Bank Al-Maghrib ne change pas son taux directeur.
Le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 2,25% lors de sa réunion trimestrielle du 23 septembre 2025 à Rabat. Bank Al-Maghrib s’attend à une croissance économique de 4,6% en 2025, après une augmentation de 3,8% en 2024.
Le Conseil de Bank Al-Maghrib a choisi de faire preuve de prudence en maintenant son taux directeur à 2,25%, en raison des incertitudes persistantes concernant les perspectives économiques. « Le Conseil a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 2,25%, tout en poursuivant le renforcement des mesures visant l’assouplissement des conditions de financement des entreprises, notamment les TPE », a déclaré la Banque centrale suite à sa troisième réunion trimestrielle de 2025.
Cette décision s’aligne sur les anticipations des investisseurs financiers interrogés par Attijari Global Research (AGR), dont plus de la moitié (51%) s’attendait récemment à un statu quo. En effet, un sondage auprès de 45 acteurs influents du marché financier a montré un consensus mitigé, mais légèrement en faveur du maintien de la stabilité du taux directeur. Cela a été rapporté par la MAP, citant le « Research Report – Strategy » de la filiale d’Attijariwafa bank spécialisée dans l’analyse des marchés financiers africains.
Un autre sondage de BMCE Capital Global Research (BKGR) confirme cette tendance : « Si le sondage des investisseurs reste très partagé, nous privilégions, pour notre part, le maintien du statu quo pour notre scénario central avec une perspective baissière d’ici fin 2025 », a indiqué BKGR dans un « Flash Strategy ».
Dans son communiqué, le Conseil a précisé qu’il continuerait de surveiller attentivement l’évolution de la conjoncture et de fonder ses décisions sur les données les plus récentes, réunion par réunion.
Concernant la croissance économique, lors de cette session tenue le mardi 23 septembre à Rabat, Bank Al-Maghrib a anticipé une accélération de 3,8% en 2024 à 4,6% cette année, suivie d’une consolidation à 4,4% en 2026. D’après les projections, la valeur ajoutée agricole devrait augmenter de 5% cette année, avec une récolte céréalière prévue de 41,3 millions de quintaux (MQx), puis de 3,2% en 2026 sous l’hypothèse d’une production de 50MQx.
Pour les secteurs non agricoles, grâce à une dynamique d’investissement soutenue dans les infrastructures, BAM prévoit une croissance de 4,5% en 2025 et en 2026.
La Banque centrale a également évoqué les comptes extérieurs : la dynamique des échanges devrait se poursuivre à moyen terme, avec un impact limité des récentes mesures tarifaires américaines. Elle prévoit une augmentation de 6,2% des exportations de biens en 2025, suivie de 9,4% en 2026, et une hausse des importations de 7,4% en 2025 (7,1% en 2026).
Les recettes de voyages continueront de progresser, avec une augmentation prévue de 11,3% cette année et de 4,8% l’année suivante, atteignant 131,2 milliards. Les transferts des MRE devraient rester stables cette année, avec une augmentation de 4,8% en 2026 atteignant 125,5 milliards. Dans ce contexte, le déficit du compte courant devrait se maintenir à 2,3% du PIB en 2025 et à 2% en 2026, après 1,2% en 2024.
Concernant les investissements directs étrangers (IDE), BAM estime que les recettes devraient atteindre 3,3% du PIB en 2025 et 3,5% en 2026. « En tenant compte des financements extérieurs prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve de Bank Al-Maghrib continueront de se renforcer, atteignant 418 milliards de dirhams à fin 2025 et 434,5 milliards à fin 2026, des niveaux correspondant à 5 mois et demi d’importations de biens et services », a estimé la Banque centrale.
En ce qui concerne les conditions monétaires, le déficit de liquidité devrait se réduire à 115,3 milliards de dirhams à fin 2025, mais se creuserait à nouveau à 133 milliards en 2026, en raison de l’augmentation de la circulation fiduciaire.
Enfin, sur le plan des finances publiques, « les projections de Bank Al-Maghrib indiquent un déficit budgétaire, hors produit de cession des participations de l’État, stable à 3,9% du PIB cette année et en diminution à 3,4% en 2026 ».
**Alain Bouithy**

