Belgique

« Il est plus important que jamais que nous restions solidaires » : la ministre de la Coopération Caroline Gennez en Ukraine

L’attention médiatique s’est surtout portée durant ces deux années sur l’aide militaire apportée par la Belgique. L’échec de la contre-offensive ukrainienne et les difficultés des Européens à atteindre le niveau de production nécessaire pour soutenir l’armée de Kiev, conjuguée au blocage du soutien militaire des Etats-Unis au Congrès, ont mis ce problème encore un peu plus à l’avant-plan.

Deux ans plus tard, la Belgique affirme toujours un « soutien sans faille » à l’Ukraine

Les besoins civils demeurent pourtant considérables. Dès le premier jour du conflit, le gouvernement fédéral a fourni un soutien à la population ukrainienne par l’envoi de matériel médical et de première nécessité. Un soutien qui s’est poursuivi en fonction des besoins, par exemple après la destruction du barrage de Kakhovka sur le Dniepr en juin pour faire face à l’urgence humanitaire.

« Après deux ans de guerre, il est plus important que jamais que nous restions solidaires du peuple ukrainien. Les armes sont essentielles, mais il est tout aussi important que les Ukrainiens qui se trouvent derrière le front – les étudiants, les personnes âgées, les enfants, les mères – trouvent également le courage de continuer. Qu’ils aillent à l’école, qu’ils reçoivent des soins appropriés, qu’ils réfléchissent et travaillent à leur avenir. Ce n’est qu’à cette condition que l’Ukraine pourra s’opposer à l’agression russe », a souligné la ministre.

Au mois d’octobre, à l’occasion de la visite surprise du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Bruxelles, le gouvernement a annoncé la création d’un fonds de soutien d’1,7 milliard d’euros alimenté grâce à l’impôt touché auprès des sociétés où sont gelés les avoir russes. Sur cette somme, 1,5 milliard d’euros est prévu pour 2024 et 255 millions d’euros pour 2025.

A la fin de l’année passée, le gouvernement a décidé de libérer un montant de 185 millions d’euros destiné à un nouveau programme de soutien civil.

Dans ce cadre, l’agence belge de développement Enabel recevra 150 millions d’euros pour contribuer à la reconstruction du pays au cours des quatre prochaines années, en se concentrant sur la région de Tchernihiv au nord de Kiev, cité assiégée par les troupes russes au début du conflit et cible de bombardements. Elle installera un bureau dans la capitale ukrainienne pour assurer le suivi de l’opération.

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Si la somme est importante, sur place les besoins sont immenses après deux ans de guerre et de destruction. Reconstruire et redresser l’Ukraine après l’invasion russe coûtera pas moins de 452,8 milliards d’euros au cours des dix prochaines années, selon une nouvelle estimation du gouvernement ukrainien, de la Banque mondiale, de la Commission européenne et des Nations unies, publiée il y a dix jours. Il y a un an, ce coût était encore estimé à 383 milliards d’euros.

La visite se déroule dans un contexte de fatigue de la population ukrainienne après deux ans de guerre et d’un soutien qui décroît dans plusieurs pays européens. Une lassitude face à laquelle la ministre socialiste lance une mise en garde.

« Les gens d’ici vivent la réalité de la guerre tous les jours: alertes aériennes, bombardements, amis et parents qui se battent et meurent sur le front, des amis et des parents qui se battent et meurent au front. Et ce depuis deux ans. Les Ukrainiens font des sacrifices incalculables. Y compris pour notre sécurité. Nous ne devons pas l’oublier. En même temps, nous constatons que le soutien de l’Occident est soumis à des pressions, tant de la part de l’extrême-droite en Europe que des républicains aux États-Unis. Si l’Ukraine est envahie et que la protection des États-Unis disparaît, qu’est-ce qui empêchera Poutine d’envahir les États baltes ou la Pologne ? », a-t-elle demandé.