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Accord FMI-Egypte: le scénario qui hante la Tunisie – Actualités Tunisie Focus

Comme la Tunisie, l’Egypte était en discussions et tractations difficiles avec le FMI, depuis 2 ans. Comme la Tunisie, durant ces tractations, l’Egypte a changé le gouverneur de sa Banque centrale et son ministre de l’Economie (soit les négociateurs). Comme la Tunisie, l’Egypte a vu voler en éclat sa transition démocratique, en s’engageant dans un endettement toxique et insoutenable. Et ce n’est pas fini…

Ce qui a changé , l’Egypte vient de conclure enfin un accord avec le FMI, avec à la clef un effondrement de la livre égyptienne, chute de 40% en un jour, une hausse du taux d’intérêt de 6% le même jour et un plongeon du pouvoir d’achat, comme si les Égyptiens ne sont pas déjà assez pauvres et assez humiliés.

Un traitement de choc

Voici ce qui peut attendre la Tunisie, si rien n’est fait pour relancer l’économie par le travail, pour booster la productivité, par une mobilisation nationale, et pas par les simples gesticulations idéologiques des politiciens et les discours naïfs de ces médias gavés par l’argent douteux des groupes de pressions.

Hier, L’Égypte a conclu un accord avec le Fonds monétaire international pour un prêt de 8 milliards de dollars (6%), quelques heures après avoir lâcher sa monnaie en faveur d’un flottement incertain au gré des spéculations du marché international.

Avant d’augmenter les taux d’intérêt de 6% d’un coup, dans une tentative surprise pour gagner des investisseurs étrangers alors que son économie est sous la pression de la guerre à Gaza, et alors que l’Etat est quasiment dans l’impasse budgétaire.

La livre égyptienne a perdu environ 38 % de sa valeur par rapport au dollar américain après l’annonce de de la décision faisant flotter la livre, malgré l’augmentation des taux d’intérêt directeur par la Banque centrale d’Égypte. La livre s’est négociée à 49 livres à un dollar américain, contre environ 30 la veille.

Impacts sociaux incalculables

C’est catastrophique pour le pouvoir d’achat, tous les produits importés verront leur prix exploser d’au moins 40% (médicaments, aliments, technologies, essence, voitures, etc.).

Les franges déshéritées n’auront plus les moyens d’éduquer leurs enfants, ni leur procurer une alimentation équilibrée, nous indiquait un Égyptien résidant au Canada. Il ajoute « avec telle valorisation de la lire, la classe moyenne est condamnée à disparaître, et ce qui construit les nations et leur prospérité c’est la classe moyenne… »

L’accord marque une étape substantielle par rapport au prêt de 3 milliards de dollars dont le FMI avait précédemment discuté avec le Caire, signalant la volonté de l’organisation d’aider à soutenir l’économie du pays.

Pour une poignée de dollars

L’offre du FMI est passée de 3 milliards à 8 milliards de $ comme si le FMI envoyait un message subliminal à la Tunisie qui, elle aussi n’aura pas d’autres moyens que de s’entendre avec le FMI pour sortir de sa solitude et éviter la banqueroute.

L’annonce de l’effondrement de la livre égyptienne et les hausses successifs des taux d’interêt directeur faisaient partie d’un effort plus large des autorités pour satisfaire les exigences du FMI et pour espérer pouvoir attirer des capitaux étrangers dans un contexte de déclin de la confiance des investisseurs et pour stabiliser une économie intérieure en grave difficulté alors que la guerre à Gaza pose des défis au gouvernement du Caire.

L’Égypte a joué un rôle majeur dans les négociations de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas et a cherché à empêcher une propagation plus large du conflit. Mais son économie en difficulté a subi de nouvelles pressions.

Les transactions cachées

La pression internationale s’attendait de l’Egypte l’accueil des 2 millions de Gazaouis, en contre partie des aides occidentales, à l’initiative des lobbyistes sionistes de tous les pays et institutions du Bretton Woods.

Alourdie par l’un des niveaux de dette extérieure les plus élevés au monde, l’Égypte a fait face à un défaut potentiel si elle ne commençait pas à procéder à des réformes financières qui attireraient les investisseurs et satisferaient ses bienfaiteurs internationaux.

La guerre a suscité des tensions diplomatiques et politiques à travers le Moyen-Orient et son impact économique a été ressenti en Europe et, dans une moindre mesure, aux États-Unis et en Asie.

L’économie israélienne a fortement diminué à la fin de l’année dernière, les consommateurs ayant réduit leurs dépenses en réaction à l’incertitude. Le conflit a perturbé les flux commerciaux et brièvement fermé les lignes de production jusqu’à l’Allemagne.

