Maroc

Développement hôtelier au Maroc, l’Espagne en Alerte

La concentration des investissements des majors mondiales de l’industrie hôtelière au Royaume inquiète articulièrement aux Iles Canaries

Tourisme. Les chiffres sur les performances touristiques marocaines ne font pas que des heureux. Le voisin ibérique commence à s’inquiéter sérieusement du boom hôtelier constaté au Maroc où des investissements conséquents sont annoncés. Eclairages.

Alerte aux Îles Canaries. C’est là l’un des titres de la presse espagnole ces derniers jours pour commenter les performances de l’industrie hôtelière en Afrique du Nord. Dans cette région, un acteur sort du lot. C’est bien évidemment le Maroc qui commence à faire de l’ombre sérieusement à la destination Espagne en général et aux Iles Canaries en particulier en termes d’investissements. Les cinq grandes chaînes hôtelières au niveau mondial comme Accor, Hilton, Intercontinental (IHG), Marriott et Radisson se concentrent sur le développement du tourisme dans la région avec l’annonce du développement de 361 hôtels dans les années à venir. Si des destinations comme l’Egypte ou la Tunisie sont concernées par les plans des chaînes hôtelières internationales, le Maroc capte une bonne partie des ouvertures annoncées. Sur les 361 hôtels, pas moins de 161 établissements sont prévus au Royaume.

Pour la presse espagnole, les nouvelles ouvertures annoncées vont permettre à la destination Maroc d’augmenter sa capacité litière de 100.000 nouveaux lits. Il faut dire que les annonces des grands groupes hôteliers se multiplient pour la destination Maroc. C’est le cas du Groupe Accor qui a annoncé début 2024 un nouveau plan pour l’ouverture d’une dizaine de nouveaux hôtels dans des villes touristiques marocaines sur deux ans. Pour l’occasion, le groupe avait organisé un voyage pour des journalistes marocains afin de rencontrer Patrick Mendes, directeur général d’Accor pour l’Europe et l’Afrique du Nord, au siège du groupe à Paris.

Ce dernier prévoit de signer des contrats de gestion d’hôtels déjà opérationnels ou d’hôtels en cours de construction avec l’introduction ou le retour au Maroc de nouvelles marques du groupe hexagonal comme Mercure, Tribe et Handwritten principalement dans les destinations touristiques importantes au Royaume comme Dakhla, Tanger, Ouarzazate et Fès. Pour sa part, le groupe hôtelier américain Radisson affiche son ambition de doubler sa présence au Maroc. Le groupe envisage ainsi de porter son portfolio actuel de 11 établissements, entre hôtels en activité et projets en développement, à 25 unités à l’horizon 2030.

Cette stratégie a mené à l’élargissement des responsabilités d’Erwan Garnier, directeur senior du développement, incluant désormais le Maroc. «L’objectif principal réside dans le renforcement de notre présence à Casablanca et Marrakech, où nous gérons déjà le Radisson Blu Hotel, Casablanca City Center, ainsi que le renommé Radisson Blu Hotel, Marrakech Carré Eden. En outre, nous envisageons de nous implanter dans les villes stratégiques de Rabat, Tanger, Agadir et Fès», avait indiqué le directeur senior du développement pour l’Afrique au sein du Radisson Hotel Group. Et de préciser que «dans le cadre de notre plan quinquennal et en prévision de la Coupe du monde FIFA 2030 au Maroc, ces villes représentent un potentiel considérable pour le développement d’un portfolio diversifié, incluant des hôtels d’affaires idéalement situés, des appartements avec services, des projets mixtes de haut standing et l’expansion de notre offre en complexes hôteliers d’exception».

Les groupes espagnols aussi
Le développement de l’industrie hôtelière au Maroc atteint un tel niveau que même les groupes espagnols s’y mettent. Ainsi, Barceló Hotel Group, qui opère au Maroc depuis 2006, a annoncé il y a quelques mois un investissement de plus de 80 millions d’euros dans l’acquisition et la rénovation future de deux hôtels 5 étoiles à Casablanca et Rabat, anciennement commercialisés sous la marque Farah, offrant respectivement 279 et 192 chambres. Introduisant la marque de luxe Royal Hideaway au Maroc, le groupe ibérique devrait être ainsi prochainement présent dans le pays à travers ses quatre marques: Royal Hideaway, Barceló, Occidental et Allegro.

