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« Toute ma vie effacée », l’histoire invraisemblable de l’ancien gardien Pascal Rousseau, atteint d’une amnésie générale

Pascal Rousseau est un gardien qui a marqué son époque en D1 française. Par ses tenues, déjà, lui qui aimait tout ce qui sortait de l’ordinaire, avec des couleurs vives, bariolées, mais surtout par ses qualités dans le but. Elu meilleur gardien en 1988, alors qu’il jouait à Laval, il a également remporté un titre de champion avec l’OM de JPP, Chris Waddle et Enzo Francescoli, en 1990. Sauf qu’aujourd’hui, il ne se souvient de rien.

Comme le raconte un article touchant paru dans L’Equipe ce mardi, Rousseau a perdu toute sa mémoire quand son cerveau a subi une sorte de court-circuit, le 10 mars 2019. « Je me suis réveillé à l’hôpital. Je ne savais pas mon nom. Une infirmière est entrée :  »Salut La Rousse ! T’es enfin réveillé ? »  »Je ne vous connais pas… » C’était une copine de vingt ans, raconte-t-il. J’ai perdu toute ma mémoire. Toute ma vie effacée. »

« On m’a représenté ma femme, mes enfants »

Les médecins lui diagnostiquent une amnésie dissociative rétrograde. « L’organisme met en place un blocage dans la récupération des souvenirs, explique sa psychothérapeute. Des amnésies sélectives touchent certains événements comme les abus sexuels. Le cas de Pascal, une amnésie généralisée, est plus rare. »

L’ancien gardien a dû tout réapprendre, jusqu’aux prénoms des membres de sa famille. « On m’a représenté ma femme, mes enfants… Je développe une espèce d’hypersensibilité, alors quand je l’ai prise dans mes bras, je savais que c’était ma femme. J’ai le ressenti, l’émotionnel », note Rousseau.

Raconter son histoire sur scène

Il tente, peu à peu, de se réapproprier son passé. D’anciens équipiers l’ont aidé, comme Frank Lebœuf, qu’il avait connu en Mayenne à la fin des années 80. L’Equipe rapporte qu’en octobre 2023, il s’est rendu à Rennes, pour un match face à Nantes. Marcher sur la pelouse du stade n’a pas suffi pour lui déclencher des souvenirs particuliers, mais l’accueil du public le jour du match l’a soulevé. « J’ai reçu une dose d’amour incroyable ! Le kop a scandé mon nom. Les supporters étaient très bienveillants. J’ai dû laisser une image de quelqu’un de très abordable. »

Ce que tous ses anciens partenaires, comme Maxime Bossis, Olivier Dall’Oglio ou Patrick Guilllou, confirment bien volontiers. A 62 ans, Pascal Rousseau ne perd pas espoir. Sa quête se poursuit, et il a pour ambition de la raconter un jour sur scène, dans une pièce qui s’appellerait « Souvenez-moi ». « J’ai besoin d’en parler, dit-il. Plein de gens ne sont pas diagnostiqués. J’ai envie qu’ils sachent que ça existe. Si ça peut les aider. »