Tunisie : chute de 28% de la production gazière – Actualités Tunisie Focus
Le 11 avril, le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines a publié ses dernières statistiques montrant une baisse de 28% en glissement annuel de la production de gaz en février. et il ajoute «Nous nous attendons à ce que la production de pétrole et de gaz continue de baisser au cours de la période de prévision 2024-28 en raison du vieillissement des champs, tarissement de certains pompage et du manque d’investissements.»
Pourquoi est-ce important ?
La baisse de la production de gaz est importante compte tenu de la dépendance du pays au gaz naturel pour produire 95 % de son électricité. La Tunisie produit depuis longtemps des hydrocarbures, canalisant sa production de pétrole et de gaz vers la consommation intérieure et les exportations. Mais la baisse continue de la production continuera de réduire les options énergétiques du pays et d’aggraver le déficit commercial de l’énergie, qui s’élevait à 600 millions de dollars au cours de l’année se terminant en février 2024.
La production de gaz a atteint 203 ktep (kilotonne équivalent pétrole) au cours des deux premiers mois de 2024. Il s’agit d’une baisse de 28 % par rapport aux 281 ktep produits au cours de la même période en 2023, et de moins de la moitié par rapport à 2010 (447 ktep). La production de pétrole a également continué de baisser, passant de 37 800 barils/jour (b/j) en février 2022 à 32 700 b/j en février 2024. Nous nous attendons à ce que la production d’hydrocarbures de la Tunisie continue de diminuer au cours de la période de prévision, car l’industrie est confrontée au vieillissement des champs pétroliers et gaziers et à l’incapacité d’attirer des investissements dans l’exploration et le développement des réserves en raison de l’instabilité politique et économique.
Le gaz tunisien provient de trois sources : la production intérieure, les importations directes de gaz algérien et les frais de transport payés en gaz pour les exportations de gaz algérien via le gazoduc transméditerranéen, qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie. L’offre totale de gaz naturel, toutes sources confondues, a baissé de 13% en glissement annuel en février, à 700 ktep, et la baisse de la production nationale a rendu la Tunisie de plus en plus dépendante des importations en provenance d’Algérie. Ceux-ci représentaient 56 % de l’approvisionnement total en gaz, et nous nous attendons à ce que ce ratio continue d’augmenter, bien que les prix du gaz encore relativement élevés (les coûts d’importation du gaz ont augmenté de 10 % en 2023, à 1,3 milliard de dollars) puissent également encourager la Tunisie à continuer à remplacer une partie de ses importations de gaz par des importations d’électricité.
Alors que la production nationale d’électricité est passée de 3 048 GWh en 2022 à 2 733 GWh en février 2024, les importations d’électricité sont passées de 372 GWh à 550 GWh au cours de la même période, et nous nous attendons à ce que les pics de consommation estivaux ajoutent de la pression sur le réseau.
Dépendance grandissante ?
La Tunisie deviendra de plus en plus dépendante des importations de gaz et/ou d’électricité au cours de la période de prévision, ce qui s’ajoutera aux tensions existantes sur la balance des paiements. L’incapacité à sécuriser les investissements dans le secteur de l’énergie et la production d’électricité freinera également une croissance économique déjà atone.
Les différents gouvernements des dernières ont laissé faire, et n’ont rien entreprises pour anticiper cette chute. Une situation qui annonce des hausses de prix, des pénuries et du rationnement.
Aucun des partis et élites politiques n’ont considéré cet enjeu dans leur programme économique. Aucune vision rassurante n’est dégagée a ce sujet alors que le pays regorges de reserves énergétiques dans diverses régions du pays.
Les investisseurs étrangers quittent le pays les uns après les autres, craignant l’instabilité politique et institutionnelle.
Economics for Tunisia, E4T