Toulouse : L’entreprise de vélos-cargos Botch sommée de changer de nom par le géant Bosch

Le pot de terre contre un pot de fer. Alors que l’entreprise toulousaine spécialisée dans la fabrication de vélos-cargos sur mesure basée sur le recyclage s’est nommée « Botch Cargo Bikes », une expression bien connue des Toulousains, ces cinq petites lettres n’emballent pas le mastodonte « Bosch ». Au point que la multinationale veut faire disparaître la marque « Botch », au grand dam de ses trois gérants, comme l’a dévoilé Ici Occitanie. Si Bosch confirme la mise en demeure auprès de 20 Minutes, l’entreprise ne préfère, pour l’heure, pas commenter l’affaire. Ce n’est pas le cas de Thomas Gras, le fondateur de Botch qui revient sur cette « histoire de fou ».
D’où vient l’expression « Botch » qui a inspiré votre marque ?
C’est purement Occitan. Quand on était gamins, on le disait tout le temps. « T’es botch », « C’est un truc de botch ». On rigolait avec cette expression qui veut dire « fou ». Et quand j’ai lancé le projet en octobre 2021, je voulais souligner l’ancrage local. Pour moi, il était essentiel de mettre en avant cet ADN toulousain. A mes yeux, il n’y avait pas d’autres mots, pas d’autres expressions plus significatives de Toulouse que « botch ». Et il faut être un peu « botch » pour se lancer dans la fabrication de vélos-cargos sur mesure et recyclés ici.
Mais comment la marque allemande a-t-elle entendu parler de vous ?
Avec Bosch Mobilité France, nous nous croisions souvent sur des salons. Ils sont, en effet, également dans le monde du vélo. Ils font notamment des moteurs. On se côtoyait, on se disait bonjour mais rien de plus. Mais tout a changé lorsque nous avons déposé la marque Botch Cargo Bikes à l’INPI [Institut National de la Propriété Industrielle]. C’est à ce moment-là qu’un cabinet d’avocats s’est chargé et venu vers nous. Il nous a envoyé le 13 janvier une mise en demeure qui nous demandait de changer nom car la ressemblance entre Botch et Bosch prête à confusion.
Juridiquement, il se passe quoi depuis ?
Le courrier demande la suppression de tout ce qui fait référence à Botch : la marque auprès de l’INPI, toute communication avec notre nom, de la raison sociale, donc de l’entreprise. On nous demande de changer notre marque, protégée par la propriété intellectuelle, mais aussi notre raison sociale, c’est-à-dire le nom de notre société. Pour eux, c’est une atteinte à leur image, c’est du parasitage… Ils veulent qu’on change tout. De notre côté, nous avons tenté des discussions à l’amiable. Nous savons en effet que nous n’avons pas nos chances de garder notre marque car le côté notoire de Bosch domine et prévaut sur l’ensemble.
Pour la raison sociale, donc le nom de notre société, en revanche, ce serait une procédure qui irait devant les tribunaux si nous ne voulions pas l’appliquer. Nous sommes prêts à faire des concessions, nous avons proposé des modifications mais nous avons surtout demandé un délai de douze mois car ce n’est pas rien de repartir de zéro sur l’identité de sa société.
Du coup, vous n’avez plus vraiment le choix ?
Devant l’INPI, en effet, nous n’aurons pas cette chance et notre marque va disparaître. Si on continue à utiliser Botch, ils peuvent nous envoyer devant le tribunal pour plusieurs motifs et on nous a laissés entendre qu’ils iraient jusqu’au bout, donc dans notre situation on ne peut pas jouer les kamikazes. Même si c’est de l’occitan, que c’est un marqueur local, qu’il y a une lettre de différence, Bosch gagne. Ils ont des marques déposées dans toutes les catégories possibles, ils sont partout. Dans notre catégorie, ils ont des dizaines de marques. Donc, on est plutôt pieds et poings liés…
Vous avez déjà réfléchi à un potentiel autre nom ?
On commence à émettre l’idée de changer de nom, à contrecœur, mais rien n’est défini encore, d’où le délai qu’on demande à Bosch. Ce sont des années de travail. C’est difficile d’en arriver là, surtout après une année 2024 difficile pour notre secteur…