France

Plus de 80.000 demandes de retrait de contenus pédopornographiques ou terroristes en 2022

Malgré la régulation, les contenus illégaux continuent de fleurir en ligne. Vidéos, photos, propos… Plus de 80.000 demandes de retrait de contenus pédopornographiques ou terroristes ont été adressées à des sites par les autorités en 2022, a indiqué mardi la magistrate chargée de contrôler ces actions au sein de l’Arcom. Ce niveau « très élevé » reflète la forte présence de ces contenus en ligne, a commenté Laurence Pécaut-Rivolier, membre de l’Arcom (le régulateur de l’audiovisuel), lors d’une conférence de presse.

Les contenus visés par ces demandes ne représentent en effet qu’ « une infime partie » du total, puisqu’une large part est auparavant bloquée par les « systèmes de détection automatique des plateformes ». Le grand nombre de demandes de retrait n’est donc « pas une bonne nouvelle, car cela veut dire qu’on est sur du contenu de masse », même s’il s’agit souvent de contenus identiques postés plusieurs fois, a poursuivi Laurence Pécaut-Rivolier.

Pédopornographie et apologie du terrorisme

Au sein de l’Arcom, cette conseillère à la Cour de cassation est chargée par la loi de contrôler l’action de l’office de la police judiciaire qui gère la plateforme de signalement Pharos. C’est cet office qui adresse les demandes de retrait aux sites où se trouvent les contenus illicites, et le rôle de Laurence Pécaut-Rivolier est de s’assurer a posteriori que ces demandes ne sont pas abusives. Sur un total de 82.754 demandes de retrait en 2022, 67.000 concernaient des contenus pédopornographiques et 15.000 des contenus d’apologie du terrorisme.

Les premiers se trouvent essentiellement sur des sites confidentiels connus des initiés. A l’inverse, les auteurs de contenus terroristes cherchent à les diffuser le plus largement possible à des fins de propagande. La majorité de ces contenus-là provient du groupe Etat islamique et d’Al-Qaida, selon Laurence Pécaut-Rivolier. Il peut s’agir de « films d’apologie » scénarisés, qui contiennent en général « des images absolument abominables de décapitation », ou encore de « journaux », avec des « comptes rendus d’actions menées pendant la semaine » et listant « le nombre d’attentats, le nombre de morts ».

Des « images qui restent en tête »

Dans un autre ordre d’idées, Laurence Pécaut-Rivolier a cité l’exemple de « haines absolument terribles » provoquées par une caricature du journal satirique Charlie Hebdo en février à propos du séisme en Turquie. Selon elle, le dessin s’est attiré sur les réseaux sociaux des « commentaires [qui relevaient] du contenu terroriste », avec des phrases comme « Notre tort a été de ne pas tous les tuer », en référence à l’attentat islamiste qui a décimé la rédaction en janvier 2015.

Laurence Pécaut-Rivolier examine les contenus qui font l’objet d’une demande de retrait chaque semaine lors d’une séance de visionnage. Chaque séance permet d’examiner 5.000 contenus. Elle est assistée par douze collaborateurs volontaires au sein de l’Arcom, qui se relaient à raison de deux par séance pour limiter leur exposition à ces contenus violents.

Tous se réunissent tous les deux mois sous l’égide d’un psychologue pour parler de ce qu’ils ont vu, un « système d’évacuation » rendu nécessaire par « la violence difficilement descriptible » de ces contenus, selon la magistrate. « On a des images qui nous restent en tête », a-t-elle souligné. « La grosse difficulté, c’est qu’on ne peut parler de ce qu’on a vu à personne » de l’entourage. En 2021, le nombre de demandes de retrait était encore plus élevé, autour de 133.000.