En Haut-Valais, un atelier donne des visages à nos peurs ancestrales
Quand la nuit tombe dans le Lötschental, une vallée montagneuse du Haut-Valais, des personnages aussi archaïques qu’inquiétants arpentent les villages. Ce sont les Tschäggättä. Reportage chez deux jeunes ébénistes qui maintiennent la tradition de ces masques en bois, entre œuvres d’art et sueurs froides. Le sol de l’atelier d’Elia Imseng est jonché d’éclats et de copeaux de bois. L’air embaume le pin sylvestre. Sur l’établi, enserrée dans un étau, l’ébauche d’un masque. Yeux, nez et bouche sont déjà formés. «Je l’ai commencé hier, explique le sculpteur, qui se donne environ vingt heures pour l’achever. Je n’ai jamais vraiment de projet précis, je me laisse inspirer par le bois.» Elia est fils d’artisan. Son arrière-grand-père, son grand-père puis son père étaient tous les trois sculpteurs de masques à Kippel, dans le Lötschental. Et lui-même a commencé à tailler le bois dès l’enfance. Avec son frère Andrea, il observait le processus créatif de son père dans l’atelier familial. Il …
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