Belgique

Inondations : comment la Wallonie veut redonner de la place à l’eau pour rendre la vallée de la Vesdre plus résiliente

Si en Brabant wallon et en Hainaut, la Direction des cours d’eau non navigables du Service Public de Wallonie (SPW) a tendance à privilégier la retenue d’eau par la création de zones d’immersion temporaire (ZIT), dans la vallée de la Vesdre, mortellement défigurée en 2021, l’heure est désormais à la “reconstruction résiliente”.

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À l’occasion du Sommet Climate Chance Europe 2024 Wallonie, premier sommet européen dédié à l’adaptation au dérèglement climatique, une visite de la vallée liégeoise était organisée en présence du SPW et de l’architecte-urbaniste Paola Viganò, coordinatrice du Schéma stratégique pour le redressement de la Vallée de la Vesdre.

Redonner de la place à l’eau

Passant par les communes de Chaudfontaine, Pepinster et Theux, la visite a démarré par un constat limpide énoncé par Sébastien Gailliez, directeur de la Direction des cours d’eau non navigables du SPW : “Toutes les vérités scientifiques sont tombées après les inondations de juillet 2021”.

Après le déluge des 14 et 15 juillet, c’est d’abord une phase de reconstruction d’urgence qui avait été enclenchée, “indispensable pour sécuriser les abords de la rivière” selon Sébastien Gailliez. Dans la précipitation et pour répondre à la panique des habitants encore traumatisés, “des erreurs ont pu être commises”, reconnaît-il, en précisant que ces erreurs sont “assumées”. “Nous avons fait au mieux avec ce que nous avions entre les mains comme informations et connaissances. La vallée était dans un terrible état.”

Deux ans plus tard, la phase d’urgence a désormais laissé place à la phase de reconstruction “résiliente”. Les projets sont de plus grande envergure, cherchent à dépasser la seule zone du lit mineur de la rivière pour prendre en compte tout le bassin-versant, et visent à diminuer l’impact des crues sur la vallée à long terme.

Plans et schémas détaillés sont là pour illustrer le travail qui attend désormais le SPW : reméandration (création de nouveaux méandres dans la rivière pour ralentir son débit), création de mares, extension du lit de la rivière, remise à ciel ouvert de pans de rivière enterrés. Tout peut se résumer en quelques mots : “Il faut redonner de la place à l’eau”.

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Les paysages de la vallée de la Vesdre vont évoluer

Sur le terrain, les actes sont déjà en cours. À Pepinster, les engins de chantier s’affairent à la destruction de maisons qui ont été expropriées après avoir été durement touchées par les inondations. À Chaudfontaine, une trentaine d’habitations le seront aussi prochainement. “On va refaire des berges naturelles à la place”, précise Sébastien Gailliez.

Cette phase de reconstruction, qui a démarré en 2023, devrait continuer jusqu’en 2027, “et plus tard si nécessaire”. De son côté, Paola Viganò déploie la vision du “Master Plan” qui doit guider la reconstruction de la vallée, avec pour principe majeur “l’utilisation de la catastrophe pour dessiner la transition écologique et sociale”.

L’architecte et urbaniste pointe notamment le rôle néfaste des zones monofonctionnelles imperméabilisées en amont de la vallée, ainsi que l’importance d’une mobilité douce et d’un bâti résistant aux crues. “Les paysages de la vallée de la Vesdre vont forcément évoluer. La coexistence avec la rivière ne doit plus seulement être vue comme un problème, mais aussi comme une opportunité.”

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