Belgique

Écolo est traité par le PS comme un petit frère pénible: les relations en dents de scie entre les socialistes et les Verts

La fin de la législature se complique pour les verts. Quel que soit le gouvernement dans lequel ils sont présents, les dossiers compliqués vont pourrir leur fin de législature. S’ajoute à cela la démission récente de la secrétaire d’État Sarah Schlitz. Lors du prochain scrutin, les Écolos vont-ils obtenir des résultats électoraux punitifs, comme à chaque fois qu’ils ont participé au pouvoir ?

Les écolos foncent-ils vers une catastrophe électorale de plus ?

On évoque souvent le comportement agressif du MR à leur égard, alors que les bleus siègent avec eux en Wallonie, à la Fédération Wallonie-Bruxelles et au fédéral. On parle moins souvent des rapports qu’entretiennent les verts avec le PS.

Depuis 1999 et la première participation écologiste au pouvoir, rien n’est simple entre deux partis que l’on place à gauche sur l’échiquier politique – même si tout le monde chez les verts n’aime pas être réduit à cela. On se souvient de la démission, en 2003, d’Isabelle Durant, vice-Première ministre, après que les partenaires des écologistes au fédéral eurent décidé de lui retirer ses compétences et de les confier à la socialiste Laurette Onkelinx. On se souvient aussi de la fameuse convergence des gauches de 2002 qui emporta les coprésidents d’Écolo de l’époque après une tentative de rapprochement avec le PS et qui fut perçue comme une OPA des socialistes par de nombreux élus et militants verts.

On se souvient encore de la coalition Olivier en Wallonie entre 2009 et 2014 où les écolos siégeaient en compagnie du CDH (devenu Les Engagés) et du PS. Les rapports entre verts et humanistes furent catastrophiques pendant toute la législature. Lors de celle qui suivit, les verts, renvoyés dans l’opposition, assistèrent sans rien pouvoir faire au détricotage de certains de leurs décrets par un CDH ravi de s’être débarrassé d’eux.

Le “Coquelicot”

En 2019, les écologistes sont revenus au pouvoir partout – fédéral, Wallonie, Bruxelles et Fédération Wallonie-Bruxelles. On se souvient de l’alliance rouge-verte en Wallonie où PS et Écolo avaient tenté de mettre en place le “Coquelicot”, une majorité composée des deux partis et soutenue par un partenaire extérieur, en l’occurrence le CDH ou le PTB. Cette tentative avortée avait un peu affaibli les deux initiateurs, qui durent se résoudre à négocier un accord de gouvernement avec le MR.

On pouvait cependant penser que la parade amoureuse entre les deux partis allait sceller un partenariat difficile à défaire par les libéraux. Or, de nouveau, Écolo est en difficulté. Comme s’il était un excellent marchepied pour le pouvoir avant de devenir un partenaire à abattre, du moins à contenir. Parce que leur côté moralisateur en matière de bonne gouvernance agace. Parce que leur manière de gérer leurs compétences ministérielles énerve.

Pour prendre l’exemple de la législature en cours, on constate en Wallonie que certaines décisions prises par les ministres écologistes sont lourdement attaquées par le MR. En coulisse, mais pas seulement. Le PS, lui, reste au balcon et compte les coups. Au fédéral, la secrétaire d’État Sarah Schlitz ne pouvait que démissionner. Néanmoins, le PS n’a pas hésité à mettre le petit coup de pied nécessaire. À Bruxelles, où le MR est dans l’opposition, le face-à-face entre PS et Écolo est plus évident, notamment sur le dossier de la friche Josaphat.

Le coup de gueule de Céline Fremault : “Le blocage du dossier Josaphat est indigne, une fois de plus, Ecolo a tous les culots, combinés à une amnésie”

Nollet, Magnette et l’écosocialisme

Certes entre les présidents Paul Magnette (PS) et Jean-Marc Nollet (Écolo), l’entente est plutôt bonne. Il n’empêche que certains choix du socialiste lors des dernières négociations au fédéral – les discussions discrètes avec la N-VA – auraient pu mettre à mal leurs bonnes relations. L’arrivée de l’écosocialisme défendu par Magnette dans un livre où il déplore l’écologie punitive n’est pas forcément de nature à renforcer la confiance, même si, lorsqu’ils débattent (dans La Libre, en janvier 2023, notamment), les positions se rapprochent. Et pour Nollet, Magnette est un peu seul au PS à défendre le concept.

Le prochain scrutin dira si le petit frère vert a grandi en gérant autrement ses rapports avec le grand rouge, sachant toutefois que le cousin rouge vif du PS est en embuscade. Un large succès du PTB, au prochain scrutin, remettra peut-être en selle le scotchage rouge-vert de 2019. Au sud du pays en tout cas.