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L’énorme bouée de sauvetage des Emirats à l’Egypte – Actualités Tunisie Focus

Le fonds souverain émirati ADQ s’est engagé à investir au cours des deux prochains mois un montant record de 35 milliards de dollars en Egypte. De quoi permettre au pays de « surmonter la crise » qu’il traverse depuis deux ans, selon son Premier ministre.

« C’est le plus gros accord d’investissement direct étranger de l’histoire de l’Egypte », se félicite Moustafa Madbouli. Le Premier ministre égyptien a annoncé vendredi dernier l’injection par le fonds souverain émirati ADQ de pas moins de 35 milliards de dollars dans l’économie du pays au cours des deux prochains mois.

Sur ce total, 24 milliards de dollars seront destinés à l’acquisition des droits d’exploitation d’une nouvelle ville en devenir sur la péninsule méditerranéenne de Ras el Hikma, à 200 km à l’ouest d’Alexandrie. Ce terrain de 171 km² à la géographie désertique comprendra à terme « des quartiers d’habitation adaptés à tous les moyens, des hôtels internationaux haut de gamme, des stations balnéaires, une offre de divertissement, ainsi que tous les services propres à une ville », a listé le chef du gouvernement lors d’une allocution depuis la nouvelle capitale administrative égyptienne, elle-même toujours en chantier depuis 2016 .

Un « partenariat »

La péninsule aux plages idylliques présentera également une zone franche avec un centre technologique et des industries légères, un port de plaisance et un aéroport international. Ses habitants autochtones n’auront toutefois pas droit de cité. Ils seront indemnisés et relogés plus au sud, a déclaré le Premier ministre.

Avec ce projet dans les tiroirs depuis plusieurs années, les autorités égyptiennes espèrent attirer 150 milliards de dollars d’investissements supplémentaires et 8 millions de touristes chaque année. Aucun plan détaillé pour parvenir à ces objectifs n’a toutefois été communiqué.

« Il ne s’agit pas d’une vente des actifs de l’Egypte mais d’un partenariat », a assuré le Premier ministre, devançant les critiques. Le Caire percevra 35 % des revenus d’exploitation du projet, dont la durée n’a pas été dévoilée. Des entreprises égyptiennes seront par ailleurs associées à sa mise en oeuvre a assuré le chef du gouvernement, face aux magnats de l’industrie immobilière égyptienne.

Crise économique

Sur les 35 milliards de dollars annoncés, quelque 11 milliards de dollars de dépôts émiratis à la banque centrale seront par ailleurs convertis en investissements pour être dirigés vers d’autres projets soutenant « la croissance économique et le développement », a ajouté ADQ dans un communiqué de presse.

Une véritable bouée de sauvetage pour l’Egypte qui s’enfonce depuis le début de la guerre en Ukraine il y a deux ans dans une grave crise de liquidités, conséquence des déséquilibres structurels de son économie. La situation s’était dernièrement aggravée avec la guerre à Gaza, ayant conduit en particulier à la chute des revenus du canal de Suez . « Ce projet va nous permettre de surmonter la crise », a déclaré Moustafa Madbouli.

« L’ampleur de l’investissement est bien plus importante que ce qui était attendu et son timing est beaucoup plus rapide », a réagi Goldman Sachs dans une note. Ces financements ainsi qu’une possible révision à la hausse d’un prêt de 3 milliards de dollars approuvé en 2022 par le FMI, devraient permettre de « couvrir le déficit de financement égyptien pour les quatre prochaines années », a estimé la banque d’investissement.