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Matthieu Humair: «Plus que jamais, nous avons besoin de nous rencontrer physiquement» – SWI swissinfo.ch

WATCHES AND WONDERS


Ouvert pour la première fois au public en 2023, le salon horloger Watches and Wonders avait accueilli plus de 40’000 visiteurs.


Cyril Zingaro / Keystone

Alors que le salon de l’automobile (GIMS) de Genève a dû réduire  fortement sa voilure cette année, le salon horloger Watches and Wonders s’apprête à battre un nouveau record en termes d’exposants et de fréquentation. Entretien avec son directeur, Matthieu Humair.

L’édition de 2023 de Watches and Wonders avait déjà été marquée par une affluence record de professionnels et la totalité des billets destinés au grand public avait été écoulée en prévente; en tout, la semaine avait vu défiler 43’000 visiteurs uniques.  

Pour son édition 2024, qui se tiendra du 9 au 15 avril 2024 dans les halles genevoises de Palexpo, là même où a eu lieu début mars le Salon automobile de Genève, Watches and Wonders s’attend à accueillir encore davantage de maisons horlogères et de visiteurs.

C’est dans ses locaux genevois Time to WatchesLien externe, ndlr]. Nous y voyons avant tout une complémentarité et un engouement réjouissant pour notre branche.

Quelles sont les principales nouveautés de cette édition par rapport à 2023?

Pour accueillir nos huit nouvelles marques, nous allons créer un nouvel espace à Palexpo. Pour la première fois également, trois jours seront ouverts au public, contre deux jours en 2023. Ce sera une opportunité unique de plonger au cœur d’une industrie horlogère dynamique et innovante. Un tout nouveau «LAB» verra le jour, situé au cœur du salon avec la présence d’écoles, de start-ups et de marques exposantes qui présenteront leur vision de l’horlogerie de demain.

Finalement, nous aurons une présence renforcée en ville de Genève avec l’organisation de conférences, de visites guidées, d’animations pour enfants ainsi que d’un village horloger; toutes ces activités seront gratuites et ouvertes à tout un chacun car elles visent à créer des vocations notamment parmi la jeune génération.

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Dans certaines branches comme l’automobile, les salons en présentiel font face à de grandes difficultés. Ces salons ont-ils encore une raison d’être?

Absolument! Pendant la pandémie, nous avons organisé deux éditions uniquement en ligne et tout le monde nous demandait quand nous allions revenir aux salons en présentiel. Dans un monde de plus en plus connecté, nous avons plus que jamais besoin de nous rencontrer physiquement, d’interagir avec les acteurs de notre industrie et de vivre de véritables expériences.

Pour le bien de l’horlogerie, ne serait-il pas préférable d’avoir un seul grand salon qui rassemblerait l’ensemble des principales marques?

Certainement! Nous serions d’ailleurs ravis de voir revenir Audemars Piguet et Richard Mille [qui avaient exposé dans le passé, ndlr] et d’accueillir les marques du groupe Swatch. Néanmoins, nous sommes déjà très contents du nombre croissant de marques qui nous font confiance et il n’est sans doute pas réaliste de s’attendre à recevoir chaque année la totalité des acteurs clés.

Genève est une terre d’horlogerie. Est-ce un atout clé pour l’organisation de votre salon, notamment par rapport à Bâle, qui était jusqu’à la dernière édition de Baselworld en 2019 le lieu où se rencontrait chaque année la communauté horlogère mondiale?

Bien sûr que cela joue un rôle important car de nombreuses manufactures horlogères sont basées à Genève. De plus, l’arrivée de marques comme Rolex, Patek Philippe ou Chopard a marqué un tournant dans l’histoire de notre salon.

Finalement, Genève présente d’autres avantages de taille comme sa position centrale en Europe, la qualité de ses infrastructures et de ses transports ainsi que l’étendue de son offre hôtelière.   

Baselworld était décrié pour les coûts élevés de ses tarifs hôteliers. Quid des hôtels genevois?

Notre fondation à but non lucratif travaille à l’année sur la maîtrise des coûts avec tous nos partenaires. Pour éviter tout excès, notre fondation centralise l’ensemble des réservations hôtelières, ce qui permet d’éviter la surenchère.

Les grands salons automobiles européens ont de plus en plus d’exposants chinois. Qu’en est-il de votre salon?

Nous accueillons une grande marque japonaise (Grand Seiko) ainsi que deux marques du groupe japonais Citizen (Frédérique Constant et Alpina). Nous sommes ouverts et échangeons avec toutes les marques intéressées à rejoindre notre salon.

Néanmoins, pour l’instant, aucune marque chinoise ne nous a contactés. Plus généralement, la décision finale d’accueillir de nouvelles marques est une décision collective qui revient à notre comité de pilotage. Le but est de garantir une certaine cohérence pour le bien de toutes les parties prenantes.

«Pour l’instant, aucune marque chinoise ne nous a contactés»


Matthieu Humair, directeur de Watches and Wonders

Votre site Internet est en français et anglais. Ne visez-vous pas les ressortissants chinois, japonais ou de pays arabophones?

Tous les marchés ont une grande importance et nous faisons en sorte de n’oublier personne. Concernant la Chine, la totalité de notre contenu se trouve sur un site WeChat car ce média est très prisé des Chinois. En outre, avec l’anglais et le français, nous couvrons une bonne partie du monde. Nous avons en plus recours à certains relais locaux, par exemple au Japon.

Votre fondation a organisé plusieurs salons à Shanghai. Allez-vous répéter ces expériences, voire les étendre à d’autres pays?

Nous avons en effet organisé avec succès trois éditions à Shanghai. En 2023, Watches and Wonders Shanghai a accueilli 14 marques et a attiré 12’000 visiteurs, notamment une forte proportion de jeunes. Pour les années à venir, il appartiendra aux marques exposantes de définir leur stratégie quant aux événements à l’étranger. Quoi qu’il en soit, notre salon principal restera à Genève.

Vous accueillez désormais non seulement des «marques élitistes» mais aussi des marques comme Alpina qui proposent des montres à moins de mille francs. Pourquoi ce choix?

Il s’agit-là d’un signe d’ouverture et d’inclusion. C’est d’ailleurs pour cette même raison que nous avons ouverts nos portes au public pour la première fois l’année passée; cette expérience a été concluante et notre salon a attiré des visiteurs de 125 nationalités, avec notamment 25% de jeunes de moins de 25 ans.

Le fait d’avoir un périmètre de marques très différent permet de montrer la variété et le dynamisme du secteur horloger. Cela offre aux visiteurs une visibilité complète sur ce qui se fait de plus beau et de plus innovant dans l’industrie, de marques confidentielles aux côtés de grands acteurs horlogers.

Envisagez-vous d’ouvrir une section spéciale pour les fournisseurs horlogers, par exemple de composants ou de machines-outils?

Nous faisons en sorte de grandir progressivement mais, pour le moment, il n’est pas prévu d’intégrer les fournisseurs horlogers. Nous avons aussi une limitation d’espace: nous utilisons déjà presque toute la capacité de Palexpo et il ne reste que peu d’espace pour accueillir quelques marques supplémentaires. Nous sommes très vigilants à donner une visibilité optimale à l’ensemble des marques exposantes.

Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg

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