Belgique

Alexia Bertrand (Open VLD) : “Les idées du PTB ne fonctionnent pas dans le monde réel”

Si c’était “La” solution, tout le monde l’aurait mise en place, non ? Mais on a sans doute la gauche la plus intelligente du monde, qui a mieux compris les choses que le reste de la planète… On est déjà le seul pays à avoir des allocations de chômage illimitées dans le temps et on irait à nouveau à contre-tendance en matière fiscale ? Si c’est pour faire fuir hors de Belgique les capitaux et les gens qui donnent de l’emploi, alors, on aura tout perdu. Les libéraux diront “non” à la taxe proposée par les socialistes. Pour le PS, il n’y a que deux groupes dans la société : les gens qui sont au chômage de longue durée et les gens qui doivent tout payer… Aujourd’hui, voter à gauche, c’est choisir plus d’impôts. L’Open VLD, au contraire, veut supprimer la tranche de 45 % de l’impôt des personnes physiques (IPP), qui touche tous ceux qui gagnent plus de 1 930 euros par mois. Moi, je ne me bats pas pour les rentiers, mais pour les gens qui bossent.

guillement

Pour le PS, il n’y a que deux groupes dans la société : les gens qui sont au chômage de longue durée et les gens qui doivent tout payer… Aujourd’hui, voter à gauche, c’est choisir plus d’impôt.« 

En Flandre, vous le disiez, l’équilibre budgétaire est un enjeu de la campagne. Du côté francophone, le sujet est peu évoqué. Comment expliquez-vous cette différence ?

Les jeunes que j’ai pu rencontrer dans tout le pays s’inquiètent de l’importance de la dette. Je ne comprends pas que certains partis refusent de le voir. On est dans une surenchère : le PTB met la pression sur les partis de gauche du côté francophone et c’est à celui qui promet le plus… Du côté flamand, on est plus au centre-droit et le souci d’une bonne gestion budgétaire pour la prospérité et la création de richesses qui ruissellent ensuite sur tous domine le débat.

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Alexia Betrand, secretaire d'etat au Budget
Alexia Bertrand contemple Bruxelles depuis son bureau situé dans la Tour des Finances, en face du Botanique. ©Jean Luc Flemal

Une Vivaldi II est-elle envisageable pour l’Open VLD ?

À sept, c’est très très compliqué. Je rêve d’une coalition avec moins de partis. Sous la “suédoise”, on a bien travaillé avec la N-VA. On parle la même langue que ce parti sur le plan économique. Je connais la situation budgétaire : on a besoin d’un gouvernement de réforme en pension, du marché du travail et en soins de santé. Je veux travailler avec des partis qui veulent vraiment 80 % de taux d’emploi, qui veulent donner plus de salaire net aux gens et qui veulent s’attaquer au “profitariat”. Ce qu’Alexander De Croo a fait avec la Vivaldi, c’est un petit miracle : tenir sept partenaires et trouver des accords, 11 milliards d’euros d’effort budgétaire, 300 000 jobs créés, le pouvoir d’achat préservé, la pension minimum des indépendants augmentée, on a étendu les flexi-jobs, deux réacteurs nucléaires ont été prolongés… Tout cela ne serait pas arrivé sans les libéraux au pouvoir. On a tiré le plus de ce que l’on pouvait tirer de cette équipe.

Si la N-VA en Flandre se lie au Belang après le 9 juin, l’Open VLD refusera d’être associé à la N-VA dans le prochain gouvernement fédéral ?

Cette association serait dramatique. Pour l’Open VLD, il n’y a pas d’association possible avec le Vlaams Belang. C’est comme cela que les démocraties meurent : un parti populiste d’extrême droite ou d’extrême gauche est associé au pouvoir, on lui ouvre la porte en le rendant acceptable… J’espère de tout cœur que la N-VA ne commettra pas cette faute.

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Au sud du pays, c’est le PTB qui pourrait arriver aux affaires. Un danger moindre que celui du Belang ?

Certains aiment les débats philosophiques et nous expliquent que le PTB est moins dangereux car le Belang est raciste. Mais le PTB professe un système d’exclusion de groupes entiers. Il cherche des boucs émissaires : un jour, ce sont les classes aisées ; un autre jour, ce sont les banques et les multinationales… Le PTB divise le monde entre les bons et les méchants. C’est trop facile. Le PTB n’a aucune compréhension du fonctionnement de l’économie. En outre, ils ont eu du mal à condamner l’invasion de l’Ukraine, ont des positions douteuses sur Israël ou encore montrent leur proximité avec le régime chinois à l’égard des Ouïghours…. Le PTB est antieuropéen et veut sortir de l’Otan. Bref, ce parti est dangereux. Ses idées ne fonctionnent pas dans le monde réel. Toutes les expériences communistes n’ont débouché que sur la dictature, le totalitarisme, la terreur, la misère…

guillement

Le PTB professe un système d’exclusion de groupes entiers. Il cherche des boucs émissaires : un jour, ce sont les classes aisées ; un autre jour, ce sont les banques et les multinationales… Le PTB divise le monde entre les bons et les méchants.« 

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