Enquête BEI-UE : Les PME ne parviennent pas à financer leur essor
Les petites et moyennes entreprises (PME) en Tunisie représentent 95 % du tissu entrepreneurial tunisien et font face à des conditions de prêt dissuasives, avec 82 % des PME soulignant des taux d’intérêt peu avantageux. Une enquête menée par la Banque européenne d’investissement (BEI) indique que « 44 % des dirigeants ont obtenu un prêt auprès d’une institution financière, 15 % se sont vu refuser, et 38 % recourent à des sources informelles ».
L’importance des Petites et Moyennes Entreprises (PME) dans l’économie nationale, que ce soit en matière d’emploi, d’innovation ou de création de richesse, nécessite une attention particulière sur les conditions qui entourent leur financement.
Les difficultés de financement des PME sont une préoccupation majeure. Elles se révèlent être des obstacles significatifs à leur croissance et à leur survie. Les caractéristiques propres à ces entreprises restreignent leur accès à différentes sources de financement, les rendant souvent dépendantes d’un unique mode de financement, qui peut s’avérer insuffisant pour répondre à leurs besoins.
En Tunisie, les petites et moyennes entreprises constituent un moteur de l’économie, générant des emplois, de l’innovation et s’intégrant dans les chaînes de valeur mondiales de secteurs stratégiques. Toutefois, leur développement et leur internationalisation sont freinés par un accès limité au financement et des conditions bancaires rigoureuses.
L’accès des PME au financement constitue un obstacle majeur, présentant un paradoxe inquiétant pour un tissu entrepreneurial par ailleurs dynamique. Une enquête réalisée par la Banque européenne d’investissement (BEI) dans le cadre du programme « Trade and Competitiveness Programme » (TCP), cofinancé par l’Union européenne, met en exergue les contraintes structurelles qui entravent le développement et la croissance des PME.
Le financement bancaire recherché
Actuellement, les PME prennent de plus en plus de place dans l’activité économique nationale et leur rôle est de plus en plus perceptible grâce à leurs innovations. Néanmoins, leur insertion dans l’économie nécessite un encouragement à travers divers dispositifs d’aide, en proposant différents produits et services, particulièrement des financements bancaires.
Le financement bancaire est sollicité de manière croissante, notamment par ces entreprises qui cherchent des alternatives à l’autofinancement. La banque et la PME sont deux acteurs essentiels de l’économie, étroitement liés. Le rôle de la PME ne peut être négligé, tout comme celui de la banque.
Cependant, le financement bancaire, bien qu’étant la seule source de financement accessible aux PME, reste faible en raison du risque de défaut important associé à ces entreprises, ainsi que du manque d’actifs négociables pouvant servir de garanties pour obtenir des financements. Malgré leur importance en tant que levier financier, les prêts sont souvent insuffisants pour répondre aux besoins des entrepreneurs aux premiers stades de développement. En outre, l’enquête révèle que près de 35 % des PME tunisiennes estiment que la difficulté d’accès au crédit limite directement leur capacité à exporter, tandis que 45 % d’entre elles, réussissant à exporter, le font à une échelle réduite, à cause de ressources insuffisantes pour respecter les normes internationales, étoffer leur réseau logistique, ou investir dans la prospection commerciale.
Les garanties, encore et toujours !
L’enquête, impliquant 150 dirigeants de PME dans des secteurs clés comme l’industrie automobile, l’agro-industrie et le textile, indique que « toutes les PME ne disposent pas des mêmes opportunités d’accès au crédit : 44 % des dirigeants ont obtenu un prêt auprès d’une institution financière, 15 % ont vu leur demande refusée, et 38 % se tournent vers des sources informelles, telles que des proches, amis ou réseaux personnels ».
Il en ressort que seulement 3 % des responsables de PME n’ont jamais demandé de financement, soulignant ainsi le besoin urgent d’un soutien financier externe pour assurer leur croissance. L’étude indique que les PME et TPE, représentant 95 % du tissu entrepreneurial tunisien, se heurtent à des conditions de prêt dissuasives, notamment des taux d’intérêt élevés (82 %), des garanties exigées trop élevées (52 %) et des procédures administratives complexes (53 %).
Cela montre que l’accès au financement bancaire pour les PME dépend des garanties réelles qu’elles sont en mesure de fournir. Étant donné que l’économie nationale mise sur le dynamisme des PME, l’intervention de l’État pour remédier aux problèmes de financement s’avère indispensable, notamment par la création d’un système et de mécanismes de garantie.
Les PME tunisiennes font face à de nombreux défis, mais avec des stratégies et outils appropriés, ces entreprises peuvent prospérer, améliorer leur rentabilité et se positionner pour une croissance durable sur un marché compétitif en Tunisie.
Najoua HIZAOUI

