AlgérieFrance

Défi des visas Schengen en Algérie et activité des prestataires informels en plein essor

Selon le média français « Le Monde », les groupes Facebook algériens sont devenus une ressource précieuse pour les demandeurs de visas Schengen en quête d’un rendez-vous en France. Malgré un apaisement des tensions diplomatiques entre Alger et Paris, décrocher un créneau sur la plateforme VFS Global reste un véritable casse-tête. Le site est congestionné, les disponibilités sont limitées, poussant de nombreux candidats à abandonner ou à recourir à des prestataires informels contre rémunération.

Asma, une Algéroise en plein regroupement familial, témoigne du véritable fardeau que représente la recherche d’un rendez-vous sur VFS Global. Elle raconte que pendant deux semaines, sa vie tournait exclusivement autour du site. Face au désespoir croissant, elle a finalement envisagé de recourir à un prestataire malgré ses réticences initiales.

En Algérie, l’activité des facilitateurs connaît une expansion rapide. Leur rôle consiste à consacrer leur temps aux plateformes de réservation et à résoudre les problèmes techniques à la place des demandeurs. Une tâche ingrate qui se monnaye, avec des tarifs variant de 5 000 à 20 000 dinars algériens par rendez-vous, soit l’équivalent du salaire minimum algérien. Les prestataires justifient ces frais en évoquant leur disponibilité tardive ou les demandes complexes nécessitant réservation d’hôtel et de billets d’avion.

Selon Schengen Visa info, les Algériens ont dépensé 31 millions d’euros en 2022 pour les services consulaires des pays de l’espace Schengen, notamment l’Espagne et la France. Ces chiffres pourraient même sous-estimer la réalité, étant donné que les coûts s’accumulent. Certains, comme Youcef, un cadre dans un laboratoire pharmaceutique, ont dépensé presque autant pour les services d’un prestataire que pour le visa lui-même.

A LIRE AUSSI : Top 3 des pays qui refusent le plus de visas Schengen aux Algériens

Les méthodes des facilitateurs en Algérie pour les visas Schengen pour la France

Par ailleurs, d’après la même source certains facilitateurs misent sur le bouche-à-oreille pour se faire connaître, tandis que d’autres sont plus explicites dans leur démarche commerciale. Par exemple, un cybercafé à Alger propose la réservation de rendez-vous pour les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, mais a cessé cette activité pour la France en raison de la rareté des créneaux.

La méthode employée par les facilitateurs relève de l’artisanat technologico-bureaucratique. Ils surveillent la plateforme en permanence et contactent les clients dès qu’un créneau se libère. Cependant, VFS Global a tenté de contrer ce phénomène en introduisant un code OTP (One Time Password) envoyé directement aux demandeurs sur leur téléphone mobile. Mais les prestataires ont adapté leurs méthodes pour contourner cette mesure.

Nashida, une employée d’une agence de voyages à Birtouta, dans la banlieue sud d’Alger, réserve des rendez-vous pour 5 000 dinars par personne. Elle estime que cette activité est de moins en moins rentable en raison de ce qu’elle considère comme une gestion politique des créneaux de rendez-vous. Les crises diplomatiques entre l’Algérie et la France, ainsi qu’avec l’Espagne, ont contribué à cette situation.

A LIRE AUSSI : Espace Schengen : voici les pays qui accordent le plus de titres de séjour pour les étrangers

Les réductions de 50 % de l’octroi de visas pour les Algériens en 2021, visant à inciter le pays à rapatrier ses ressortissants en situation irrégulière, ont également eu un impact sur les rendez-vous. Bien que le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, ait annoncé un « retour à la normale » en décembre 2022, Nashida constate que les rendez-vous deviennent de plus en plus rares.

Des perspectives d’amélioration ?

En mars, une mission d’évaluation de la politique des visas de la France a été confiée à Paul Hermelin, président de Capgemini, pour identifier des pistes d’amélioration des délais de prise de rendez-vous et de traitement. Cependant, ce chantier est toujours en cours, laissant les demandeurs algériens dans l’incertitude.

Le défi persistant pour les demandeurs de visas Schengen en Algérie souligne la nécessité d’une réforme et d’une amélioration du processus de demande de visa, afin de réduire la dépendance à l’égard des prestataires informels et d’offrir une solution plus équitable pour tous les demandeurs.