Belgique

David Clarinval (MR) : “Je crois encore qu’une réforme fiscale est possible”

Il est vrai, mais je l’ai dit lors des quatre derniers conclaves consacrés à la réforme fiscale, que je n’étais pas d’accord avec la proposition sur la table. Pour moi, la diminution des impôts doit bénéficier aux travailleurs, à tous les travailleurs – indépendants y compris – et aux entreprises. Je ne suis pas le seul à le dire ou à le constater : il y a un problème de compétitivité des entreprises. Non seulement ce volet-là était trop faible mais en plus, du côté des financements, on est actuellement trop dans la taxation, et pas assez dans la création d’emplois. Bref, la proposition n’était pas assez équilibrée.

Vous y croyez encore à la réforme fiscale ?

Je ne dis pas que c’est terminé. Je crois encore qu’il y a une possibilité d’avoir une réforme mais des discussions seront nécessaires (un kern « fiscalité » est prévu dès ce samedi, 10h, NdlR). Il reste quelques mois… On a trouvé un accord sur le nucléaire, sur les pensions et je rappelle que l’objectif inscrit dans l’accord gouvernemental était de préparer la réforme. Mais peut-être peut-on encore y arriver, en octobre, dans le cadre de l’exercice budgétaire. Mais il faudra pour cela davantage travailler sur la diminution des dépenses et sur la création d’emplois.

Les coulisses d’un accord inespéré sur les Pensions

Vous pouvez être plus précis ? On vous a beaucoup entendu sur l’activation des chômeurs, et l’arrêt progressif des allocations au bout de deux ans, mais quid des autres mesures ?

Si on a un accord équilibré, on devrait pouvoir créer 15 000 emplois supplémentaires, en plus de ceux qui sont créés naturellement sur une année (entre 40 et 50 000, NdlR). Comme il y a beaucoup trop d’emplois disponibles qui ne sont pas rencontrés, l’activation est une thématique importante pour nous. Mais on met sur la table une quinzaine de mesures.

Par exemple ?

Il y a des mesures sur l’accompagnement des plans d’insertion sociale par les CPAS, la mise en place de sanctions pour certains chômeurs, je l’ai dit, et de mesures permettant de réduire les pièges à l’emploi. Peut-être, dans ce cadre-là, peut-on imaginer dans les prochaines années reproduire ce que l’on a fait avec l’enveloppe bien-être lors des dernières négociations de l’accord interprofessionnel (AIP), à savoir, relever le salaire minimum, et freiner un peu l’indexation des allocations sociales, pour valoriser davantage le travail. Créer des emplois supplémentaires, c’est pour nous une évidence pour financer la réforme fiscale. Mais on n’y est pas encore…

Par contre, sur les pensions, vous êtes finalement parvenus à un accord… C’était inattendu !

La clef, ça a été la nuit de samedi à dimanche dernier, quand le MR, et d’autres, ont fait passer le message au Premier ministre qu’il fallait peut-être changer de sujet. On tournait en rond (sur la réforme fiscale). Depuis près d’un an, MR et PS travaillaient à rapprocher les points de vue sur les pensions. J’ai en charge les pensions des indépendants, et avec la ministre Karine Lalieux (PS), on avait travaillé de façon à approcher d’un compromis. Et de fait, on a pu montrer que la Vivaldi pouvait encore engranger des résultats. Et honnêtement, l’effort de 0,5 % du PIB (sous la forme d’une réduction de dépenses, NdlR) décidé nous permettra de convaincre l’Europe pour obtenir les fonds de la relance – c’est ce que nous dit le secrétaire d’État Thomas Dermine (PS), et je le crois. Cet effort n’est en tout cas pas anodin.

Mais largement insuffisant dans une perspective de long terme…

Soyons de bons comptes, il faudra remettre l’ouvrage sur le métier lors de la prochaine législature. Personnellement, j’ai l’impression que dans le prochain gouvernement, on devrait pouvoir reparler du nombre d’années de carrière effective pour accéder à la pension anticipée. On est bien parvenu à un accord ici avec le nombre d’années effectives pour accéder à la pension minimum ; c’est une bonne base de travail, même si je pense qu’on peut aller plus loin.

guillement

Dans le prochain gouvernement, on devrait pouvoir reparler du nombre d’années de carrière effectif pour accéder à la pension anticipée.« 

Que pensez-vous de l’état de la Wallonie ? Theo Francken (N-VA) en a dressé un portrait plutôt sombre dans La Libre de mardi….

Je le rejoins sur son analyse concernant l’activation des chômeurs mais celle sur la Wallonie est caricaturale ; ça, je ne peux pas l’accepter. Il y a des différences culturelles et politiques importantes entre la Wallonie et la Flandre, mais elles amènent de la diversité. Et c’est de cette diversité que naissent des bassins de vie différents. On doit tenir compte des réalités des uns et des autres, et on ne reviendra pas en arrière sur la régionalisation, même si on a dit qu’on ne serait pas contre la refédéralisation de certaines matières. Je crois que la meilleure manière de répondre aux extrêmes, Vlaams Belang au Nord, PTB au Sud, sera d’engranger des résultats. De montrer que malgré ces différences, on peut parvenir à conclure des accords pour faire évoluer le pays. L’un des enjeux de la rentrée sera d’ailleurs de s’accorder sur un budget pour 2024.

Thomas Dermine (PS) répond à Theo Francken (N-VA) : “Les Wallons qui travaillent se lèvent plus tôt que les Flamands”