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Après plus de 31 000 morts à Gaza et l’utilisation de trois veto, Washington propose une résolution de cessez-le-feu – Actualités Tunisie Focus

Au cours de sa sixième tournée au Moyen-Orient, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a fait savoir que les États-Unis allaient proposer un projet de résolution de cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza. Une proposition qui intervient après trois veto de Washington à l’ONU et plus de 31 000 morts dans l’enclave.

Après six mois d’intenses combats et plus de 31 000 morts gazaouis, et après avoir usé de son veto à trois reprises pour bloquer des résolutions au Conseil de sécurité de l’ONU, Washington se résigne désormais à appeler à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.

Au cours de sa sixième tournée au Moyen-Orient, le chef de la diplomatie américaine était en Arabie saoudite où il a accordé une interview à la chaîne saoudienne Al-Hadath le 20 mars. Antony Blinken a appelé à «un cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages». «Nous avons déjà soumis un projet de résolution, actuellement devant le Conseil de sécurité, qui appelle à un cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages, et nous espérons vivement qu’il recevra le soutien des pays», a-t-il précisé. «Cela enverrait un message fort, un signal fort», a-t-il ajouté.

Un Parti démocrate de plus en plus critique à l’égard d’Israël

Face aux inquiétudes répétées de la Maison Blanche concernant une probable intervention israélienne à Rafah, au sud de la bande de Gaza, Antony Blinken a insisté : «Nous voulons que la guerre prenne fin pour nous consacrer à l’avenir de la bande de Gaza.» «Bien sûr, nous soutenons Israël et son droit à se défendre», a-t-il tenu à ajouter, tout en jugeant «impératif» de protéger les populations civiles.

Cette proposition américaine sur un cessez-le-feu intervient dans un contexte de campagne présidentielle aux États-Unis. Le Parti démocrate est de plus en plus critiqué pour sa gestion du conflit au Proche-Orient et plusieurs voix en interne se lèvent pour appeler à un changement de politique. En effet, Chuck Schumer, le sénateur démocrate et le plus haut élu juif des États-Unis, a ouvertement condamné le Premier ministre israélien en appelant à des élections en Israël pour le remplacer, rapporte un article du New York Times datant du 14 mars. Même son de cloche du côté du sénateur américain Chris Van Hollen du Maryland. «Si vous continuez à nous ignorer, il y aura des conséquences», a prévenu ce dernier le 10 mars.

Plus du tiers des membres démocrates du Sénat américain ont aussi appelé le 20 mars le président Joe Biden à pousser davantage à la création d’un État palestinien.

La position de Washington évolue, mais reste ambiguë. Malgré l’annonce d’une aide américaine par le biais d’un port temporaire au large de Gaza le 7 mars, les États-Unis fournissent toujours des armes à leur allié.

Washington a bloqué à trois reprises des résolutions onusiennes sur un cessez-le-feu à Gaza

Fin décembre, les médias israéliens rapportaient que l’État hébreu avait reçu «plus de 10 000 tonnes d’armements et d’équipements militaires» des États-Unis, livrés en moins de trois mois par «244 avions-cargos et 20 navires américains».

Outre le soutien militaire de 3 milliards de dollars d’aide annuelle, en novembre dernier, le président américain avait demandé au moins 14,3 milliards de dollars d’aide supplémentaire pour l’État hébreu, rapportait un article d’Axios datant du 20 octobre. Cette nouvelle enveloppe comprend notamment de l’argent pour les systèmes de défense aérienne et antimissile, y compris le Dôme de fer.

Sur la scène diplomatique, malgré le consensus des pays arabes, de la Russie, de la Chine, de l’Afrique du Sud, du Brésil et de nombreux autres États, les États-Unis ont utilisé à trois reprises leur droit de veto pour bloquer des résolutions au Conseil de sécurité de l’ONU réclamant un cessez-le-feu à Gaza. Washington s’en était servi le 18 octobre contre la proposition brésilienne, le 8 décembre contre celle des Émirats arabes unis et dernièrement contre celle portée par l’Algérie, au nom des pays arabes, le 20 février. Depuis 1970, les États-Unis ont fait usage à 36 reprises de leur droit de veto pour bloquer des résolutions des Nations unies concernant le conflit israélo-palestinien.