Belgique

Elections 2024 : en cas d’alliance avec le Vlaams Belang, la N-VA se privera de tout allié francophone… sauf peut-être du MR

Tout d’abord, le parti qu’il dirige depuis 20 ans risque de se fracturer. L’aile libérale de la N-VA ne digérerait que très difficilement une alliance toxique avec le Vlaams Belang. Une alliance qui violerait l’application du “cordon sanitaire” – lequel maintient le parti d’extrême-droite à distance respectable du pouvoir. Ensuite, la N-VA hypothéquerait grandement ses chances de revenir au fédéral. Pourquoi ? Car les nationalistes flamands ne trouveront (presque) pas de partenaires francophones pour composer une majorité.

Le Vlaams Belang écrase la N-VA dans les sondages : Bart De Wever va-t-il finalement se résoudre à gouverner avec l’extrême droite ?

Ce lundi matin, durant l’émission “Café sans filtre” (LN24), Maxime Prévot, président des Engagés, s’est montré catégorique. Si la N-VA forme une coalition avec l’extrême droite en Flandre, son mouvement politique ne pourrait pas envisager de gouverner avec les troupes de Bart De Wever dans le prochain gouvernement fédéral. Par conséquent, Maxime Prévot a invité la N-VA à clarifier ses intentions à l’égard du VB : “Il est essentiel que la N-VA, qui pourrait être arithmétiquement utile dans un gouvernement pour éviter les extrêmes de gauche comme de droite, soit plus claire quant au fait qu’il n’y aura pas de Rubicon franchi avec le Vlaams Belang”.

Un pays ingouvernable

Qu’en est-il des autres partis francophones ? Même tendance : dans le scénario qui verrait les héritiers du Vlaams Blok monter dans une coalition régionale, la N-VA se rendrait infréquentable. “Paul Magnette l’a déjà dit à plusieurs reprises : le PS plaide pour le cordon sanitaire à tous les niveaux de pouvoir, rappelle le porte-parole du président socialiste. Si la N-VA gouverne avec le VB en Flandre, elle rend le pays ingouvernable.” Cette position adoptée par les socialistes est importante car Bart De Wever espère nouer un grand accord institutionnel avec le PS après les prochaines élections et voit le parti socialiste comme son partenaire naturel pour ce genre de négociations.

Bart De Wever, le « confédéraliste » qui craint plus que tout les troubles révolutionnaires

La question ne se pose pas chez Écolo

Pour les écologistes, qui doutent déjà grandement de la possibilité de trouver un terrain d’entente avec la N-VA, la question est également tranchée. Bart De Wever se mettrait de lui-même hors-jeu pour une future majorité fédérale avec les verts s’il cédait aux appels de l’extrême droite. Il convient toutefois de rappeler que le bourgmestre d’Anvers se montre particulièrement hostile aux écologistes francophones. Fin août, dans un grand entretien accordé à La Libre, il l’avait signifé par une formule lapidaire : “Écolo est le parti le plus wokiste… Les écolos viennent d’une autre planète : quand je parle à Jean-Marc Nollet, je ne trouve rien dans ses idées qui permettraient de construire un accord de gouvernement. Qu’il retourne sur Vénus aussi vite que possible !

Au PTB, peu de surprise. Pour les marxistes, la N-VA n’est de toute manière pas une option. Avec ou sans axe jaune et noir en Flandre… “On ne compte de toute façon pas faire d’alliance avec la N-VA, nous fait savoir Raoul Hedebouw, président du PTB. Nous n’avons rien à partager avec leur agenda néolibéral, conservateur et nationaliste. Ils veulent faire des cadeaux aux super-riches, augmenter l’âge de la pension, scinder la sécurité sociale et limiter les salaires. Nous voulons exactement l’inverse.

guillement

On ne compte de toute façon pas faire d’alliance avec la N-VA.« 

Face au “wokisme”, Bart De Wever et Sammy Mahdi sont unis par un philosophe irlandais

Pas de réponse du MR

Reste toutefois une incertitude… Et elle se situe au MR. Les libéraux francophones n’ont pas répondu aux demandes de La Libre, ce lundi. En cas d’alliance Belang/N-VA, le président Georges-Louis Bouchez jugera-t-il comme intolérable toute coalition fédérale avec la N-VA ? Pas de réponse venant de l’avenue de la Toison d’or, là où se trouve le siège du parti. La porte semble rester ouverte. De 2014 à 2018, pour rappel, le MR avait gouverné aux côtés des nationalistes flamands au sein du gouvernement Michel. Par rapport à l’actuelle Vivaldi, cette majorité dite “suédoise” (MR, N-VA, Open VLD, CD&V) avait été jugée par le président Bouchez comme “beaucoup plus efficace”.