France

« Minute Papillon ! » : Maisons fissurées : l’enfer des sinistrés de la sécheresse

Le 6 avril dernier, l’Assemblée nationale a voté une proposition de loi « visant à mieux indemniser les dégâts sur les biens immobiliers, causés par le retrait‑gonflement de l’argile ». Un phénomène méconnu qui concernerait pourtant plus de 10 millions de foyers en France, selon la rapporteuse du texte, la députée écologiste Sandrine Rousseau.

Un des premiers dégâts que constatent les sinistrés quelques mois après un épisode de sécheresse, c’est l’apparition de fissures dans leurs habitations. Parfois légères, elles peuvent vite s’agrandir au gré d’autres épisodes climatiques violents. Exposant au risque de voir leur habitation se désagréger. De là s’engagent de longues démarches pour obtenir une indemnisation.

« Dissuader les gens de poursuivre leurs démarches »

Dans ce podcast de « Minute papillon! », vous entendrez le parcours d’indemnisation de deux habitants de Fresnes. Après que leur commune ait été reconnue en état de catastrophe naturelle – condition préalable à toute demande d’indemnisation – ils ont pu engager des démarches auprès de leur assureur.

Dans le parcours des sinistrés, l’assurance tient un rôle crucial. C’est elle qui envoie un expert sur place pour établir le montant des dégâts, ainsi que leur cause. Pour ces deux Fresnois, si à la fin des années 1980 et en 2003, l’assureur reconnaît la sécheresse comme la cause principale de la formation des fissures, ce n’est plus le cas en 2018. « C’est complètement inadmissible », s’insurge l’homme, qui a souhaité resté anonyme pour ne pas risquer d’aggraver ses liens avec son assureur.

« On nous dit maintenant qu’on n’a pas de fondations, que le bâtiment est dans un état de vétusté avancé, et que les fissures sont structurelles », souffle-t-il en lisant les derniers mails échangés avec son assureur. Pointant les contradictions des experts à leur assureur, ce dernier se rabat sur la procédure : elle leur conseille de réaliser une contre-expertise, à leur charge.

Un coût que tout le monde ne peut pas supporter. Pour cette nouvelle expertise, il faut payer plusieurs centaines d’euros. « Le but c’est de dissuader les gens de poursuivre leur démarche » assure l’habitant de Fresnes. Autre problème point par l’habitante, « on ne sait pas où trouver ces experts, il n’existe pas de liste qui pourrait nous aider ». A cela s’ajoute enfin le sentiment d’injustice. « Les experts que les assurances nomment vont dans le sens de l’assurance et de leurs intérêts financiers ».

« Le coût de la sécheresse pourrait tripler dans les trente prochaines années »

Une accusation que réfute Florence Lustman, présidente de France Assureurs, le syndicat professionnel. « Les experts sont indépendants », martèle-t-elle dans ce podcast, en rappellant que le coût de la contre-expertise peut être pris en charge par l’assureur dans certains contrats d’assurance. Engagée pour prévenir les risques des catastrophes naturelles, elle assure que le « coût de la sécheresse pourrait tripler dans les trente prochaines années ». En cause, le dérèglement climatique.

De quoi faire réfléchir les assureurs sur la manière dont ils vont pouvoir supporter le coût des futures indemnisations. Selon Sandra, responsable de l’association les Oubliés de la Canicule dans le Loiret, le coût de la pose de micropieux – seule solution pérenne – dépasse parfois celui de la maison.

Pour le moment, France Assureurs épouse la proposition de Sandrine Rousseau d’augmenter de 5 à 7 euros la prime Catnat. Une augmentation qui n’est pas inscrite dans la proposition de loi ; ce type de mesure financière devant être adoptée par décret. Pour les autres mesures permettant d’élargir les critères de reconnaissance de catastrophe naturelle, elles doivent désormais être examinées par le Sénat dans les prochains mois.

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