Tunisie

Tunisie-FMI: pas de nouvelles, mauvaises nouvelles – Actualités Tunisie Focus

C’est J-1, quatre jours depuis que la délégation officielle de la Tunisie est dans les locaux du FMI et Banque mondiale. Pourquoi faire? On ne le sait pas, mais ce qu’on en sait est que la délégation tunisienne rase les murs, aucun de ses membres n’a été sur les plateaux et plateformes de discussions et de débat tenus par le FMI et la Banque mondiale lors des Rencontres du printemps 2024.

Des pays comparables, on a vu les Mauritiens, les Marocains, les Égyptiens, les Saoudiens, les Emiraties…mais pas les Tunisiens. Ni le gouverneur de la Banque centrale de la Tunisie ni là ministre de l’économie, ni la cheffe de Cabinet du premier ministre Hachani. Silence radio!

Est-ce parce que la délégation tunisienne n’a rien à dire, n’a pas de cause à défendre et encore moins de constats et idées à exprimer. Est-ce que parce que les les membres de la délégation sont nouveaux (première fois à assumer ces postes)? Est-ce que parce qu’ils sont francophones, mal alaise en anglais (formés exclusivement en France)? Est-ce qu’ils n’ont rien à dire, de convainquant à médiatiser pour les Tunisiens qui veulent en savoir et mieux comprendre les enjeux de cette mission nébuleuse déjà au départ.

Ce matin, dans les conférences de presses de là gouverneur du FMI, et du Dr Azour le directeur général des projets avec les pays du Mena et de l’Afrique du Nord, pas un seul mot sur la Tunisie.

Le silence est total, le cas tunisien n’est pas sexy, pour en parler. Le cas tunisien est hors sujet, et pas défendable Trois raisons sont possibles pour expliquer l’echec de la délégation tunisienne à défendre le dossier et décrocher un prêt et un feu vert de la part du FMI.

1- les arguments véhiculés par la délégation tunisienne ne sont pas défendables. Le FMI insiste pour les réformes structurelles et souhaite une trajectoire à l’égyptienne, ici et maintenant. Cela veut dire dévaluation du dinar, hausse du taux directeur, privatisation et vérité des prix.

2- les Américains ne veulent pas donner leur acquiescement à une aide à la Tunisie malgré l’insistance de l’Italie. La France ne veut pas non plus aider le président Kais Saied, me rapportent des observateurs proches de la délégation française.

3- la trajectoire politique de la Tunisie, avec les élections qui approchent et ces dizaines de personnalités politiques emprisonnées sans procès, n’indiquent rien de bon. La Tunisie est juste un contre exemple, tout sauf ce qu’on veut aider quand on croit aux principes des accords du Bretton Wood.

En revanche dans les couloirs des bâtiments du FMI et de la Banque mondiale, on compte une dizaine de Tunisiens et Tunisiennes agissant dans des prestigieuses universités américaines et canadiennes, ou des organismes internationaux sillonnent les couloirs pour scruter et comprendre ce qui se passent.

Je rapporte ci-dessous mes brèves interactions, après les présentations, ne connaissant pas nécessairement ces personnes.

A- j’ai rencontré un économiste ancien ministre du gouvernment islamiste qui a été destitué par un vote défavorable au parlement. Il est présent à titre d’observateur attaché (selon ses dires) au PNUD. Cet ex ministre me dit que la Tunisie n’est pas en crise, et ceux pensent le contraire se trompent, ajoutant les gouvernments précédents ont fait le nécessaire pour faire en sorte que le dinar résiste, les expatriés injectent de l’argent et le tourisme revient …

B- j’ai rencontré aussi un expert en énergie et nouvelles technologies de decarbonation, qui participent à ses frais et se plains de l’absence de l’appui de la Tunisie, à ses projets. Ajoutant que les projets d’électrification de l’Afrique, sont conçus par les « Blancs » excluant les Africians dans le design et les montages que des experts tunisiens auraient pu l’assumer.

C- j’ai aussi rencontré un universitaire d’origine tunisienne qui passe son temps à courtiser les délégations pour recruter des intervenants dans les conférences qu’il organise en Tunisie pour des fins mercantiles et marchandes. Une situation déplorable et indigne…

Il reste peu de temps, et on va espérer que les travaux des 2 journées qui s’en viennent apportent des lueurs d’espoir.

Moktar Lamari