Maroc

Taux directeur : le marché anticipe une baisse

Bank Al-Maghrib tient demain mardi son troisième conseil d’administration pour l’année en cours. Une réunion très attendue puisque la banque centrale va annoncer sa décision concernant le taux directeur avec une première baisse lors du dernier conseil il y a trois mois. Eclairages.

A quelques heures de la tenue du conseil d’administration de la rentrée pour la banque centrale, les pronostics vont bon train au sujet du taux directeur. Dans ce sens, le marché semble déjà anticiper une baisse de ce taux. C’est le cas pour Attijari Global Research. Ce dernier indique, dans son récent «Research report strategy», que les investisseurs financiers prévoient une baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib (BAM) de 25 points de base (pbs) à l’issue de la réunion du conseil de la banque centrale prévue le 24 septembre. «Lors de notre enquête du mois de septembre, nous avons recensé les anticipations des investisseurs financiers quant à l’évolution du taux directeur de BAM en marge de sa 3ème réunion de politique monétaire qui aura lieu le 24 septembre 2024. Pour rappel, ce sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 35 investisseurs considérés parmi les plus influents du marché financier marocain. Au terme de cet exercice, force est de constater un consensus des investisseurs financiers en faveur d’une baisse du taux directeur de 25 pbs», fait savoir AGR dans ce rapport. Et de préciser que la probabilité d’une baisse de 25 pbs du taux directeur est de 83% contre 8% pour une baisse de 50 Pbj, tandis que la probabilité d’un statuquo du taux directeur est de 9%. À l’analyse des réponses obtenues par les quatre principales catégories d’investisseurs (institutionnels locaux, les acteurs de référence, les personnes physiques et les étrangers), AGR relève que la part des institutionnels anticipant cette baisse ressort à 85%, celles des acteurs de référence à 67% et celle des personnes physiques à 86%, tandis que les investisseurs étrangers sont unanimes quant au scénario d’une baisse du taux directeur de 25 pbs.

Fitch
Pour rappel, Fitch solutions avait créé l’évènement il y a quelques semaines en publiant ses prévisions au sujet de la baisse du taux directeur au Maroc. «Nous prévoyons que les autorités monétaires d’Algérie, d’Égypte et de Tunisie maintiendront leurs taux directeurs au second semestre 2024, l’inflation restant élevée. Le Maroc s’écartera de la tendance régionale en réduisant son taux directeur de 50 pb (points de base)», avait annoncé Fitch. «En 2025, une inflation plus faible et des facteurs spécifiques à chaque pays encourageront la Banque centrale d’Égypte (CBE) et Bank Al-Maghrib (BAM) à réduire leurs taux directeurs, tandis qu’une inflation supérieure à la moyenne en Algérie et en Tunisie incitera les autorités à maintenir la politique monétaire inchangée l’année prochaine», a poursuivi la même source. Cette dernière a justifié ces prévisions par la volonté du pays de stimuler l’emploi et la croissance au cours des prochains mois et années, tout en agissant sur les coûts des emprunts étatiques, sans oublier la convergence avec les tendances chez les principales banques centrales dans le monde, à savoir la Banque Centrale Européenne (BCE) et la Réserve Fédérale Américaine. Pour rappel, le Conseil de Bank Al-Maghrib avait tenu le mardi 25 juin sa deuxième réunion trimestrielle de l’année 2024. La banque centrale avait ainsi décidé de réduire son taux directeur. Alors que le marché anticipait un statu quo, le conseil d’administration de Bank Al-Maghrib (BAM) a annoncé sa décision de réduire le taux. «Après avoir maintenu le taux directeur inchangé pendant quatre réunions consécutives, il a décidé de le réduire de 25 points de base, à 2,75%», a indiqué BAM dans un communiqué à l’issue de sa réunion. Cette décision est expliquée par les projections de la Banque centrale concernant l’inflation. La décision du Conseil de Bank Al-Maghrib de réduire le taux directeur à 2,75% avait pris effet à partir du 27 juin 2024. Au cours de cette même réunion, le Conseil avait confirmé sa volonté de continuer à suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et de l’inflation tant au niveau national qu’à l’étranger.