A cette occasion, le CEO de la région EMEA dudit groupe, Raúl González, avait affirmé : «Notre objectif est de continuer à nous développer dans le pays et d’ajouter de nouveaux hôtels à notre portefeuille, principalement des établissements 4 et 5 étoiles, tant dans le segment vacances que dans le segment urbain, là où nous sommes déjà présents, ainsi que dans de nouvelles destinations». De son côté, le groupe espagnol Hotusa, à travers sa chaîne hôtelière Eurostars Hotel Company, vient d’annoncer l’ouverture de trois hôtels au Maroc en 2024 et 2025. Le premier hôtel, l’Eurostars Casa Anfa, situé dans le nouveau hub de Casablanca, ouvrira ses portes à l’automne, a précisé le groupe dans un communiqué.

La chaîne prévoit également d’ouvrir l’Eurostars Californie dans la même ville fin 2024 et l’Exe Zerktouni mi-2025, ce qui portera le nombre total des chambres proposées à 251, a ajouté la même source. Les trois établissements, tous nouvellement construits, sont situés dans des zones stratégiques de la ville, fait noter Hotusa. «Le Maroc devient ainsi le vingtième pays dans lequel la chaîne Eurostars Hotel Company est présente, élargissant son portefeuille international d’établissements dans des zones touristiques de premier plan», a souligné le groupe. «Les prochaines ouvertures à Casablanca constituent la première étape de notre plan de croissance en Afrique du Nord, l’une des principales zones d’intérêt international de la chaîne, avec l’Europe occidentale, les États-Unis et l’Amérique latine», a déclaré le président du groupe Hotusa, Amancio López, cité par le communiqué.

Les opérateurs touristiques sont attirés par les bonnes performances du pays dans le domaine. Les arrivées touristiques au Maroc ont atteint 3,3 millions de personnes au terme du premier trimestre 2024, en progression de 12,8% par rapport à la même période un an auparavant, selon la Direction des études et prévisions financières (DEPF). «Pour ce début d’année 2024, les principaux indicateurs du secteur du tourisme (arrivées et nuitées) poursuivent leur élan. En effet, le flux des arrivées à la destination «Maroc» s’est renforcé de 12,8% au terme du premier trimestre 2024, porté par les performances de mars, février et janvier 2024 (respectivement +10,2, +17,9 et +10,4%)», indique la DEPF dans sa récente note de conjoncture.

Par segment, cette progression est due à la hausse du nombre des arrivées de touristes étrangers de 15,4% et de celui des Marocains résidant à l’étranger (MRE) de 9,8%, précise la même source. Comparé au premier trimestre 2019, le volume des arrivées au Maroc s’est consolidé de 31,6%, fait savoir la DEPF.

Mondial 2030

Fatim-Zahra Ammor, ministre du tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire. (D.R)

Mobilisation. La ministre du tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, a assuré que son département est pleinement mobilisé pour accueillir les équipes et le public dans les meilleures conditions lors de la Coupe du monde 2030 de football. «En tant que département du tourisme, l’enjeu réside dans la capacité d’hébergement aussi bien des équipes de la FIFA que du public», a-t-elle souligné dans une déclaration à la presse à l’issue d’une réunion élargie dans le cadre des préparatifs pour l’organisation de la Coupe du monde 2030 et consacrée à la coordination entre l’ensemble des départements ministériels concernés, à la mise en place d’un système unifié de l’action collective conjointe et à la concrétisation d’une feuille de route intégrée. La ministre a, en outre, indiqué que cette réunion a connu la participation de l’ensemble des départements concernés par l’organisation de la Coupe du monde 2030, ainsi que les responsables territoriaux afin de déterminer notamment les besoins. Les départements concernés «vont travailler avec un esprit d’équipe, main dans la main, afin de pouvoir être prêts déjà pour le dossier de candidature au mois de juillet, mais également pour l’accueil de cet évènement qui permettra au Maroc de briller au niveau international», a conclu la ministre.