Venezuela : Un Franco-Américain victime d’une « arrestation politique » ?
Depuis début janvier, plus de nouvelles de Lucas Hunter, un Franco-Américain âgé de 37 ans. Détenu au Venezuela dans des circonstances pour le moins troubles, sa famille est en quête de réponses. Une des sœurs de Lucas, Sophie, dénonce une arrestation « injuste » et s’inquiète du silence des autorités vénézuéliennes quant au sort de son frère.
Passionné de kitesurf, Lucas s’était rendu en Colombie fin décembre pour un séjour sportif d’un peu plus de deux semaines. Sa sœur Sophie, avait initialement prévu de l’accompagner, mais avait dû annuler à la dernière minute pour raisons médicales. Lucas se trouvait dans une région reculée proche de la frontière vénézuélienne lorsqu’il a été interpellé le 7 janvier 2025.
« Je me suis fait attraper par les Vénézuéliens »
Selon le récit de sa famille, alors qu’il circulait à moto à travers la petite localité de Paraguachón, la route l’a conduit à proximité de la frontière avec le Venezuela. Il a rapidement reconnu le poste-frontière et fait demi-tour pour s’éloigner. Mais il était déjà trop tard. Des agents vénézuéliens auraient traversé la frontière pour l’intercepter de force en territoire colombien avant de l’emmener au Venezuela. Lucas a pu envoyer un message vocal à Sophie : « Je me suis fait attraper par les Vénézuéliens, cela fait quatre heures que je suis ici. Je pense qu’ils veulent me laisser partir, mais la police et l’armée me posent beaucoup de questions. J’espère que ça va s’arranger. »
Le lendemain matin, il a envoyé un dernier message vocal : « Je suis toujours au même endroit. La police de l’immigration est impliquée… […] Certains disent que je vais être interrogé pendant trois jours à Caracas, d’autres que tout sera réglé aujourd’hui. J’attends une autorisation pour partir. » Mais depuis, c’est silence radio.

Une détention politique ?
La disparition de Lucas Hunter suscite de nombreuses interrogations. « Il n’a rien fait de mal, il n’est pas militant politique, n’a aucune affiliation militaire… Il était juste au mauvais endroit au mauvais moment », explique sa plus jeune sœur Sophie sur CNN. Selon elle, son frère a été arrêté en raison de son passeport américain, « c’est une arrestation politique ».
Le Venezuela a en effet déjà été accusé d’utiliser des détenus étrangers comme monnaie d’échange dans des négociations diplomatiques. Cette arrestation intervient alors que les relations entre Washington et Caracas restent extrêmement tendues. Les États-Unis ne reconnaissent pas Nicolás Maduro comme président légitime depuis 2019, et les relations diplomatiques sont rompues.
Pourtant, début 2025, un dialogue s’est rouvert. En janvier, l’envoyé spécial américain Richard Grenell s’est rendu à Caracas et a obtenu la libération de six Américains détenus au Venezuela. En contrepartie, le régime de Maduro a accepté d’accueillir des migrants expulsés des États-Unis. Mais Lucas Hunter ne faisait pas partie des prisonniers libérés.

« Nous n’avons aucune preuve de vie »
Le Département d’État américain a récemment ajouté Lucas à la liste des neuf Américains « injustement détenus » au Venezuela. Cela devrait permettre aux États-Unis d’intensifier les efforts pour sa libération. Toutefois, sa famille exprime sa frustration face à l’absence de progrès concrets. Sophie regrette notamment que son frère n’ait pas été inclus dans la récente libération des six Américains. Selon l’ONG Foro Penal, au moins cinq Américains étaient encore détenus au Venezuela début mars, parmi un total de 66 prisonniers politiques étrangers.
« Nous n’avons aucune preuve de vie », s’inquiète sa sœur cadette, « et ni les autorités françaises, ni les autorités américaines ne savent où se trouve Lucas ». Depuis janvier, 20 Minutes est en contact avec l’une des sœurs de Lucas Hunter, basée à Hawaï. À l’époque, la famille suivait les recommandations du Quai d’Orsay, qui lui conseillait de ne pas médiatiser l’affaire afin de ne pas compromettre d’éventuelles négociations diplomatiques. Mais après plus de deux mois sans nouvelles et sans avancées tangibles, la famille a choisi de rendre l’affaire publique. Un site Internet a été créé pour sensibiliser à son cas, et elle appelle les gouvernements français et américain à intensifier leurs efforts.