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Climat: la responsabilité des États sous la loupe de l’ONU – SWI swissinfo.ch

Des femmes transportent des biens récupérés dans leur maison inondée après les pluies de mousson, dans le district de Qambar Shahdadkot de la province de Sindh, au Pakistan, le 6 septembre 2022.


Intensifiées par le réchauffement climatique, des pluies de mousson extrêmes ont inondé un tiers du Pakistan en 2022, affectant des millions de personnes et en tuant plus 1500, dont 500 enfants, d’après UNICEF.


KEYSTONE/2022/AP All rights reserved

La condamnation de la Suisse pour inaction climatique précise l’obligation qu’ont les gouvernements de limiter le réchauffement planétaire. Mais qu’en est-il de leur responsabilité en cas de dommages liés au climat? La Cour internationale de justice tranchera bientôt. Un potentiel tournant pour la justice environnementale.  

Il insiste par ailleurs sur le besoin de mettre en place des politiques environnementales «plus populaires, plus équitables et plus efficaces [qui] cibleraient les entreprises et les grandes fortunes qui génèrent une part disproportionnée des émissions de gaz à effet de serre.» Tout au long de son mandat, David R. Boyd a dénoncé les contentieux entre entreprises et États qui ont ralenti la mise en place de réglementations plus strictes, notamment dans l’exploration pétrolière. «Au lieu de faire payer les pollueurs, les États paient les pollueurs!», affirme-t-il, en faisant référence à des litiges de plusieurs centaines de milliards de dollars.  

Genève, nouveau siège des litiges climatiques?  

Comme le souligne Nikki Reisch, l’arrêt des Aînées suisses pour le climat ouvre une brèche, en posant «les fondements juridiques» pour tenir les grands émetteurs responsables des dommages liés au climat. Le verdict démontre que le réchauffement climatique est une affaire actuelle, qui impacte déjà des régions et des populations vulnérables, note-t-elle. Si bien que certains pays demandent des compensations, notamment des Etats insulaires comme l’Indonésie et le Vanuatu. A la COP28, un fonds pour les «pertes et dommages», consacré à la réparation des catastrophes climatiques, a ainsi été adopté, bien que son montant reste à ce jour insuffisant, d’après de nombreux expertsLien externe.  

Au bout du lac Léman, à Genève, un nouvel organe de l’ONU voit le jour: le Réseau de Santiago, qui épaulera les pays frappés par les catastrophes climatiques en leur fournissant une assistance technique. Son objectif premier sera de limiter les pertes et dommages en équipant les régions vulnérables. «Le réseau contribuera à la collecte de preuves des dégâts liés au climat, commente Nikki Reisch. Ces informations pourraient éclairer les interprétations quant aux devoirs des États. Mais il reste à voir quel rôle concret il jouera pour régler les litiges climatiques.» L’article 8 de l’Accord de Paris, qui reconnaît les pertes et préjudices, ne détermine toutefois à ce jour aucune obligation juridiquement contraignante.  

A la fin du mois, David R. Boyd passera le flambeau à sa successeure Astrid Puentes. A cette occasion, son poste sera renomméLien externe «Rapporteur spécial sur le droit de l’homme à un environnement propre, sain et durable», pour refléter et incarner la naissance de ce nouveau droit humain.  

Texte relu et vérifié par Virginie Mangin/sj

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