Vente de SFR : 17 milliards ou 30 milliards pour l’opérateur au carré rouge ?
Les négociations entre Altice France et Bouygues, Orange et Free pour le rachat de SFR ont déjà commencé, avec un désaccord notamment sur la valorisation d’Altice France, évaluée à 21 milliards par certains et 28 milliards selon Altice et ses créanciers. Cette semaine, Orange, Bouygues et Free ont déposé une première offre de rachat de SFR pour 17 milliards d’euros, qui a été immédiatement rejetée.
Les négociations entre Altice France et les opérateurs Bouygues, Orange et Free concernant le rachat de SFR ont déjà débuté, mais des désaccords émergent. Un point de contention clé concerne la valorisation d’Altice France : certains l’estiment à 21 milliards d’euros, tandis qu’Altice et ses créanciers parlent de 28 milliards. Mais quelle est la valeur réelle ?
Cette semaine, Orange, Bouygues et Free ont soumis une première proposition pour racheter SFR, s’élevant à 17 milliards d’euros, qui a été immédiatement rejetée. En parallèle, les créanciers estiment les actifs d’Altice France à 28 milliards d’euros, alors que Patrick Drahi ambitionne de les élever à 30 milliards d’euros, déterminé à faire grimper les offres. Mais dans la réalité, qui a raison et comment se détermine la valeur d’un opérateur tel que SFR ?
Évaluer la valeur d’une entreprise n’est pas une science exacte ; il n’y a pas de réponse unique comme pour des calculs mathématiques basiques. Plusieurs éléments entrent en jeu, notamment la dette de l’entreprise. L’EBITDA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements) est un facteur crucial, tout comme le CAPEX (dépenses d’investissement) et le cash flow (flux de trésorerie).
Il existe différentes méthodes pour évaluer une entreprise, mais la formule la plus courante est la suivante : Valeur de l’entreprise = EBITDA (ou résultat d’exploitation) x multiple sectoriel.
Le multiple sectoriel est déterminant dans la valorisation d’une entreprise. En général, il se situe entre 3 et 8, mais il peut aussi varier de 0,5 à 15. Ce multiple est fixé en fonction de différents paramètres propres au secteur et à l’entreprise : potentiel de croissance, intensité de la concurrence, taille, rentabilité, régulation, innovations, etc.
Selon une source proche du dossier citée par Les Échos, l’offre des trois opérateurs valorise Altice France à 6,6 fois l’EBITDA estimé de 2025, qui s’élèverait alors à environ 3,2 milliards d’euros. Cette source souligne que « ce n’est pas une première offre. C’est l’offre. »
Habituellement, le multiple est entretenu entre 6 et 8 fois l’EBITDA, parfois même au-dessus, mais la valorisation sur le marché des télécoms français est plutôt à la limite inférieure, souvent en dessous de 6 pour certains acteurs. Cela s’explique par une concurrence intense qui fait pression sur les prix, un rythme de croissance qui plafonne, des investissements conséquents nécessaires pour l’évolution des infrastructures et un encadrement réglementaire complexe et long.
Des analystes estiment que considérer un multiple de 6,6 est généreux compte tenu de la situation actuelle du marché, de la dette considérable d’Altice France et de la perte d’abonnés ces dernières années.
Cependant, SFR conserve une base solide de près de 20 millions de clients. De plus, vendre SFR aux concurrents apporterait d’importants bénéfices pour eux, tant par l’acquisition de nouvelles infrastructures que par la consolidation qui pourrait revitaliser le marché. Ce sont des arguments que pourraient utiliser les créanciers pour argumenter en faveur d’un multiple plus élevé, donc d’une valorisation supérieure.

