France

Dans les coulisses de la formation des futurs conducteurs du métro parisien

Tout à l’est de Paris, aux abords de la Porte de Vincennes, vous pouvez embarquer sur la ligne M99. Cette ligne, que vous ne trouverez sur aucun plan de métro, dessert Vienne, Varsovie, Turin, Rome, Prague ou encore Madrid. Il s’agit d’une ligne imaginaire, la virtualigne, utilisée pour former les jeunes conducteurs de métro de la RATP. Les instructeurs s’en servent pendant les entraînements dans un simulateur de poste de commande de métro, la réplique exacte d’une vraie cabine.

Une telle formation a lieu une dizaine de fois par an, dans les locaux du département formation de la RATP. Les stagiaires, souvent en reconversion professionnelle, suivent d’abord des sessions de théorie et d’observation. Puis, ils mettent en pratique leurs connaissances dans ce simulateur, ou sur des portes de commandes simplifiées. Il arrive aussi qu’ils s’entraînent en conditions réelles, dans de vrais trains garés, ou lors de faible affluence.

Passage en cabine

Ultime entraînement pour Emilie. La stagiaire passe son examen final la semaine prochaine. Lors de son passage en cabine, elle doit rester complètement isolée et prendre seule chacune des décisions. Entre deux stations, surprise : l’un des signaux habituels est éteint. Il s’agit d’un signal d’espacement, qui sert à maintenir une distance de sécurité entre les trains. La stagiaire doit essayer de ne pas bloquer l’exploitation des trains, sans mettre les usagers en danger. Elle opte pour la technique dite de la « marche à vue », qui consiste à adapter manuellement la vitesse du train en fonction des obstacles. Elle garde ainsi une distance de sécurité, même en l’absence de signaux. 

Toutes ses actions sont enregistrées puis retransmises en salle d’observation devant les autres stagiaires qui « apprennent autant en regardant, et en analysant qu’en pratiquant », estime leur instructeur. Ensemble, ils dressent un bilan de son passage. Pour Emilie, pas de soucis à ce faire. « Si tu refais cela la semaine prochaine, tous les feux sont au vert [pour qu’elle obtienne son permis] », estime ce dernier. 

Ce simulateur « n’est pas la clé de la formation », tient à rappeler Eric Dugardin, responsable du pôle formation. Mais il permet d’envisager toutes sortes de scénarios auxquels les conducteurs peuvent être confrontés, tels que la présence de fumée, des voyageurs sur la voie, ou encore des arrêts nécessaires pour régulation du trafic… « Ce ne sont pas des choses qu’on peut recréer sans simulateur », continue-t-il.

Un retour à la normal d’ici mi-2023

Le nombre de conducteurs formés devrait augmenter. En 2022, une dizaine de sessions de formation, comportant chacune neuf stagiaires, avait été organisée. Désormais, « on vise les 400 conducteurs formés », précise Ludovic Ablin, responsable du centre de formation de la RATP. Une augmentation qui se ferait « en anticipation des évènements sportifs à venir », détaille-t-il, faisant référence à la Coupe du monde de rugby 2023 et aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Il s’agit surtout de régler les problèmes de trafic qui sapent l’offre de transport en Île-de-France. Le trafic « devrait revenir à normale d’ici le second trimestre de 2023 », selon Ludovic Ablin. Une perspective déjà évoquée par l’ancien premier ministre, Jean Castex, lors de sa première participation au conseil d’administration de l’autorité organisatrice des transports de la région Île-de-France Mobilités (IDFM). Celui qui a repris les rênes de la RATP compte recruter 4.500 personnes au total, sur l’année 2023. Mais pour tout recrutement, il faut un délai de six mois avant que la personne ne soit apte à travailler. Le temps qu’elle suive une formation adaptée.