Savoie : Comment accéder aux stations de ski sans passer « dix heures dans les bouchons » après l’éboulement sur la RN90 ?
Samedi, vers 10h30, un éboulement s’est produit sur la route nationale 90, au niveau des gorges de Ponserand dans le sens Albertville – Moûtiers, entraînant d’importantes perturbations sur la circulation sur le principal accès aux stations de ski de la Tarentaise, comme La Plagne, les 3 Vallées ou Tignes. Il a fallu « cinq heures de trajet » pour parcourir 13 km et dépasser le point de l’éboulement, selon le cabinet de la préfecture de Savoie.
Face à cette situation, le tunnel de Ponserand, habituellement en sens unique, a été aménagé en double sens. « Aujourd’hui, on peut accéder en sécurité aux stations par le tunnel, explique Jean-Luc Boch, maire de La Plagne-Tarantaise. Mais on a divisé par deux la capacité de passage des véhicules. Ça reste donc problématique pour le trafic, surtout à partir de ce week-end. » D’après la préfecture, près de 190.000 véhicules sont attendus sur les routes du département.
« Et encore, on ne sera pas en chassé-croisé, ajoute l’élu. Le week-end d’après, il y aura tous ceux qui seront venus ce week-end qui partiront, plus tous ceux qui vont arriver. Là, ce sera comme le périphérique parisien aux heures de pointe. »
Pas de RN90 avant « la fin des vacances scolaires »
En effet, les vacances scolaires commencent ce samedi pour la zone B, comprenant les académies d’Aix-Marseille, Lille ou encore Rennes. « Il y a 400.000 lits touristiques en Tarentaise et là, on est proche de la saturation en termes de réservation », indique Jean-Luc Boch, également président de l’Association nationale des maires des stations de montagne. Les semaines suivantes, ce sera le tour des Parisiens et des Toulousains avant de voir débarquer les Bordelais, Grenoblois et Lyonnais.
Selon lui, la RN90 ne sera pas accessible « avant la fin des vacances scolaires ». « Même si les équipes sont à pied d’œuvre depuis ce week-end pour miner les blocs en suspens, ça peut prendre des semaines, voire des mois, appuie-t-il. Le temps de faire tomber tout ce qui est sensible, de sécuriser, de décider comment réparer ou réancrer les filets détruits. Si les équipes ont tout purgé, peut-être qu’il y aura un droit d’accès réglementé plus tôt mais c’est très complexe car derrière, il y a beaucoup de responsabilités pénales et mentales, surtout avec les trois prochaines semaines où ce ne seront que des files sans discontinuité de voitures. »
Pas de clause de remboursement après l’éboulement
Jean-Luc Boch précise que, malgré les conditions exceptionnelles, « aucun remboursement de votre séjour au ski n’est envisageable ». « C’est le temps de trajet global qui est plus long, mais l’accès est toujours possible, pointe-t-il. Donc, aucune assurance ne couvre cet aspect. » Avec cette absence de clause, les stations n’ont pas eu d’annulation. « C’est un problème à un endroit donné mais quand vous l’avez passé, c’est fini : vous êtes en vacances », s’exclame le président de l’ANMSM.
Ainsi, le maire de La Plagne-Tarentaise demande aux vacanciers de « venir le plus tôt possible » pour « passer cette zone en difficulté ». « J’insiste mais il faut vraiment que les gens comprennent que s’ils arrivent avant 10 heures ou après 20 heures, ils minimiseront les effets négatifs de cet incident », appuie-t-il.
Avant d’ajouter : « Malheureusement, on sait que les consignes ne seront pas respectées car il y a toujours des petits malins qui se disent : « Tout le monde va passer à 10 heures, donc je passerai à midi ». Mais ça ne fonctionne pas comme ça. D’abord, parce que beaucoup de personnes n’ont pas entendu, compris ou chercher à voir ces consignes. Et ensuite, parce que le nombre de véhicules étant largement supérieur à la capacité d’absorption à une route d’une seule voie, ça va être très complexe. Je le répète, c’est comme si on supprimait le périphérique parisien. »
D’après lui, avant 10 heures, il n’y aura « pas ou très peu d’embêtement, entre trente minutes et une heure d’embouteillage maximum ». Alors qu’après, et jusqu’à 20 heures, « vous allez perdre dix heures dans les bouchons ». De son côté, la préfecture recommande de privilégier les solutions de mobilité durable comme les transports en commun et covoiturage et assure que des connexions directes sont organisées entre les gares et les stations.
Une réunion prévue pour « anticiper » d’éventuels problèmes d’accès
Une réunion est prévue mercredi entre tous les acteurs locaux concernés pour « être en capacité de prévoir les moyens d’hébergement, au cas où », fait savoir l’élu. « Il est nécessaire de mettre en œuvre quelque chose de plus fonctionnel que ce week-end, avec des dispositifs de sécurité tout au long du parcours », souligne-t-il.
Samedi soir, face aux embouteillages trop importants, 1.500 personnes ne pouvaient pas rejoindre les stations et ont été prises en charge. Un plan d’accueil et d’hébergement a été déclenché pour qu’elles puissent se reposer et se restaurer. En parallèle, des équipes de la Croix-Rouge ont été mobilisées pour porter assistance aux véhicules bloqués en distribuant des vivres.
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« Il faut anticiper au maximum et ne pas avoir des plans hébergement à la dernière seconde, affirme-t-il. On a déjà des listes de logements plus confortables que des lits de camp pour certaines familles avec enfants. » Des centres d’hébergement vont être mis en place en station dès samedi pour « les gens qui arrivent très tôt », de manière qu’ils puissent se reposer en arrivant. « On a pensé à tout », sourit Jean-Luc Boch.