se fait et de ne pas débarquer en télé en disant qu’il faut faire ceci ou cela. Que l’on mette cela sur la table et qu’on examine ce que l’on peut faire pour le futur, pourquoi pas. Ce qui est désagréable, c’est que certains instillent une espèce de doute, d’obscurantisme… On va bientôt nous prendre pour une secte ! Et attention, parce que “Faites ce que je dis, pas ce que je fais”, c’est une théorie que l’on retrouve souvent.”

La réussite de Léon Degrelle

”Faites ce que je dis, pas ce que je fais”… C’est exactement ce qui est reproché aux députés : s’être octroyés le droit de dépasser un plafond de pension qu’ils ont eux-mêmes fixé. “Oui, mais on peut regarder l’attitude des uns et des autres, réplique André Flahaut. On voit des donneurs de leçons, parce que ça porte de dire que les parlementaires sont des pourris. C’est comme cela que Léon Degrelle (ancien leader fasciste wallon, NdlR) a fait sa réussite. Au lieu de s’informer, de discuter, non, on fait des propositions en l’air et puis, un jour, on se ramasse.”

”On est inscrit dans une logique de destruction des institutions. Je reconnais que des gens ont donné le bâton pour se faire battre, mais ce qui se passe à la Chambre pour le moment s’apparente à une stratégie de déstabilisation.” À qui pense-t-il ? “Qui intervient surtout pour le moment ? Essentiellement les Flamands. Essentiellement la N-VA. Paradoxalement, le Vlaams Belang ne dit pas grand-chose parce qu’il sait très bien qu’il va en récolter les fruits. Et un jour on dira : “Ça (le pays, NdlR) ne fonctionne plus…” Ce qui se passe aujourd’hui me préoccupe au plus haut point.”