Le Maroc dégaine le «PNAEPI»
En vue de sécuriser l’approvisionnement en eau potable et sauvegarder l’irrigation, notamment des grands périmètres hydrauliques, le Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 (PNAEPI 2020-2027) a vu le jour.
Le PNAEPI a été préparé suite aux Hautes Orientations Royales. Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait présidé au Palais Royal de Rabat une séance de travail consacrée au suivi du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 (PNAEPI). Cette réunion s’inscrivait dans le cadre de l’intérêt et de la Haute sollicitude qu’accorde Sa Majesté le Roi à la question stratégique de l’eau, qui a été notamment l’objet d’importantes Orientations Royales contenues dans le discours d’ouverture du Parlement en octobre dernier et de trois séances de travail présidées par le Souverain. Lors de cette séance, le ministre de l’équipement et de l’eau, Nizar Baraka, a présenté un exposé devant le Souverain, portant sur la situation hydrique et sur l’état d’avancement de la mise en œuvre des différentes composantes de ce Programme. Ainsi, conformément aux Hautes Instructions Royales visant à accélérer ce Programme et à en actualiser la consistance, un investissement supplémentaire important lui a été consenti, portant son budget global à 143 milliards de dirhams. Il a été notamment souligné dans ce cadre l’accélération du projet d’interconnexion des bassins hydrauliques de Sebou, Bouregreg et Oum Er-Rbia, avec la réalisation en cours de la tranche urgente de cette interconnexion sur 67 km; la programmation de nouveaux barrages et l’actualisation des coûts d’une vingtaine de barrages prévus, permettant ainsi d’augmenter la capacité de stockage de 6,6 milliards de m3 d’eau douce ; l’accélération des projets de mobilisation des eaux non conventionnelles, à travers la programmation de stations de dessalement de l’eau de mer et l’augmentation des capacités de réutilisation des eaux usées traitées; et le renforcement de l’approvisionnement en eau potable du monde rural, en élargissant la couverture à plus de douars et en renforçant les moyens logistiques et humains mobilisés.
Riposte
Il faut dire que le Maroc met en œuvre cette riposte afin d’anticiper une détérioration de la situation dans le futur. La région méditerranéenne connaîtra à l’horizon 2050, selon les données disponibles, une baisse comprise entre 20 à 30%. Le changement climatique est une réalité dont souffrent plusieurs pays, y compris le Maroc. Néanmoins, le Royaume dispose d’une importante infrastructure en matière de barrages garantissant l’approvisionnement en eau pendant trois années consécutives, ainsi que des stations de traitement d’eau potable, sans négliger les réalisations relatives aux aspects législatif et institutionnel.
Dans ce même contexte, la feuille de route tracée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI repose notamment sur l’accélération de la mise en œuvre des projets inscrits dans le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI), l’achèvement de la construction des barrages programmés, la mise en place d’interconnexions hydrauliques et la réalisation de stations de dessalement de l’eau de mer, le lancement d’initiatives et des projets plus ambitieux, par le recours aux innovations et aux technologies nouvelles dans le domaine de l’économie de l’eau et de la réutilisation des eaux usées et la mise à jour des stratégies sectorielles en fonction de la pression exercée sur les ressources en eau, ainsi que sur leur évolution future. Régulièrement, un comité de pilotage se réunit pour faire le point sur l’état d’avancement du PNAEPI. Dans ce sens, le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, avait présidé à Rabat en septembre 2023, la 5ème réunion du Comité de pilotage du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, consacrée à l’évaluation de l’état d’avancement de la mise en œuvre de divers projets conformément aux Hautes Instructions Royales. Cette réunion avait été l’occasion pour examiner un ensemble de programmes en cours de réalisation, notamment le programme d’interconnexion entre les bassins de Sebou et de Bouregreg, qui vise à assurer l’approvisionnement en eau potable de l’axe Rabat-Casablanca. Lors de cette réunion, les projets liés au dessalement de l’eau de mer, entrepris par le gouvernement, ont également été abordés, tels que le projet de dessalement de l’eau de mer dans les provinces d’El Jadida et de Safi, dont la réalisation a été confiée au Groupe OCP en vertu d’un protocole d’accord et d’un contrat de concession, ainsi que la station de Nador. Il est à noter que le comité national chargé du pilotage du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation, a été mis en place par le chef de gouvernement en juin 2022. Les membres de ce comité sont issus des différents départements concernés.
Energie renouvelable
Pour le gouvernement, le choix est désormais orienté vers l’utilisation des énergies renouvelables au niveau des stations de dessalement avec un objectif de réduire le coût aussi bien pour l’eau potable que pour l’eau d’irrigation. Les mesures gouvernementales comprennent également la poursuite de l’opération de fermeture des puits illégaux, la réduction de la pression et le recours à des coupures d’eau si nécessaire, qui seront opérées au niveau local, en fonction de l’évolution de la situation au niveau de chaque commune ou ville. Des comités régionaux ont été mis en place pour prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la rationalisation de la demande en eau et la bonne utilisation des ressources disponibles. M. Baraka avait par ailleurs indiqué que la responsabilité du gouvernement est d’être proactif et de lancer une alerte précoce afin de permettre la prise des mesures nécessaires concernant l’offre et la demande, lesquelles connaissent un problème lié à la rationalisation de l’utilisation de l’eau, notamment en améliorant l’efficacité hydrique tout en limitant son gaspillage. Actuellement, la priorité est d’assurer l’approvisionnement de la population en eau potable et des agriculteurs en eau nécessaire à l’irrigation afin d’assurer la sécurité alimentaire et l’approvisionnement des marchés en produits agricoles, avait-il conclu.