Belgique

Pourquoi la frégate Louise Marie n’est-elle pas encore en mer Rouge ?

« Le commandant de bord (une femme, le capitaine de frégate Helena Vande Gaer) et l’état-major ont décidé de prolonger la période d’entrainement de la frégate à la suite de plusieurs entraînements et tests techniques qui n’ont pas donné entière satisfaction. Les manquements identifiés font actuellement l’objet d’analyse et de mesures correctives seront prisent en vue de l’engagement de la frégate vers sa zone d’opération », ajoute le texte.

« Pour des raisons évidentes de sécurité opérationnelle, nous ne communiquerons pas plus de détails », poursuit la Défense.

« La sécurité et la préparation de notre personnel et de nos capacités sont essentielles. Elles ne peuvent souffrir d’aucun compromis », conclut le texte.

Le Louise-Marie (familièrement surnommé LoMa par les marins), avait appareillé le 10 mars de Zeebrugge pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge et dans le détroit d’Ormuz, qui sépare l’Iran des Émirats arabes unis (EAU) et du sultanat d’Oman, dans le cadre de deux opérations européennes distinctes.

Cette frégate, que le ministère de la Défense présente comme « un navire polyvalent qui peut être déployé dans une grande variété de contextes tels que la lutte contre la piraterie, la protection de navires marchands ou la participation à une flottille dans un contexte plus défavorable », doit répartir son déploiement entre les opérations Agénor et Aspides, cette dernière lancée le 19 février par l’Union européenne pour garantir la liberté de navigation en mer Rouge.

La période d’entraînement « de quelques semaines » en mer Méditerranée était prévue. Mais la frégate, l’un des deux bâtiments de ce type que compte la Marine, doit ensuite se rendre en mer Rouge et participer à Aspides, une mission « défensive », en assurant la protection des navires commerciaux.

La Belgique en mer Rouge face aux Houthis : “On dirait une blague à la belge”

En mer Rouge, artère essentielle pour le commerce international, les rebelles yéménites Houthis mènent depuis novembre dernier une campagne de frappes de drones et de missiles contre des navires qui y transitent, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas depuis le 7 octobre.

Le LoMa doit ensuite être affecté à la Task Force Agénor, le pilier maritime de l’opération « European Maritime Awareness in the Strait of  Hormuz » (EMASoH, en français Mission européenne de surveillance maritime dans le détroit d’Ormuz),

EMASoH a été mise en place début 2020 afin de garantir la liberté de navigation et de désamorcer la situation dans le Golfe persique et autour du détroit d’Ormuz, par lequel transite un cinquième de la production mondiale de pétrole. La mission a été lancée à l’initiative de la France, mais s’inscrit dans le cadre d’une coalition européenne de neuf pays (Belgique, Danemark, France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Norvège et Portugal).

Les tensions se sont exacerbées au cours des derniers jours, à la suite d’une attaque meurtrière menée le 1er avril contre le consulat iranien à Damas, la capitale syrienne, et imputée à Israël.

L’Iran a saisi samedi un porte-conteneurs près du détroit d’Ormuz, l’une des voies maritimes les plus empruntés par la marine marchande. Les autorités iraniennes n’ont toutefois pas indiqué si cette opération était liée à leurs récentes menaces de représailles après l’attaque meurtrière contre leur consulat à Damas.

Les États-Unis ont annoncé vendredi l’envoi de renforts au Moyen-Orient alors qu’Israël est en alerte face à une possible attaque iranienne.

Pour cette mission, les systèmes de visée, de détection et de tir existants à bord du Louise-Marie « ont été optimisés » pour la lutte contre les drones et élargir le spectre de moyens dont dispose la frégate, selon la Défense. Le site spécialisé À l’Avant-Garde a, sur la base de photos, déterminé qu’il s’agit du montage de mitrailleuses Minigun M134D de type Gatling (c’est-à-dire équipée de six canons rotatifs) d’un calibre de 7,62x51mm et pouvant atteindre une cadence de tir comprise entre 2.000 et 6.000 coups par minute.