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France – pays de Galles : Pour défendre le soldat Romain Ntamack, les Bleus ont sorti leurs plus belles robes d’avocats

Au Stade de France,

On ne pensait pas ça possible à 1 °C, mais le Stade de France a pris un coup de clim monstrueux à la 71e minute de jeu de France-pays de Galles. Jusqu’alors, tout se passait bien : les Bleus menaient leur petite entreprise de démolition d’un XV du Poireau pas bien sorti de terre, Antoine Dupont montrait ce pour quoi il était le meilleur joueur du monde, le public reprenait en chœur « Dans les yeux d’Emilie », et puis le coup de froid. Glacial, polaire même.

Et il n’a pas fallu bien longtemps pour comprendre d’où venait le courant d’air. Sous les yeux de l’arbitre Paul Williams, dont l’oreillette s’était mise en branle, les écrans géants ont passé et repassé cette action a priori anodine de Romain Ntamack sur son homologue gallois Ben Thomas. Après un coup de pied à suivre, ce dernier se prend un méchant coup d’épaule en plein dans le carafon. Carton jaune, bunker pour que, quelques minutes plus tard, la biscotte se transforme en carton rouge.

Si cette expulsion du demi d’ouverture du Stade Toulousain n’a eu aucune incidence sur la fin de la rencontre, elle devrait contraindre Fabien Galthié à revoir ses plans pour le prochain match des Bleus, face à l’Angleterre, à Twickenham, dans une semaine. Au moins. Car le fils d’Emile pourrait être sanctionné de plusieurs semaines de suspension par les organisateurs du VI Nations, qui devraient se réunir mardi ou mercredi pour délibérer.

Ntamack « ne s’engage pas dans la collision »

En attendant la sanction, toute l’équipe de France s’est transformée, quelques minutes après la fin du match, en avocat spécialiste des coups d’épaule dans la tête. Maître Galthié est ainsi passé le premier à la barre. S’il n’a pas disculpé son client, qui reconnaît sa faute, il a tenu à expliquer les circonstances du délit :

« La décision est juste par rapport aux règles, elles sont très claires, a rappelé le conseil d’un soir. Ce qu’on ressent en direct et après quand on voit les images, c’est que Romain est surpris par le changement de direction du n°10. Lui est en repli, c’est un jeu au pied, il pense qu’il va partir vers la gauche. En fait, il fait crochet intérieur. Et il est surpris aussi parce qu’il s’engage et il fait une chasse au pied. On a le sentiment qu’il arrête, qu’il ne s’engage pas dans la collision. Mais il y a un contact à la tête, on est d’accord. C’est plus, on va dire, un fait de jeu qui le surprend. »

Autre élément mis en avant par Maître Barassi, qui connaît bien son client pour le fréquenter au Stade Toulousain, le fait que la victime se baisse au moment de son coup de pied, accompagnée dans sa chute par un plaquage de Nolann Le Garrec : « Malheureusement, il se retrouve dans une position défavorable. Romain met l’épaule directement, mais je pense qu’il y a quand même des circonstances atténuantes. »

Quels matchs manquera Ntamack ?

Alors, devant la cour, les avocats de Romain Ntamack vont insister sur tous ces points. Comme sur le casier vierge du suspect soit vierge. « C’est un geste qui ne lui ressemble pas, ajoute Maître Galthié. Et on va plaider pas mal d’éléments qui peuvent ramener cette action à un fait de jeu involontaire et contrôlé aussi, parce que c’est important le fait qu’il ne s’engage pas sur la collision. Il a des facteurs atténuants qu’il faudra qu’on soit en capacité de faire valoir. »

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Et espérer que cela se termine comme Yoram Moefana. Le 20 octobre, le centre de l’UBB avait été expulsé pour un contact à la tête. S’il avait été suspendu, en première instance, pendant six semaines, il avait reçu une remise de peine importante grâce à plusieurs éléments, les mêmes qui pourraient être plaidés dans l’affaire Ntamack : reconnaissance de culpabilité, casier disciplinaire vierge, bonne conduite et stage de sensibilisation sur le plaquage.

« Romain est le premier peiné sur cette action, on espère qu’il ne va pas trop ramasser, témoignait Maître Marchand. On espère qu’il n’aura pas trop de semaines. » Une semaine de suspension, et le match face à l’Angleterre lui passerait sous le nez. Trois, et il dirait adieu au voyage en Italie. Un peu plus et sa fin de Tournoi serait compromise : le déplacement en Irlande se fait dans cinq semaines, sept jours avant le dernier match face à l’Ecosse au Stade de France.

Ramos en pôle pour le remplacer

Autant dire que l’ouvreur toulousain n’est pas sorti des ronces. Et les Bleus non plus. Car une longue suspension obligerait le staff de Fabien Galthié à revoir ses plans. Pour la première fois depuis 538 jours, il avait pu aligner sa charnière préférée (Dupont-Ntamack). Un assemblage qui a la confiance absolue de l’état-major des Bleus malgré les pépins physiques de l’ouvreur, qui s’était rompu le ligament croisé du genou gauche, ratant notamment le Mondial 2023. Il avait également loupé la tournée de novembre à cause d’une autre blessure, ce qui avait entraîné le repositionnement, avec succès, de Thomas Ramos à l’ouverture.

Cela avait alors permis l’éclosion de Romain Buros à l’arrière face à la Nouvelle-Zélande. Mais le joueur de l’UBB s’est blessé et ne pourra pas postuler pour le match à Londres. Alors, pourrait-on revoir Matthieu Jalibert avec le maillot bleu ? Mis de côté par Fabien Galthié ces dernières semaines, même s’il fait toujours partie du groupe France, l’ouvreur bordelais a une (petite) chance à jouer. « On s’est rendu compte qu’il faut aussi se préparer à l’imprévu et donc on a des joueurs qui sont prêts à tenir la barre », expliquait Fabien Galthié avant le match face aux Gallois.

« Il y a d’autres très bons joueurs aussi dans l’équipe, dans les 42 et en France, donc on ne se fait pas trop de soucis sur ce poste, tentait de relativiser tant bien que mal Julien Marchand. Même si pour Romain bien évidemment que c’est notre pote et ça nous fait toujours chier quand on laisse un gars. » Les avocats font de leur mieux. Dans le pire des cas, il faudra envisager une reconversion.