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Tunisie: trio d’enfer… inflation, récession et chômage – Actualités Tunisie Focus

A quelques mois des élections présidentielles, les chiffres et les statistiques ne disent rien de bon sur le bilan économique du président Kais Saied, au pouvoir depuis 5 ans. On ne peut pas dire le contraire…

Des données récemment publiées par l’INS (organisme d’Etat) montrent qu’au quatrième trimestre de 2023, le taux de chômage est passé à 16,4 % et le PIB réel s’est contracté de 0,2 %, laissant la croissance de l’année dans son ensemble à seulement 0,4 %.

En plus des documents budgétaires de 2024 montrant d’importants déficits non financés et des mesures récentes pour forcer la Banque centrale de Tunisie (la banque centrale) à financer directement le budget de l’Etat. Ce qui ne va pas arranger l’inflation, et donc plus de baisse du pouvoir d’achat des citoyens et des électeurs.

Les chiffres de la faible croissance et de l’emploi ajoutent au sentiment que la Tunisie s’enfonce chaque jour un peu plus profondément dans la crise économique.

Le bilan économique de Kais Saied

Élu depuis 5 ans, et ayant plein pouvoir, le citoyen ordinaire ne peut pas pardonner. La faible croissance et le chômage élevé confirment la très erratique gestion économique du président, Kaïs Saïed.

Ayant rejeté un programme du FMI provisoirement convenu à la fin de 2022, le président est en grande partie responsable des tensions économiques croissantes, en particulier des pénuries de biens subventionnés clés et du financement extérieur limité.

Une autre sécheresse en 2023 a été un facteur majeur à l’origine de la chute du PIB, car la production du secteur agricole a fortement chuté.

Mais même à l’exclusion de l’agriculture, la croissance n’était toujours estimée qu’à 1,6 %, les politiques peu orthodoxes, populistes et souvent anti-entreprises de M. Saïed dissuadant l’investissement et bloquent la création nette d’emplois.

Le chômage, un enjeu électoral!

Les statistiques les plus récentes ont estimé le nombre de chômeurs à plus de 667 000 au quatrième trimestre de 2023.

Le chômage des jeunes (des 15 à 24 ans) est passé à 40,9 %, et bien que le taux de chômage chez les diplômés universitaires ait légèrement diminué, il est resté élevé à 23,2 %.

Des taux de chômage obstinément élevés, combinés à des pressions sur le coût de la vie, augmentent le risque que le mécontentement social se transforme en manifestations et sont de mauvaises nouvelles pour M. Saïed alors qu’il se prépare à une élection présidentielle plus tard cette année.

Bien que la date précise de l’élection ne soit pas encore annoncée, M. Saïed a officiellement confirmé qu’elle aura lieu, probablement vers le mois d’octobre.

Nous nous attendons à ce que M. Saïed fasse tout ce qui est en son pouvoir pour réduire la probabilité qu’un adversaire crédible à sa candidature à la réélection émerge.

Cela continuera d’impliquer le harcèlement judiciaire de personnalités de l’opposition et les détentions sur des accusations présumées.

Tensions économiques

Sans aucun doute, les tensions économiques se poursuivent en 2024, exacerbées par un risque croissant que la Tunisie soit confrontée à une autre année de sécheresse.

Le EIU révise ses estimations de croissance à 0,4 % en 2023 conformément aux derniers chiffres du PIB, et examinera ses projections de croissance déjà faible de 1,1 % en 2024 lors de notre prochain cycle de prévisions.

Les risques continuent d’augmenter si aucun soutien financier extérieur accru ne se manifeste. Vu de l’extérieur, le pays glissera doucement et lentement dans une crise économique et financière majeure, aggravée par la récente initiative de forcer la banque centrale à financer le déficit budgétaire.

Economics for Tunisia, E4T