Suisse

La loi sur l’électricité passe aisément l’épreuve des urnes

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Keystone / Valentin Flauraud

D’après les premières projections, la loi sur l’électricité serait acceptée par le peuple suisse à près de 70%. Le résultat est sans grande surprise, puisqu’un large consensus régnait dès le départ autour de la réforme.

Les premières projections des votations de ce dimanche confirment les résultats des derniers sondages: les Suisses acceptent la vaste réforme qui vise à renforcer le développement des énergies renouvelables à l’intérieur du pays et assurer l’approvisionnement en électricité.

Dans les cantons de Genève, Vaud et Zurich, le oui dépasserait les 70%. Schwytz refuserait à plus de 52%.


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La Confédération, qui vise la neutralité carbone d’ici 2050, se dote ainsi d’une loi dont les principaux objectifs sont d’éviter d’éventuelles pénuries d’électricité, notamment en hiver, et de garantir un approvisionnement suffisant pour le pays, afin de ne plus être autant dépendant de ses voisins.

Pour ce faire, la nouvelle loi facilite notamment la construction de grandes installations hydrauliques, solaires et éoliennes. L’intérêt national de leur établissement primera sur la protection de la nature.

Large consensus

Cette réforme a été soutenue au Parlement par tous les principaux partis, à savoir l’UDC, le PLR, Le Centre, le PEV, les Vert’libéraux, le PS et les Vert-e-s. L’UDC est toutefois revenue sur sa position et s’est prononcée contre le texte par la suite, considérant que «la Suisse n’est pas un pays pour l’énergie éolienne», selon son président Marcel Dettling.

Lors des derniers sondages, seules les personnes proches du parti de droite conservatrice ont déclaré s’opposer à la nouvelle loi.

Des organisations de protection de la nature divisées

Également opposée à un projet dont elle estime qu’il «sacrifie le paysage et la nature sur l’autel du climat et par peur d’un éventuel ‘black-out’», la fondation Franz Weber avait lancé les hostilités et, aidée de plusieurs petites associations de protection de la nature, avait fait aboutir le référendum.

Dans le même temps, plusieurs autres organisations environnementales ont activement participé à la campagne pour le «oui», notamment le WWF, Pro Natura ou BirdLife. Pour ces dernières, la loi sur l’électricité est une étape importante sur la route qui mène vers la sortie des énergies fossiles.

Une campagne à gros budget

Pour atteindre leur objectif, les soutiens à la loi sur l’électricité n’ont pas lésiné sur les moyens. Ils ont annoncé un budget de campagne de 4,1 millions de francs, contre 1,3 million pour les opposantes et opposants.

Les sommes les plus importantes ont été versées par l’Alliance pour un approvisionnement en électricité sûr (environ deux millions) et la Fondation suisse de l’énergie (1,7 million).

Du côté des référendaires, la Fondation Franz Weber a investi 500’000 francs, et l’Union pour la nature et le paysage environ 297’000 francs. L’UDC a également soutenu la campagne pour le «non» à hauteur de 500’000 francs.

Vers un retour en grâce de l’énergie nucléaire?

Même si elle n’est pas mentionnée dans la nouvelle loi, l’énergie nucléaire figurait en toile de fond de la campagne. Car aux yeux des promoteurs de l’atome, la transition énergétique ne pourra pas se faire avec la seule aide des énergies solaire et éolienne.

À droite de l’échiquier politique, le mouvement pro-nucléaire reprend de la vigueur. Une coalisation emmenée par des représentants de l’UDC, du PLR et du Centre a déposé au mois de février une initiative populaire qui demande que la Constitution fédérale soit modifiée de telle manière que «toute forme de production d’électricité respectueuse du climat [soit] autorisée». Pour rappel, le gouvernement suisse avait décidé, en 2011, de sortir progressivement du nucléaire après la catastrophe de Fukushima, au Japon.

Par ailleurs, la loi sur l’électricité ne mettra sans doute pas fin à l’opposition aux éoliennes, même si les autorités auront désormais plus de pouvoir pour les imposer. Toutefois, la majeure partie de la transition énergétique devrait passer par le développement de l’énergie solaire sur les toits, les façades et les parkings. «C’est la transition énergétique la plus rapide possible», selon la conseillère nationale socialiste Martina Munz.