Le ministre brésilien des Affaires étrangères a des origines suisses
À l’occasion d’une rencontre avec son homologue suisse Ignacio Cassis, Mauro Vieira s’est rendu dans la ville de Soleure. L’arrière-arrière-arrière-grand-mère du politicien était suisse et a émigré au Brésil.
Le lieu de la rencontre ne devait rien au hasard: Mauro Vieira a des racines soleuroises. Ses ancêtres étaient originaires d’Erschwil, dans le Schwarzbubenland (canton de Soleure). C’est de là qu’ils ont émigré au Brésil il y a 200 ans.
L’arrière-arrière-arrière-grand-mère de Mauro Vieira, Agatha Jeker, a fait le long voyage en 1819 alors qu’elle était encore enfant. «Elle venait d’une famille de paysans qui tissaient également le lin», explique Simon Lutz, historien du village d’Erschwil.
À cette époque, de nombreux Suisses cherchaient une vie meilleure ailleurs. Et ils espéraient aussi trouver suffisamment de nourriture, explique Simon Lutz. L’Europe et d’autres parties du monde souffraient de mauvaises récoltes et de famines – les conséquences d’une éruption volcanique en Indonésie.
En route pour le pays où coulent le lait et le miel
Le voyage d’Agatha Jeker l’a d’abord menée d’Erschwil aux Pays-Bas, avec 118 autres Soleuroises et Soleurois. Sur place, un groupe d’environ 2000 Helvètes voulait embarquer sur les voiliers pour le Nouveau Monde. Nombre de ces personnes sont toutefois décédées en Hollande, où la malaria sévissant, ou durant la traversée en mer.
Là-bas, un groupe d’environ 2000 personnes venues de Suisse voulait monter sur des voiliers. Mais certains voyageurs sont déjà morts en Hollande de la malaria qui y sévit. D’autres ont perdu la vie durant de l’éprouvante traversée en mer.
Le bateau transportant les migrantes et migrants venus d’Erschwil a atteint le Brésil au bout de 69 jours. «Certaines personnes étaient tant affaiblies par le voyage qu’elles sont décédées peu de tramps après leur arrivée», précise Simon Lutz. Des documents conservés dans les archives de l’État de Soleure le prouvent.
Don de l’église
Dans leur nouvelle patrie, la ville de Nova Friburgo près de Rio de Janeiro, les Suisses espéraient trouver la terre promise, «où coulent le lait et le miel». Mais leurs attentes ont été déçues, car transformer les parcelles de forêt vierge obtenues en terrains cultivables s’est avéré laborieux.
La colonie d’émigrés soleuroise s’est donc adressée à la Suisse pour demander de l’aide. «Le gouvernement soleurois a réagi avec retenue. Il a ordonné aux églises de faire don de la quête du dimanche suivant aux colons soleurois. Et les pasteurs ont été invités à faire un prêche pour la colonie», rapporte Tobias Berger, collaborateur scientifique des archives de l’État de Soleure, en se basant sur des documents archivés.
Plus tard, le canton aurait envoyé de l’argent. Mais selon Tobias Berger, on ne sait pas si l’argent est arrivé à bon port.
Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’Agatha Jeker est restée au Brésil. Le nom de famille Jeker y est devenu Ieker. Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Luiz Ieker Vieira de son nom complet, a déclaré lors de son passage à Soleure qu’il était émouvant de visiter la région d’origine de sa famille.