Belgique

Isabelle Hachez, nouvelle rectrice de l’université Saint-Louis-Bruxelles : « Mon projet institutionnel sera avant tout inclusif »

Professeure ordinaire à Saint-Louis où elle a mené toute sa carrière, Isabelle Hachez est spécialisée en droit constitutionnel et en théorie du droit. Avant de prendre ses nouvelles fonctions, elle souhaite mener à leur terme plusieurs projets de recherche en cours. “J’ai donc accepté sa demande d’assurer son remplacement jusqu’au 31 août 2024, explique dès lors Pierre Jadoul. Il est difficile de trouver aujourd’hui des gens qui acceptent de s’engager pour la collectivité au détriment de leurs propres intérêts.”

Il faut dire qu’Isabelle Hachez présente ses idées de façon très enthousiasmante. “Mon projet institutionnel sera avant tout inclusif, confie-t-elle. Le handicap constitue un de mes priorités principales.” En cela, l’ambition de la nouvelle rectrice colle à la réalité bruxelloise marquée par la diversité.

Pierre Jadoul (Université Saint-Louis) : “Il y a un vice structurel dans le financement de l’enseignement supérieur”

HachezIsa
HachezIsa ©HachezIsa

“Nous avons ici un large public qui a besoin de soutien pour coller à la réalité universitaire, dont 30 % d’étudiants boursiers. Et à la fois, nous accueillons une partie d’étudiants qui se lancent dans les cursus bilingues ou trilingues.” Le défi consiste à cultiver les différences. À tous points de vue. “À ce propos, une université inclusive ne se décline pas seulement sur la gamme des handicaps, mais par le biais d’autres enjeux contemporains : les migrants, les sans-voix, l’islam, la décolonisation, le développement durable, la démocratie participative et j’en passe…”

Une idée précise de la fusion

C’est d’ailleurs aussi à partir de l’inclusion que la future rectrice compte repenser l’institution bruxelloise à l’heure de la fusion avec l’UCLouvain (qui entrera en vigueur le 14 septembre 2023). À cette date, le mandat de recteur/rectrice de Saint-Louis-Bruxelles (alors assuré par Pierre Jadoul, comme expliqué plus haut) deviendra un titre de vice-recteur/vice-rectrice du site Saint-Louis Bruxelles au sein de l’entité fusionnée.

Déjà, Isabelle Hachez se fait une idée précise de cette union. “C’est la rencontre des uns et des autres qui font que 1+1 = 3, explique-t-elle, reprenant la formule de François Ost. Devant une fusion, 3 voies sont possibles. Celle de la fusion pure et dure, dans laquelle 1+1 = 1 : le site se dissout dans l’entité. Deuxième possibilité : celle d’une fusion-juxtaposition où 1+1 = 2 : il y aurait alors d’un côté l’UCLouvain et, de l’autre, Saint-Louis-Bruxelles, sans rencontre entre les deux. Je propose d’emprunter la troisième voie qui revisite la fusion au prisme de l’inclusion. Dans cette voie, 1+1 = 3 : il y a donc l’UCLouvain, Saint-Louis-Bruxelles, et ce qui résulte de la rencontre entre les deux.”

Une identité forte

Ce choix ambitieux nécessite une identité forte. “L’idée est de donner à l’autre l’envie de s’intéresser à Saint-Louis, université en sciences sociales et humaines logée au cœur de Bruxelles, et de découvrir les points forts d’une université de plus petite taille, comme le circuit court en matière de décisions par exemple.” On en revient au respect des spécificités de chacun pour le bénéfice de tous.

Pour y arriver, selon Isabelle Hachez, il faudra remplir plusieurs conditions. “D’abord, une administration solide sur le site bruxellois. Ensuite, des politiques inclusives concrètes. Lisa Waddigton, une experte reconnue dans le champ du handicap et de la non-discrimination recevra le titre de docteur honoris causa de notre université en mai. Elle a accepté de revenir en octobre pour travailler avec nous sur nos politiques et nos pratiques d’inclusion.”

Troisième condition : la création d’une fondation. “L’idée a été lancée par Pierre Jadoul au début de son mandat. Elle est en train de se concrétiser. Objectif : chercher des fonds supplémentaires.”

Dans ce contexte, la future rectrice et son équipe pourront remplir à leur façon les trois grandes missions de toute université. “Je souhaite redonner du temps pour la recherche. Trop souvent, c’est la variable d’ajustement, ce qui saute en premier quand on a trop à faire. Il lui faut un temps dédié, cela doit changer. Pour l’enseignement, l’accent continuera à être mis sur la lutte contre l’échec. Enfin, concernant le service à la société, il s’agira d’ouvrir les murs à des rencontres avec la société civile, autour des projets que nous portons.”

Isabelle Hachez a 47 ans. Cette maman de trois enfants (de 11 à 18 ans) n’a jamais quitté Bruxelles. Après avoir grandi à Schaerbeek, elle a déménagé vers Woluwe-Saint-Lambert. C’est à Saint-Louis qu’elle a fait son bachelier en droit, suivi d’un master à l’UCLouvain qu’elle termine par un échange interuniversitaire à l’université d’Ottawa (Canada). Avocate au Barreau de Bruxelles, elle a donné cours à temps partiel à Saint-Louis et l’UCLouvain, avant de décrocher une bourse du FNRS pour rédiger une thèse à Saint-Louis-Bruxelles où elle enseigne depuis plusieurs années.