Belgique

Alexia Bertrand (Open VLD) : “Dès que les libéraux réclament plus d’efficacité dans les dépenses publiques, les partis de gauche se mettent à crier”

Donc, l’État fédéral est le bon élève du pays sur le plan budgétaire ?

Oui. On s’est tenu à ce qu’on avait annoncé à l’Europe dans le programme de stabilité. On a fait notre part et même plus. Par contre, la Flandre et Bruxelles… Qui porte le gros des charges aujourd’hui ? L’État fédéral.

Vous ne comprenez rien au budget de l’État ? Alexia Bertrand l’assure, ce site web va vous aider

Vous en concluez que gouverner avec la gauche socialiste et écologiste n’empêche pas de garder les finances sous contrôle ?

Dieu merci, les libéraux étaient là… Cette discipline vient de la volonté très forte de l’Open VLD, du Premier ministre et de moi-même. Je remercie nos partenaires de coalition de nous avoir permis de réaliser cela. Nous avons eu le soutien du MR et le CD&V a joué aussi son rôle. Mais, avant chaque conclave, certains partis de la majorité affirmaient que l’effort demandé était impossible à réaliser car trop élevé. Heureusement, nous sommes passés à travers. Et la note de la Belgique a été maintenue par les trois grandes agences de notation. Pendant ce temps, en France, Macron a dû réunir son cabinet de crise car le déficit et la dette publique dérapent gravement.

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Après la crise Covid et les dépenses publiques massives qu’elle a impliquées, l’Union européenne a fixé un nouveau cadre plus strict au niveau budgétaire. À gauche, certains proclamaient un “changement de paradigme” après la pandémie, le corset des règles budgétaires allait éclater. Mais, en fait, ce n’est pas du tout ce à quoi on assiste.

Oui. Et ces règles, ce n’est pas pour embêter les Etats-membres ou les citoyens. On ne peut pas faire une “Europe à la carte” en matière de finances publiques : il existe des “budgeto-sceptiques” en Europe, des gens qui doutent donc de l’Union européenne. On ne peut pas prendre les droits de l’homme et taper sur la Hongrie d’Orban et, par contre, dire que les règles budgétaires sont absurdes. L’Europe, c’est un tout.

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Pour l’Open VLD, il est ardu de mener une campagne électorale en se proclamant champion de l’orthodoxie budgétaire… Cela ne fait pas rêver, cela ne va pas sortir votre parti du fond du classement dans les sondages.

L’Open VLD veut une bonne gestion des finances publiques pour pérenniser le modèle social, avoir de la marge pour une réforme fiscale et permettre aux gens de gagner plus. En veillant à mettre en ordre le budget, les libéraux flamands sont en fait les meilleurs défenseurs de la Sécu. Nous voulons une sécurité sociale efficace. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Dès que nous réclamons plus d’efficacité dans les dépenses publiques, les partis de gauche se mettent à crier. Les dépenses, c’est le nouveau point Godwin. On ne peut même plus avoir le débat. En soins de santé, en enseignement, la Belgique est dans le haut du classement des pays de l’OCDE en matière de dépenses. On constate que l’argent ne va pas au bon endroit. En santé, on est par exemple mauvais en prévention.

guillement

L’Open VLD veut une bonne gestion des finances publiques pour pérenniser le modèle social, avoir de la marge pour une réforme fiscale et permettre aux gens de gagner plus. En veillant à mettre en ordre le budget, les libéraux flamands sont en fait les meilleurs défenseurs de la Sécu.« 

Pour équilibrer un budget, on peut aussi chercher à obtenir plus de recettes…

Dans le gouvernement De Croo, l’effort budgétaire a été réalisé à concurrence d’un tiers en dépenses, d’un tiers en recettes et d’un tiers en “divers”. Et, grâce aux libéraux, il n’y a pas eu un seul impôt supplémentaire sur les classes moyennes. C’est pour cela qu’on a besoin de nous dans les gouvernements ! Il y a eu une taxe sur les banques, sur les surprofits énergétiques… mais rien sur les classes moyennes.

Votre partenaire au fédéral, le PS, propose dans son programme électoral une taxe sur les “ultra-riches”, c’est-à-dire, selon les socialistes, toute personne qui dispose de 1,25 million d’euros en plus de son habitation et des avoirs éventuels affectés à son activité professionnelle. Est-ce que cette idée est acceptable pour l’Open VLD en vue de la négociation d’un futur accord de gouvernement ?

À la base, on n’a pas de tabou. Mais l’Open VLD refuse une mesure qui ne serait qu’un pur symbole, une pest tax (un impôt de harcèlement), où on fouille dans les caves des gens pour trouver la porcelaine de bonne-maman car cela implique un cadastre des patrimoines privés… Non. Le Bureau fédéral du Plan a clairement expliqué qu’établir ce patrimoine est presque impossible. Par ailleurs, il ne reste plus que trois pays de l’OCDE qui ont encore un impôt sur la fortune.

guillement

L’Open VLD refuse une mesure qui ne serait qu’un pur symbole, une pest tax (un impôt de harcèlement), où on fouille dans les caves des gens pour trouver la porcelaine de bonne-maman car cela implique un cadastre des patrimoines privés…« 

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