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France – pays de Galles : Zéro point encaissé, Alldritt monstrueux, discipline… La défense élevée au rang d’art

Au Stade de France,

Warren Gatland a encore quelques cheveux blancs sur le caillou. Mais, au rythme où vont les choses, on ne donne pas cher de la chevelure du sélectionneur du pays de Galles dans les prochaines, surtout s’il enchaîne une deuxième défaite d’affilée la semaine prochaine face à l’Italie. Remarquez, il ne s’agirait « que » du quatorzième revers consécutif du pays de Galles, incapable de gagner depuis des lustres. La défaite du XV du Poireau, vendredi soir, au Stade de France est donc loin d’être une surprise.

On s’attendait à un festival offensif des Bleus, on l’a eu, notamment en première période, conclue par quatre essais, dont deux doublés pour Louis Bielle-Biarrey et Théo Attissogbe. On imaginait donc que l’objectif du second acte serait de reproduire une telle performance, voire faire mieux. Pas totalement, comme le raconte le centre toulousain Pierre-Louis Barassi :

« L’objectif avant le match de ne pas prendre d’essais, et le moins de points possible, a expliqué Pierre-Louis Barassi en zone mixte. À la mi-temps, comme on avait pris zéro point, l’objectif, c’était le même, c’était de ne pas prendre un point, de ne pas prendre un essai. Ça a été un peu plus compliqué en fin de match de tenir ce score de zéro point encaissé puisqu’on était à un de moins, mais on s’en est plutôt bien sorti. »

Seulement trois pénalités

Plutôt très bien, même. Car, le XV de France n’a pas encaissé un seul point durant cette rencontre. Sept essais à rien (43-0). Les Gallois n’ont même pas tenté une pénalité ou un drop histoire de repartir pour Cardiff avec des valises un poil moins chargées. C’est la première fois depuis 1998 que les Bleus n’encaissent aucun point (51-0). C’était déjà face au XV du Poireau et les coéquipiers de Fabien Galthié, qui était entré en jeu à l’époque à la mêlée, avaient réussi à faire le Grand Chelem dans un Tournoi qui ne comportait alors que cinq nations.

On est encore loin du Grand Chelem, vingt-sept ans plus tard, mais la défense française a été encore magistrale, comme sur l’une des dernières actions du match où en infériorité numérique, après l’expulsion de Romain Ntamack, les Bleus ont réussi à contenir les assauts gallois, gardant le porteur du ballon debout pour coffrer la gonfle et récupérer un renvoi d’en-but. « On n’a pas eu envie de prendre de points, on n’a pas lâché et on a essayé de défendre notre ligne le mieux possible », a sobrement commenté Julien marchand.

Fabien Galthié était un peu plus affable pour évaluer la performance défensive des siens : « La prestation est parfaite. Quand vous prenez 0 point aujourd’hui dans ce rugby… Surtout qu’on était à 50-50 en possession. Des fois, on peut être puni aussi sur ses propres possessions. Et ça, c’est vraiment un signe de justesse. Dans l’équilibre défense-attaque, l’attaque peut trop jouer et pénaliser la défense. L’équipe a été juste dans ses positions défensives, juste dans la variation sur un plan offensif, ce qui ne nous a pas surexposés défensivement, juste en matière de discipline. »

« Le gros boulot des avants »

Les Bleus n’ont été pénalisés qu’à trois reprises sur l’ensemble du match (zéro en première période), quand la moyenne est autour d’une petite dizaine habituellement. « On a été bien disciplinés, c’est un point positif, il faut garder ça », se satisfaisait Pierre-Louis Barassi. Avec 15 et 17 placages, le centre toulousain et son compère de l’Union Bordeaux-Bègles, Yoram Moefana, ont été omniprésents pour dézinguer tout Gallois qui tentait de s’approcher un peu trop de la ligne d’avantage.

« Ça a chauffé, c’est une équipe qui déplace pas mal le ballon quand même, du coup, ils venaient souvent attaquer la zone du centre du terrain. Mais aussi, il faut souligner le travail des avants, ils ont bien circulé. C’est ça aussi qui nous permet d’avoir des plaquages à faire et d’être dans des bonnes conditions, et de ne pas prendre de points aussi. C’est un gros boulot des avants. Je pense qu’aujourd’hui, tout le monde en défense a fait son travail. »

Tout le monde, mais Grégory Alldritt encore plus que les autres. Sur courant alternatif ces derniers mois, et même hors du groupe pour le match face à l’Argentine cet automne, le troisième ligne rochelais a été omniprésent défensivement. C’est ainsi lui, dans le seul temps fort gallois en début de match qui est venu stopper une offensive en mettant ses mains dans le cambouis, avant de plaquer à tour de bras (19). Il s’est même permis une petite sucrerie en fin de match avec un essai à la sirène.

« L’équipe a fait preuve de beaucoup de solidarité et c’est une chose très importante, estimait Julien Marchand. Après, il faut quand même rester mesuré pour la suite, il reste encore quatre gros matchs, plus ça va aller, plus ça va se resserrer, donc si on arrive à maintenir cette défense, ce sera très bien pour nous. » Pas sûr qu’on arrive à garder le compteur à zéro à Twickenham ou à l’Aviva Stadium, mais les bases sont solides. Bon courage aux adversaires.