Algérie

Boualem Sansal face à la justice : soupçonné de collusion avec des parties étrangères

Le célèbre écrivain algérien Boualem Sansal a comparu ce jeudi devant le juge d’instruction de la quatrième chambre du tribunal de Dar El Beïda, à Alger. En détention provisoire depuis novembre 2024, il est poursuivi pour des accusations lourdes, notamment celle de « intelligence avec des parties étrangères”.

Dès les premières heures du matin, l’accusé a été transféré sous haute surveillance vers la chambre d’instruction pour être entendu par la justice algérienne. Selon le quotidien Ennahar, l’interrogatoire a porté sur des accusations relatives à la transmission d’informations sensibles à un diplomate étranger, en l’occurrence l’ambassadeur de France en Algérie.

Les autorités judiciaires reprochent à Sansal d’avoir communiqué des données à caractère stratégique, spécifiquement sur des aspects sécuritaires et économiques du pays. Son arrestation avait eu lieu à l’aéroport Houari Boumediene, dès son retour en Algérie, après une période de surveillance étroite par les services compétents.

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Des déclarations controversées au cœur des poursuites

Outre les accusations de transmission d’informations à une puissance étrangère, Boualem Sansal est également mis en cause pour ses déclarations publiques jugées attentatoires à l’unité nationale. Certaines de ses prises de position, critiquant l’histoire officielle de l’Algérie, ont suscité une vive indignation.

L’Agence de presse algérienne a, dans un article récent, dénoncé un « manipulateur pris à son propre piège », en dénonçant l’appui que Sansal reçoit de certaines figures de la scène politique et intellectuelle française. Selon l’agence, son arrestation a déclenché un tollé au sein de certains cercles de la droite française et des personnalités proches de la mouvance sioniste, citant notamment Éric Zemmour, Marine Le Pen et Mohammed Sifaoui parmi les soutiens de l’écrivain.

L’affaire Boualem Sansal prend une tournure hautement politique, mettant en lumière les tensions persistantes entre l’Algérie et certains milieux influents en France. Les autorités algériennes, pour leur part, affirment que cette procédure judiciaire s’inscrit dans le cadre de la souveraineté nationale et du respect des lois du pays.

Alors que l’enquête se poursuit, le sort de l’écrivain reste incertain. La justice algérienne devra statuer sur ces accusations qui pourraient mener à une condamnation sévère. En attendant, cette affaire continue de nourrir un débat houleux, tant en Algérie qu’à l’international.

Une affaire qui exacerbe les tensions entre Alger et Paris

Le dossier Boualem Sansal s’inscrit dans un contexte diplomatique tendu entre l’Algérie et la France. Depuis la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2024, les relations entre les deux pays se sont considérablement détériorées. Cette affaire ne fait que raviver ces tensions.

L’avocat français de Sansal, François Zimeray, a annoncé qu’il allait saisir l’ONU pour « détention arbitraire », dénonçant ce qu’il considère comme une atteinte aux droits fondamentaux de son client. Il menace également de porter plainte contre l’Algérie auprès d’organisations internationales comme l’Union africaine et la Commission africaine des droits de l’Homme.

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Cependant, le bâtonnier d’Alger, Mohamed Baghdad, a tenu à apporter des clarifications, réfutant certaines allégations relayées par les médias français. Il a notamment nié toute grève de la faim de Sansal et confirmé que ce dernier reçoit des soins médicaux appropriés pour son cancer, avec des résultats encourageants. Baghdad a aussi précisé que c’est l’écrivain lui-même qui a demandé la déconstitution de ses avocats, dont François Zimeray.

En résumé

L’écrivain algérien Boualem Sansal a comparu jeudi devant le tribunal de Dar El Beïda à Alger. En détention provisoire depuis novembre 2024, il fait face à de graves accusations d’« intelligence avec des parties étrangères », notamment pour avoir transmis des informations sensibles à l’ambassadeur de France en Algérie.

Les autorités algériennes reprochent à Sansal d’avoir communiqué des données stratégiques sur les aspects sécuritaires et économiques du pays. Son arrestation à l’aéroport Houari Boumediene fait suite à une période de surveillance étroite. L’écrivain est également mis en cause pour des déclarations jugées attentatoires à l’unité nationale.

François Zimeray, l’avocat français de Sansal, a annoncé son intention de saisir l’ONU pour « détention arbitraire », tandis que le bâtonnier d’Alger, Mohamed Baghdad, réfute certaines allégations des médias français concernant les conditions de détention de l’écrivain.

L’affaire suscite de vives réactions internationales, notamment en France où plusieurs personnalités politiques et intellectuelles ont exprimé leur soutien à l’écrivain. Les autorités algériennes maintiennent que cette procédure judiciaire relève de leur souveraineté nationale.