Tunisie

La BIAT décapitée: Ismail Mabrouk débarqué? – Actualités Tunisie Focus

Pourquoi Ismaïl Mabrouk s’apprête à lâcher les rênes de la Biat ? À peine un an après sa nomination, Moez Hadj Slimen a quitté, mercredi, son poste de directeur général de la BIAT. Un changement qui annonce le départ probable d’Ismaïl Mabrouk, à la tête du conseil d’administration de la première banque du pays.

L’information circulait depuis plusieurs mois, et elle est désormais confirmée par plusieurs sources haut placées : le Tunisien Ismaïl Mabrouk cherche à quitter son siège de président du conseil d’administration de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) – première banque du pays – détenue à 38,59% par sa famille.

Le remplacement le 3 avril dernier de Moez Hadj Slimen par Elyes Jebir , pur produit de la banque, au poste de directeur général est la première concrétisation de ce changement.

« C’est un ravalement de façade, les Mabrouk quittent les postes les plus exposés pour mieux préserver leurs intérêts, au premier rang desquels la Biat » , affirme un observateur de premier plan. En effet, les autorités ont resserré l’étau autour des Mabrouk depuis plusieurs mois.

Le frère cadet Marouane Mabrouk, dirigeant d’Orange Tunisie et ex-gendre de Ben Ali, a été écroué en novembre 2023 pour soupçon de corruption financière.

Le 12 février, le président tunisien Kaïs Saïed a exigé des banques privées qu’elles s’impliquent plus dans l’économie nationale. Le lendemain, la Banque internationale arabe de Tunisie se fendait d’un communiqué pour annoncer une série de mesures, dont la restauration complète de la piscine municipale du Belvédère, que le chef de l’État venait de visiter, avec l’armée en maître d’ouvrage.

La place financière y a vu la volonté des Mabrouk de complaire à l’homme fort du pays. De nombreux hommes d’affaires sont sous le feu des projecteurs dans le pays, et se voient obligés de payer de fortes amendes au titre de la « réconciliation pénale ».

Elyes Jebir, un protégé d’Ismaïl Mabrouk

Il n’est pas question pour la famille, présente également dans l’agro-alimentaire, la grande distribution (Monoprix, Géant) et le tourisme (hôtels Four Seasons, Le Méridien), d’abandonner son vaisseau amiral de la Biat, ni ses autres activités. Elle souhaite désormais influer sur la banque en coulisses.

Le contexte politique est incertain, et le système veut faire payer les « corrompus ».

Le choix d’Elyes Jebir n’est cependant pas anodin. Son ascension a coïncidé avec la nomination d’Ismaïl Mabrouk à la tête du CA en 2009. Dès l’année suivante, en effet, le protégé est nommé directeur de la plus grande agence du pays. Avant sa dernière nomination, Elyes Jebir était le responsable du pôle banque de détails et un tout récent membre du conseil d’administration des Assurances Biat.

Preuve de ce changement dans la continuité, le cours de bourse de la Biat est quasiment resté inchangé (-0,8%) depuis le début de la semaine.