France

Bordeaux : Pourquoi les fuites sur le réseau d’eau devraient diminuer avec la nouvelle régie ?

Cela fait tout juste trois mois que la gestion de l’eau potable est repassée dans le giron public, sur la métropole de Bordeaux dont les réseaux étaient gérés auparavant par le groupe Suez. Et s’il est outrageusement agaçant pour un riverain de constater une fuite d’eau dans sa rue et parfois son délai de prise en charge, les choses devraient s’améliorer progressivement. Si l’opérateur privé a un contrat de six à sept ans, les opérateurs publics travaillent sur un temps plus long. « On a d’autant plus de responsabilités quand cela nous appartient et la société organisatrice est en phase avec son opérateur public », pointe Sylvie Cassou-Schotte, présidente de la régie bordelaise

Quel bilan actuel ?

D’après l’observatoire des services publics d’eau et d’assainissement, le rendement moyen des services d’eau s’établit à 80,1 % en 2020. Le rapport précise que « par ailleurs [sur la base de 5.597 observations], 10 % des usagers relèvent d’un service dont le rendement de réseau est inférieur à 65,6 % et 10 % relèvent d’un service dont le rendement de réseau est supérieur à 90 % » sachant que les plus bas rendements concernent quasi exclusivement des « petits » services ruraux et les meilleurs rendements des grands services urbains. La métropole bordelaise est plutôt bonne élève avec 84 % de rendement et vise 87 % dans les prochaines années. Il est à noter qu’il est impossible de proposer à l’heure actuelle un réseau avec un rendement de 100 %, sans aucunes pertes.

« On s’est donné des moyens techniques pour prévenir les fuites et même en délégation de service public, c’était déjà une préoccupation majeure », explique Sylvie Cassou-Schotte. Le réseau de la métropole s’étend sur plus de 3.200 kilomètres et il est très ancien, notamment dans le centre historique de Bordeaux. « On est une ville sur l’eau, c’est du gruyère », commente-t-elle. Pour apaiser un peu l’exaspération des riverains, la présidente de la régie insiste sur le fait que l’eau (de ces fuites) n’est pas complètement perdue, puisqu’elle retourne dans le sol.

Comment agir contre les fuites ?

Selon la nature de la fuite, il n’est pas toujours possible de la traiter en vingt-quatre heures. « Les fuites invisibles sont celles qui mettent le plus de temps à se faire connaître, parfois jusqu’à 45 jours, précise la présidente. Notre priorité à la régie sera d’agir le plus vite possible et de la façon la plus efficiente. » Environ 90 % des fuites sont réparées en 72 heures mais pour les 10 % restant, c’est plus complexe et l’intervention peut être beaucoup plus lourde. Courant 2023, la régie va élaborer un diagnostic et un plan d’investissements sur ce sujet, même si elle ne part pas d’une feuille blanche.

En 2021, 900 capteurs acoustiques fixes ont été installés sur le réseau qui est aujourd’hui bien maillé et cela permet de détecter des anomalies par secteur. Comme il y a une saisonnalité des fuites, liées notamment aux changements de températures, la régie souhaiterait aussi renforcer ponctuellement l’effectif de dix personnes actuellement. Tous les deux ans, l’ensemble du dédale du réseau bordelais est entièrement inspecté.

Pour aller plus loin ?

La réutilisation des eaux usées, une fois traitées, pour certains usages (lavage de voiture ou arrosage pelouse) pourrait être envisagée si les nouvelles constructions étaient dotées de double canalisation. Bien sûr, cela concernerait des bâtiments suffisamment proches de l’une des sept stations d’épuration de l’agglomération.

« On surexploite nos nappes profondes, on le sait depuis 2000, et il faut modifier nos comportements. Vingt ans ce n’est rien pour ce type de projet, pour lequel le temps long est nécessaire afin de moderniser intelligemment le réseau », pointe la présidente de la régie. Le réseau d’assainissement passe en régie dans trois ans, sur la métropole bordelaise.