Belgique

« Cet examen oral qui a duré huit heures m’a tellement marqué que j’en garde une habitude dans ma vie professionnelle »

Le souvenir qui a le plus marqué mes études est cet examen oral qui a duré 8 heures. C’était un examen d’analyse en première licence ; une matière que je n’aime pas particulièrement mais que je savais essentielle. J’étais censé passer à 14h mais, ayant une peur maladive d’être en retard en une pareille occasion, j’étais déjà dans le hall à 13h. Je croise alors une amie qui me demande si je veux bien changer mon créneau horaire avec elle à cause d’un souci familial dont j’ai complètement oublié la nature aujourd’hui. Cela m’a semblé totalement légitime et j’ai accepté à condition que l’enseignant soit d’accord. Il l’est et me voilà donc programmé à 16h.

”Le prof m’a oublié”

Trois heures après mon arrivée, je suis enfin placé dans un bureau, je reçois ma question et j’ai une heure pour la préparer avec mes notes de cours. Après cette préparation – il est à ce moment-là 17h – je suis prêt mais l’enseignant ne vient pas. Les portes étant ouvertes, j’entends qu’il fait passer un oral à d’autres élèves. Vers 18h, je passe la tête par la porte du bureau, il me voit et me dit qu’il m’a oublié. Il s’excuse et me dit qu’il arrive.

Vers 19h, je commence à vraiment trouver le temps très long. Il entre finalement dans le bureau, me dit qu’il m’a à nouveau oublié, s’excuse, mais précise qu’il doit encore faire passer un oral à quelqu’un d’autre avant. J’ai bien envie de protester, mais se fâcher avec celui qui nous fait passer l’examen ensuite est rarement une bonne idée. Je relis pour la 145ème fois ma préparation ; c’est clair, je suis prêt là. Il est 20h, il entre éreinté dans le bureau et s’excuse encore une fois et ce, de manière très sincère.

”Un examen en mangeant et en buvant”

Sa première question arrive et me surprend : “Vous n’avez pas faim ?” Je suis un peu surpris et ne sais pas quoi répondre. “Parce que moi oui. Vous n’avez pas envie d’une gaufre ?”, me demande-t-il. Oui, pourquoi pas. Depuis tout ce temps, mon estomac s’était réveillé. Nous sommes donc allés à un autre étage du bâtiment pour prendre chacun une gaufre et un soda dans un distributeur.

Avec une gaufre dans une main et une canette dans l’autre, il n’était plus possible d’utiliser une craie et le tableau pour répondre à la question de l’examen. J’ai donc ouvert mon cours pour expliquer ma réponse en pointant les différents éléments dans mes notes. Tout cela en mangeant ma gaufre et buvant ma canette, tout comme mon professeur. Il est 21h. Il me donne finalement un 15/20 dans une matière que je n’aime pas.

”J’utilise encore le truc de la gaufre aujourd’hui”

Je reprends le bus puis le métro comme un zombie, rentre chez moi et m’effondre sur mon lit. Mon repas du soir aura donc consisté en une gaufre. Je suis devenu moi-même enseignant et j’ai dès lors compris le truc de la gaufre. Il savait qu’il avait fait une erreur et que je n’étais pas nécessairement dans un bon état pour passer un oral. La diversion “gaufre” me permettait de me reprendre et de me remettre dans un état normal.

Depuis lors, à chaque fois que je fais passer un examen oral, la première tâche de l’élève est de choisir une gaufre, un biscuit ou un chocolat. Tous n’en prennent pas. Certains le mangent avant et d’autres le gardent pour après. Mais quelle que soit l’option choisie, le stress inhérent à un oral est diminué. Cela ne peut qu’aider l’étudiant dans sa tâche. Il réussira peut-être son examen ou peut-être pas, mais j’ai la faiblesse de croire qu’il aura reçu un petit coup de pouce anodin pour l’aider.


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