Maroc

Les étudiants en médecine dentaire de Casablanca dénoncent leurs conditions de formation

La tension monte au sein de la Faculté de médecine de Casablanca. Depuis lundi dernier, les étudiants en médecinedentaire sont en grève pour une durée de 15 jours, suspendant ainsi les soins hospitaliers. Mercredi, ils ont également organisé un sit-in dans le hall du Centre de soins dentaires affilié à la Faculté. Leur mobilisation vise à jeter la lumière sur les «conditions de travail de plus en plus précaires, le manque criant de matériel et la dégradation des infrastructures», compromettant aussi bien leur formation que la qualité des soins prodigués aux patients.

Facultés de médecine : les «promesses non tenues» font de nouveau monter la tension

Des équipements vétustes et un manque criant de matériel

Ainsi, les étudiants s’élèvent contre la détérioration des équipements du centre et la dégradation des conditions de travail, notamment l’absence des «traitements» nécessaires pour soigner les patients. «Les fauteuils électriques de soin sont dans un état déplorable, la plupart sont cassées. Mais le problème ne s’arrête pas là. Leur nombre est trop limité par rapport au nombre d’étudiants et de patients, obligeant ces derniers à attendre de longs mois avant d’obtenir un rendez-vous. Certains cas nécessitent pourtant une intervention urgente, et ce retard ne fait qu’aggraver leur état de santé. Ce qui fait que leur cas nécessite un soin encore plus invasif», explique Mouad Chadli, étudiant en médecine dentaire.

Outre les équipements défectueux, l’absence de certains matériaux de base alimente également la colère des étudiants. Parmi ces éléments essentiels figurent la résine, indispensable à la pose de prothèses dentaires, et les composites, utilisés pour restaurer la structure dentaire. «Imaginez un Centre de soins dentaires où un dentiste ne dispose pas de composite ! C’est aussi absurde qu’inacceptable. Nous nous retrouvons dans des situations aberrantes, contraints de reporter des interventions urgentes faute de matériaux. Certains patients attendent depuis plus de six mois la pose de leur prothèse, car le centre est en rupture de résine. Face à cette situation, il arrive que des étudiants achètent eux-mêmes le matériel pour pouvoir travailler. C’est catastrophique !» s’indigne un étudiant.

Des traitements périmés, un danger pour les patients

Mais ce n’est pas tout. Les étudiants alertent également sur la mise à disposition de traitements périmés, une situation qui met directement en danger la santé des patients. «Aujourd’hui, une partie des traitements disponibles au centre est périmée. Notre déontologie nous interdit de les utiliser. Même les gants que nous employons ne sont pas adaptés et ont déjà causé des allergies à plusieurs étudiants», souligne Ilyass Bakhabrine, représentant des étudiants en médecine dentaire de Casablanca.

Des revendications légitimes et une administration silencieuse

Pour les étudiants, cette grève est l’ultime recours après plusieurs réunions infructueuses avec l’administration de la Faculté. Parmi leurs revendications, les futurs dentistes exigent l’acquisition de chaises de soins en nombre suffisant, la rénovation du matériel et la mise à disposition des matériaux et traitements nécessaires. «Nos demandes sont légitimes. Nous ne réclamons rien d’extraordinaires, seulement du matériel adéquat et de bonne qualité, afin d’assurer la sécurité des patients et des praticiens», affirme le représentant des étudiants. Bien qu’ouverts au dialogue, les étudiants se disent prêts à durcir leur mouvement si leurs revendications continuent d’être ignorées. Ils tiennent également les autorités concernées pour pleinement responsables de la situation actuelle.

Des tensions accrues par le retard des indemnités et bourses

Cette contestation s’inscrit dans un climat général de tensions au sein des Facultés de médecine, exacerbées par le retard dans le versement des indemnités des stages hospitaliers. «Aujourd’hui (jeudi), certains étudiants ont perçu l’intégralité de leurs indemnités de l’année dernière, soit 5.040 dirhams, tandis que d’autres n’ont reçu qu’une tranche de 3.780 dirhams, correspondant à six mois de stage. Quant aux indemnités de cette année, elles n’ont toujours pas été versées, alors que nous sommes déjà en mars», explique une étudiante membre de la Commission nationale, souhaitant garder l’anonymat. Un autre point de discorde concerne le montant des indemnités, fixé à 1.200 dirhams pour les étudiants des troisième, quatrième et cinquième années, et à 2.400 dirhams pour ceux en sixième et septième années, en attendant la publication des textes relatifs à la réforme. «Le ministère de l’Enseignement supérieur promet de verser la différence sous forme de rappel, mais nous n’avons aucune garantie», ajoute-t-elle.

La réforme du secteur compromise

Enfin, la Commission nationale dénonce également les retards inexpliqués dans le versement de la bourse universitaire «Minhati», particulièrement les étudiants de la Faculté de médecine de Casablanca, ce qui constitue une réelle source d’inquiétude pour eux. Ils appellent les autorités à intervenir au plus vite afin d’éviter une escalade des tensions au sein de leur faculté. Cet énième mouvement de protestation met en lumière une crise profonde qui dépasse le simple cadre de la Faculté de médecine de Casablanca et qui reflète un malaise plus général dans le système d’enseignement médical. Des solutions doivent être trouvées dans les meilleurs délais au risque de compromettre le chantier de la réforme du secteur de la santé dont les médecins sont un des piliers essentiels.