France

C’est quoi ce nouveau scandale de corruption au Parlement européen impliquant Huawei ?

Après le Qatargate, le Parlement européen est secoué par une nouvelle affaire. Une série de perquisitions ont été menées jeudi en Belgique et au Portugal, et un suspect a été arrêté en France, dans une enquête pour corruption au sein de l’institution de l’UE ciblant l’entreprise chinoise Huawei. Le juge belge en charge de l’enquête a fait poser des scellés dans plusieurs bureaux du Parlement à Bruxelles et Strasbourg, en particulier dans ceux attribués à deux assistants parlementaires considérés comme suspects, a indiqué le parquet fédéral. Combien de personnes sont concernées ? Que leur est-il reproché ? Comment ont réagi les instances européennes ? 20 Minutes fait le point.

Qu’est-il reproché aux personnes concernées ?

L’enquête vise des faits de « corruption active au sein du Parlement européen » ainsi que des « faux et usage de faux », le tout dans le cadre d’une « organisation criminelle ». « La corruption supposée aurait eu lieu au profit de l’entreprise Huawei », a indiqué le parquet dans l’après-midi. Les versements ou autres avantages patrimoniaux auraient été dissimulés « dans des flux financiers liés à des prises en charge de frais de conférences, et payés à différents intermédiaires ».

Selon le parquet, la corruption aurait été pratiquée « régulièrement » et « très discrètement » depuis 2021, « sous couvert de lobbying commercial » et en prenant différentes formes, comme des rémunérations de prises de position politiques ou encore « des cadeaux démesurés » comme des frais de bouche, de voyage, ou des invitations régulières à des matchs de football.

Combien de personnes sont soupçonnées ?

Le parquet fédéral a fait état de 21 perquisitions au total à travers la Belgique. Trois autres ont été sollicitées au Portugal. Dans ce pays est établie une société soupçonnée d’avoir reçu des virements destinés à des eurodéputés, selon le journal Le Soir. Un suspect a été arrêté en France en vertu d’un mandat d’arrêt européen émis par la justice belge, a-t-on précisé. D’après le journal belge Le Soir, plusieurs lobbyistes actifs au Parlement européen ont été interpellés au cours de cette opération de police internationale jeudi matin, et au cœur de l’enquête figure un ex-assistant parlementaire employé comme directeur des affaires publiques au bureau bruxellois de Huawei.

Aucun eurodéputé n’a été interpellé dans l’opération de police menée au moment où le Parlement était réuni en plénière à Strasbourg. Mais plusieurs élus seraient dans le collimateur des enquêteurs.

Quelles sont les réactions ?

Après le Qatargate c’est la deuxième fois en moins de trois ans que le Parlement européen, seule institution élue de l’UE, est éclaboussé par un scandale de corruption. « Depuis trop longtemps, les députés européens adoptent une approche insouciante de l’éthique et continuent de vivre dans une culture d’impunité », a réagi l’organisation Transparency international, jugeant ces nouvelles révélations « aussi graves » que celles du Qatargate.

« La corruption doit être punie. Nous avons vraiment besoin d’un contrôle indépendant des violations éthiques, c’est un rappel douloureux après le Qatargate que l’Union européenne reste vulnérable », a déclaré de son côté l’eurodéputé écologiste allemand Daniel Freund, joint par l’AFP. Le Parlement européen a dit de son côté « prendre acte » de la nouvelle enquête et être prêt à y « coopérer pleinement » si la justice belge le sollicite.