Pour Olivier Maingain, Bernard Clerfayt doit renoncer à être candidat bourgmestre à Schaerbeek : “Il doit s’investir exclusivement pour la Région”

”Ma réflexion est bien plus large que la situation plus personnelle de Bernard, pointe Olivier Maingain. Par mes contacts avec les habitants de Woluwe-Saint-Lambert, j’ai ressenti le profond écœurement que suscite le choix de Charles Michel d’abandonner sa fonction de président du Conseil européen. Cela donne vraiment aux citoyens le sentiment que les politiques ne sont plus là pour servir la noblesse des fonctions qu’ils doivent assumer.”

À Bruxelles, le décret décumul interdira en octobre de cumuler des fonctions exécutives communales avec un mandat régional. Il n’empêchera toutefois pas, comme l’a rappelé François De Smet ce samedi dans la Libre, de se présenter à plusieurs élections.

”C’est déshonorant pour la politique”

”Il y a une profonde exaspération des électeurs pour la manière dont certains politiques tentent de se raccrocher à la dernière branche qui mène à un mandat important. Ce jeu de positionnement, c’est déshonorant pour la politique, prolonge celui qui, durant 24 ans, a dirigé l’ex-FDF. J’ai toujours veillé à assumer mes mandats, là où j’étais élu, sans chercher à me repositionner. Pourtant j’aurais pu, comme président de parti, m’autodésigner ministre. Je ne l’ai jamais fait, par respect pour les électeurs. Là où on est élu, on assume des responsabilités.”

Olivier Maingain a décidé de s’appliquer ses principes à lui-même. “J’ai fait savoir à mon parti que je ne serai candidat sur aucune liste au mois de juin, alors qu’en interne, on m’a demandé de l’être sur l’une ou l’autre (NdlR : en 2019, il poussait la liste européenne). J’ai refusé parce qu’il n’est pas impossible que je sois élu à la Région ou au Fédéral. Et que je ne pourrais dès lors pas respecter l’engagement pris il y a 6 ans de me consacrer entièrement à Woluwe-Saint-Lambert. Car je demanderai en effet le renouvellement de la confiance des électeurs de ma commune en octobre. Je ne trouve pas correct de dire : ‘J’aimerais bien rester bourgmestre, mais si je n’en suis pas certain, je vais quand même m’assurer d’un mandat à la Région ou au Fédéral’. Ces pratiques ouvrent une faille dans laquelle s’engouffrent les partis extrêmes.”

Certains, en interne, estiment que cette décision aura pour conséquence d’affaiblir le parti, alors que Défi espère décrocher un troisième siège à la Chambre via l’ex-juge Michel Claise. “Mme Spaak disait très élégamment : ‘Ce n’est pas le parti qui me doit tout, c’est moi qui dois tout au parti’. Je ne considère pas que je suis détenteur d’un potentiel de voix qui ne serait pas celui de Défi. Certes, j’ai une notoriété. Mais je crois que je peux aider mon parti à gagner en appliquant justement les principes d’honnêteté que je viens d’évoquer. Je vais me mobiliser, apporter mon soutien actif, sans être moi-même candidat.”

Il assure ne pas s’opposer, sur le fond, à la désignation de Bernard Clerfayt à la Région. “Il est tout à fait normal qu’un ministre sortant veuille poursuivre son travail. Son expérience sera très utile au cœur de la tempête institutionnelle qui s’annonce après les élections. Mais maintenant, Bernard doit s’investir exclusivement et intégralement pour la Région. Il a en effet un bilan tout à fait honorable comme ministre, et il dispose d’une connaissance des arcanes de la Région. Il gagnerait en disant : ‘Je vais m’investir exclusivement à la Région bruxelloise et je peux appuyer une liste à Schaerbeek, en octobre, comme dernier de liste’. D’autant plus que Cécile Jodogne (bourgmestre FF depuis 2019) a fait preuve, dans un contexte difficile, d’un courage et d’une abnégation sans pareille. Elle a toutes les compétences, les qualités humaines et le rayonnement pour être candidate bourgmestre de Schaerbeek.”

Défi ne risque-t-il pas, sans Bernard Clerfayt, de perdre le mayorat dans la cité des Ânes ? “Tout passage de témoin comporte toujours une part de risque. Mais je suis très confiant. Cécile est connue, respectée à Schaerbeek et même appréciée de certains partis politiques.”

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Il est difficile, toutefois, de ne pas mettre en relation les critiques d’Olivier Maingain envers Bernard Clerfayt et le fait que son fils Fabian, échevin à la Ville de Bruxelles, était son concurrent comme tête de liste régionale. Cela a-t-il influencé la position du “père” Maingain ? “Cela peut paraître étonnant, mais peut-être que mon fils ne partage pas mon opinion, il faudrait lui demander…”, élude-t-il.

”Pas de guerre des clans”

”Je ne sais pas si Bernard va confirmer ce double choix. S’il clarifie sa situation au plus vite, il sera d’autant plus crédible”, reprend le bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert. Lequel balaye d’un revers de la main le spectre d’un retour d’une guerre des clans. ” Comme président de parti, c’est moi qui avais proposé à Bernard d’être de liste à la Région, en 2019. Il n’y a donc pas de guerre des clans.”

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Olivier Maingain assure poser “poser des questions de principe”, qui dépassent son propre parti. “C’est une force que d’être clair quant au respect des électeurs. Plus on le fait, plus on se grandit et on reçoit leur confiance. Au contraire, quand on donne l’impression de jouer avec leur choix, les électeurs sanctionnent.”