Lorsque les forces houthis du Yémen ont commencé à cibler les navires de la mer Rouge dans ce qu’elles disent être une réponse à la guerre d’Israël à Gaza, de nombreux opérateurs maritimes ont réacheminé leurs navires, évitant le canal de Suez et réduisant les recettes de l’Égypte provenant des frais de transit. Les autorités égyptiennes sont également confrontées à un afflux potentiel de dizaines de milliers de Palestiniens essayant de fuir les combats entre Israël et le Hamas.

Sauver le soldat Al Sissi

Le président Abdel Fattah Al Sissi, qui a été réélu pour un troisième mandat présidentiel en décembre, a laissé la livre chuter de façon spectaculaire alors qu’il cherchait à stabiliser les prix et à garder la dissidence politique sous contrôle, ont déclaré les analystes.

Avant l’accord du mercredi, la livre a perdu environ la moitié de sa valeur depuis mars 2022, poussant l’inflation à des niveaux stupéfiants et envoyant de nombreuses familles égyptiennes dans la pauvreté.

Les autorités égyptiennes, cependant, étaient sous pression pour laisser la monnaie flotter librement, afin de rétablir dit-on la confiance des investisseurs.

Les fonds vautours

Les voisins plus riches du golfe de l’Égypte, qui avaient renforcé les finances de l’Égypte, ont été réticents l’année dernière à injecter plus de capitaux dans le pays sans être rassurés sur la façon dont la livre égyptienne se négocierait. Les pays du Golfe profitent de l’aubaine, du contexte pour acquérir des territoires et des actifs prestigieux en Égypte à des prix bradés, cassés, presque pour rien.

Les fonds vautours des pays du Golfe et d’ailleurs vont se faire des affaires d’or en mettant la main sur des sociétés d´Etat et des actifs à 15-20% de leur valeur réelle, d’il y a 6 à 7 mois,

Les discussions du FMI avec l’Égypte au sujet d’un prêt durent depuis des mois, les responsables ayant fait pression pour que le Caire laisse sa monnaie flotter librement sur les marchés, et rouvrir la porte à la privation de large pans de l’économie du secteur public.

Avec la monnaie toujours sous pression et la négociation beaucoup plus basse sur le marché noir, les investisseurs s’attendaient depuis des mois à ce que la banque centrale permette une autre forte dévaluation. Pourtant, l’annonce d’un flottement complet et immédiat – et son calendrier mercredi – a été une surprise.

À court terme, la forte baisse du taux de change de la livre égyptienne pourrait exacerber l’inflation en rendant les importations plus chères, ce qui entraîne plus de difficultés pour la plupart des Égyptiens, bien que de nombreuses entreprises aient pris en compte la décision. L’inflation a baissé à 29,8 % en janvier, après avoir atteint environ 33,8 % en décembre.

La déroute était prévisible

De nombreux Égyptiens ont réduit la consommation de viande, les fruits et légumes…et certains ont blâmé les autorités pour des prix plus élevés.

« Quand le gouvernement fait flotter la livre, cela nous fait encore plus de mal », a déclaré Alaa El-Sabea, père de deux jeunes enfants au Caire qui a sauté des repas pour économiser de l’argent. « Le plus important est de s’assurer que mes enfants mangent. » « Nous sommes sacrifiés au profit du capital international…cela ne doit pas continuer ainsi… ».

En octobre, le FMI a accepté de prêter à l’Égypte 3 milliards de dollars, mais il a retardé les tranches entrantes au milieu de la poursuite des discussions sur les réformes.

La banque centrale égyptienne a déclaré que son seul objectif est de maîtriser l’inflation, qu’elle visera à maintenir dans une fourchette comprise entre 5 % et 9 %. Il a augmenté son taux de dépôt au jour le jour de 21,25 % à 27,25 %. « Qui pourra s’acheter une maison avec ces taux d’intérêt et qui peut s’endetter pour pallier aux divers imprévus de la vie…, c’est fini, on est ruiné » commente un Égyptien au micro de la radio Saout El Arab!

C’est un scénario cauchemardesque qui s’ouvre pour le peuple égyptien!

On verra si cela générera l’instabilité et les contestations qu’appréhendait le président Kais Saied quand plaidaient son opposition catégoriques aux réformes du FMI.

A se demander qu’est ce qui empêchera la Tunisie de converger ver ce même scénario hallucinant et terrible pour notre peuple qui vit déjà les pénuries et le rationnement!

Economics for Tunisia, E4T