PLF
Il faut préciser que le conseil de BAM arrive à un moment où les préparatifs pour le prochain budget sont lancés. La croissance de l’économie nationale devrait s’établir à 4,6% en 2025, selon le rapport d’exécution budgétaire et de cadrage macroéconomique triennal accompagnant le projet de loi de Finances (PLF) de l’année prochaine. «Cette hausse notable est principalement attribuable à un rebond substantiel de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne. Simultanément, la valeur ajoutée non agricole devrait maintenir un rythme de croissance similaire à celui prévu en 2024», précise ce rapport publié sur le site du ministère de l’Economie et des finances. Les secteurs secondaire et tertiaire devraient consolider leurs performances, avec des taux de croissance respectifs de 2,9% et 4,1% en 2025, ajoute la même source. Ledit rapport fait savoir que les prévisions pour l’année prochaine reposent sur un ensemble d’hypothèses relatives à l’environnement national et international. Concernant l’environnement international, il s’agit d’une croissance de la demande étrangère adressée au Maroc de 3,2%, d’un cours moyen de baril de Brent à 80 dollars, de taux de change euro/dollar de 1,085, euro/dirham de 10,77 et dollar/dirham de 9,8 en 2025. Dans le contexte national, une campagne nationale agricole estimée à 70 millions de quintaux (Mqx) devrait entraîner un rebond dans le secteur agricole, avec une croissance de la valeur projetée à 11%. Parallèlement, la valeur ajoutée non agricole devrait poursuivre son expansion à un rythme similaire à celui de l’année précédente, avec un taux de croissance de 3,7% en 2025. D’après le même rapport, les exportations connaîtraient une légère décélération, en raison d’un retour à la moyenne, et devraient croître de 7,1% en 2025, tandis que les importations progresseraient de 6,8%. Du côté de la demande nationale, la croissance serait principalement tirée par les exportations, qui devraient contribuer de 3 points de pourcentage. Cependant, cette contribution positive sera contrebalancée par la croissance des importations, dont l’effet négatif se chiffrerait à -3,8 points de pourcentage. Ainsi, la contribution des échanges extérieurs à la croissance du produit intérieur brut (PIB) est estimée à -0,8 point de pourcentage.

C’est le titre de la boite

Tendance à l’international
USA. La Réserve Fédérale Américaine (Fed) a décidé mercredi dernier de réduire de 50 points de base ses taux directeurs, dans un signal de la baisse de l’inflation et une volonté de stimuler l’économie. La baisse, qui intervient à l’issue de la réunion du comité de politique monétaire de la Fed, est une première depuis 2020. Elle intervient après une hausse historique des taux entamée en 2022 pour lutter contre la flambée des prix. Pour les analystes, cette réduction importante du coût d’emprunt est un signal clair de la part de la banque centrale des Etats-Unis que la bataille contre l’inflation galopante a été gagnée. Avec cette réduction, les taux directeurs se situent à environ 4,9 %, contre un plus haut de plus de deux décennies. Les responsables de la Fed prévoient désormais une croissance économique très stable, ajustée à l’inflation, de 2 % cette année, ainsi que l’année prochaine.» Le comité a acquis une plus grande confiance dans le fait que l’inflation évolue durablement vers 2% et estime que les risques pour atteindre ses objectifs en matière d’emplois et d’inflation sont à peu près équilibrés», indique la Fed dans son communiqué de politique monétaire. La baisse des taux reflète à la fois «les progrès réalisés en matière d’inflation et l’équilibre des risques», ajoute la même source. L’anticipation d’une baisse des taux a boosté Wall Street à l’approche de la réunion de cette semaine, l’indice Dow Jones Industrial Average ayant atteint un nouveau record lundi. Le rendement des bons du Trésor à 10 ans s’établissait à 3,64 % mardi, en légère hausse par rapport à son plus bas niveau sur 52 semaines enregistré lundi.