Belgique

L’affaire Schild en Vrienden peut avoir un impact important sur le financement public du Vlaams Belang

L’ancien député qui siégeait au sein du groupe Vlaams Belang (VB) à la Chambre a été défendu dans les médias par son ancien président de parti, Tom Van Grieken. Ce dernier ne prend-il pas un risque en agissant de la sorte ? Il est tout de même question de propos racistes, antisémites, nazis, négationnistes… tenus au sein des groupes de discussion de Schild en Vrienden. Tout cela pourrait nuire à la stratégie de “dédiabolisation” menée par le Belang sur le modèle français du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen.

Pour Benjamin Biard, politologue au Crisp (Centre de recherche et d’information sociopolitiques), l’image du Vlaams Belang pourrait ressortir abîmée de cette séquence. “Ce jugement met un coup de pied dans la fourmilière dans le cadre de la stratégie de dédiabolisation que le parti essaie de développer depuis que Tom Van Grieken a accédé à la présidence.”

Le Belang assume

Même si, en 2019, Dries Van Langenhove s’est présenté en tant qu’indépendant sur les listes du parti d’extrême droite, on peut l’assimiler au Belang. “Son intégration au parti date de janvier 2019, soit quelques mois après la révélation du vrai visage de Schild en Vrienden et de son fondateur dans un reportage de la VRT.” En recrutant ce jeune homme sulfureux, Tom Van Grieken savait qu’il avait affaire à un radical.

Associé à Van Langenhove, le Vlaams Belang perdra-t-il pour autant des plumes aux élections du 9 juin ? Il est permis d’en douter. Si certains électeurs pourraient se détourner de cette formation contaminée par l’affaire Schild en Vrienden, il est à parier que d’autres voudront y voir la démonstration que le pouvoir judiciaire est à la solde des partis mainstream, selon la petite musique jouée par le VB… La vague qui porte le Vlaams Belang, de sondage en sondage, ne devrait donc pas faiblir à la suite de la condamnation de Van Langenhove. Elle pourrait au contraire se renforcer.

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Une épée de Damoclès sur le VB

Aux yeux de Benjamin Biard, ce dossier judiciaire suspend toutefois une épée de Damoclès financière au-dessus du Vlaams Belang. “Certes, Dries Van Langenhove avait quitté son siège et avait rompu plus formellement ses liens avec le VB. Mais il siégeait au sein du groupe parlementaire à la Chambre et rétrocédait une part de son indemnité au parti. Par ailleurs, parmi les cinq autres personnes qui ont été également condamnées, se trouve Joeri Van Olmen qui est président de la section locale du parti à Sint-Niklaas. Ces liens directs entre le procès et le Vlaams Belang peuvent avoir un impact important sur le financement public du parti. L’article 15 ter de la loi du 4 juillet 1989 (loi qui porte sur la limitation et le contrôle des dépenses électorales) prévoit en effet la privation de la dotation publique d’un parti lorsque ce dernier montre son hostilité aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales.

Concrètement, ce mécanisme permettrait aux parlementaires membres de la commission de Contrôle des dépenses électorales de la Chambre de saisir le Conseil d’État afin de demander la suppression de la dotation octroyée au Belang. “Il y a eu plusieurs tentatives durant cette législature, rappelle le politologue. La députée PS Mélissa Hanus avait tenté d’activer cet article contre le VB.”

Un lien plus compliqué avec la N-VA

Outre ces éventuelles suites juridiques contre le VB, la formation d’extrême droite pourrait également payer les graves errements de Dries Van Langenhove dans les futures alliances gouvernementales. Une partie de la N-VA verrait d’un œil favorable l’émergence d’une coalition noir et jaune en Flandre, qui associerait le parti de Bart De Wever à l’extrême droite au sein de l’exécutif flamand. Une autre partie de la N-VA ne veut pas en entendre parler. L’implication de Tom Van Grieken dans la défense médiatique de l’ancien chef de Schild en Vrienden pourrait donner plus de poids à cette aile de la N-VA.

On a déjà vu ce schéma par le passé à Ninove, ajoute Benjamin Biard. Bart De Wever avait laissé la porte ouverte à une potentielle coalition communale avec les élus de Forza Ninove (Vlaams Belang) et puis, très rapidement, après des révélations sur des publications racistes du député VB Guy D’haeseleer (qui tirait la liste Forza Ninove), la N-VA avait fermé la porte. On voit que ce genre d’informations peut renforcer l’opposition à ce type d’alliance avec le Belang.

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