Belgique

La “Plateforme citoyenne” relance l’hébergement de demandeurs d’asile au sein des familles

Toutes ces mesures, pour l’instant insuffisantes, ont un objectif clair : soulager le réseau d’accueil Fedasil dont les 36 000 places sont – presque toutes – occupées, et qui ne parvient plus à garantir un logement aux demandeurs d’asile présents en Belgique. C’est d’ailleurs à cause de cette saturation que Nicole de Moor a décidé, en contradiction avec la loi, de suspendre l’accueil systématique des hommes seuls dans des structures Fedasil. Depuis cet été, ces hommes seuls doivent donc vivre dans la rue, dans des squats ou dans des hébergements d’urgence.

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Un accueil structurel et centralisé

”La situation est réellement catastrophique, constate Anne-Catherine de Neve, coordinatrice d’antennes régionales de la “Plateforme citoyenne”, une structure qui rassemble des citoyens pour offrir un toit, des vivres et un accompagnement aux réfugiés. Le réseau Fedasil est saturé, les hébergements d’urgence sont complets, et nous avons constaté qu’un homme seul qui vient demander l’accueil en Belgique doit attendre en moyenne cinq mois pour être finalement accueilli au sein d’une structure de l’État. Il passera donc plusieurs mois dehors, ce qui constitue une situation humainement intenable. L’impact sur la santé mentale et physique est évident, alors que de telles conditions ne permettent pas de mener à bien les processus administratifs indispensables pour le suivi d’un dossier.

C’est pour cette raison que la Plateforme, en plus de ses hébergements collectifs, relance un accueil structurel et centralisé au sein des familles. “Depuis six ans et demi, nous avons toujours eu des familles qui ont hébergé des personnes pour quelques nuits ou des périodes un peu plus longues. Nous estimons qu’il y a encore près de 200 familles qui accueillent des réfugiés [hors ressortissants Ukrainiens NdlR]. Mais au vu de la situation qui empire semaine après semaine, nous remettons en place une organisation centralisée pour pouvoir mieux dispatcher, au sein de ces familles, les demandeurs d’asile.”

La Plateforme citoyenne redéploie donc son dispatching, ainsi qu’un réseau de personnes référentes pour aider les familles – ce qu’elle avait organisé en 2017. “Nous sommes en train de remettre cela en place pour les familles et les femmes demandeuses d’asile. Nous le ferons pour les hommes dans un deuxième temps”, confirme Anne-Catherine de Neve.

Par ailleurs, la Plateforme propose un suivi administratif et psycho médico-social de ces personnes exilées, une formation des familles accueillantes, l’accès à un vestiaire solidaire, des cours de langue, d’informatique ou des activités culturelles… Le tout, en s’appuyant sur des dons, sur des fonds régionaux, sur un réseau de bénévoles et sur un groupe Facebook de plus de 40 000 personnes, véritable centre névralgique par lequel se croisent encouragements, questions, demandes d’aides, de service ou de mise en contact.

L’objectif n’est pas que les citoyens suppléent le manque d’investissement de l’État en faveur de l’accueil des demandeurs d’asile, rappelle la Plateforme. Pour autant, l’accueil au sein des familles porte aussi des fruits, souligne Anne-Catherine de Neve. “Malgré les difficultés, la chaleur humaine, la stabilité, l’aide concrète – ne fût-ce qu’administrative – qu’un tel accueil offre aux exilés sont indéniables. Il a un impact positif très concret sur la suite du parcours en Belgique.”

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