Tunisie

Les anciennes Madrasa de Tunis – Actualités Tunisie Focus

Dans l’acception courante, une Madrasa en langue arabe, désigne une institution dont les missions fondamentales consistent à enseigner et à instruire les jeunes, en leur dispensant savoirs et éducation.

Cependant, les premières madrasas créées dans notre pays, dont la plus ancienne : Al Madrassa Al-Shammaïya fondée au début du XIIIe siècle par le premier sultan Hafside, Abou Zakaria Yahya , avaient une double fonction :

En plus de l’enseignement qu’elles dispensaient, ces madrasas devenues nombreuses au fil du temps surtout à Tunis , faisaient aussi office de foyers d’hébergement gratuits, et assez rarement de cantines, pour les étudiants issus des différentes régions de l’intérieur, qui s’installaient dans la capitale pour suivre leur scolarité, soit dans l’une de nombreuses madrasas que comptait la ville, ou bien à un niveau plus élevé, dans l’illustre université de la Zeitouna .

Si les premières madrasas datent du début de l’époque hafside, comme Al- Mountassiriya ou Al- Morjaniya, la plupart d’entre elles sont de fondation plus tardive ( entre le XVIIe et le XIXe siècles ), à savoir, à l’époque des deux dynasties mouradite et Husseinite à l’instar d’Al- Mouradiya, Al-Andaloussiya, Al-Husseiniya, Al-Bashiya, Bir Lahjar , Al-Achouriya etc…..

En général, ces écoles étaient fondées par les souverains eux-mêmes et à leur initiative , mais dans beaucoup de cas , elles le furent par des notables qui cherchaient à faire œuvre pérenne de bienfaisance et de piété.

En plus de la prise en charge des frais de l’édification de ces madrasas, les fondateurs leurs affectaient souvent et à perpétuité, des biens Habous ( biens de main-forte), afin de leur garantir des revenus permanents à même d’assurer l’entretien des lieux et les soldes des enseignants et autres personnels de gestion.

Les cours étaient assurés par des cheikhs ( Moudarres) à l’intérieur de la salle de prière, qui représente dans chacune de ces Madrasas l’espace le plus vaste, le plus distingué et de par sa sacralité, le plus respecté .

Quant aux contenus et aux méthodes des enseignements dispensés , ils étaient statiques, voire immémoriaux, traditionnels et souvent redondants, basés pour l’essentiel sur les différentes disciplines religieuses : Coran et Hadith ( tradition du prophète), Fiqh ( droit musulman) , Rhétorique etc… ) et subsidiairement sur l’enseignement de la lague et de la littérature arabes .

Certaines madrasas suivaient le rite Malékite majoritaire dans le pays, tandis que d’autres sous l’emprise ottomane , professaient le rite Hanéfite.

Bien que d’aspects assez diversifiés, le plan et l’architecture de ces madrasas étaient pour l’essentiel quasi standardisé : Tout autour d’un large patio pavé, de forme carrée ou légèrement rectangulaire , s’alignent sous des galeries couvertes avec arcs supportés par des colonnes et des chapiteaux de style hafside ou ottoman , les chambres beaucoup plus sobres et dénudées, réservées au logement des étudiants.

Afin d’illustrer ce propos, je partage les photos ci-dessous de la madrasa Slimaniya, sise dans la rue éponyme, tout près de la rue des libraires et non loin de la mosquée Zitouna.

Édifiée en 1754 par Ali Pacha 1er à la mémoire de son fils Slimane (empoisonné par son frère au cours d’un épisode trouble de l’histoire de notre pays) , La madrasa Slimaniya fait fonction actuellement, comme plusieurs anciennes madrasas de Tunis, d’espace culturel et de siège de plusieurs associations.

Boubaker Ben Fraj 

Ps: La beauté du porche de cette madrasa a inspiré comme on peut le constater dans les images ci-jointes, plusieurs artistes peintres tunisiens et étrangers dont Charles Lallemand, Alexandre Roubtzoff, Rached Triki ……..


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